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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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commis par les Tchèques à
Moravska-Ostrava.
    Le 10 septembre, Gœring prononça un discours belliqueux devant
le congrès de Nuremberg : « Un minuscule segment de l'Europe tient en alerte la
race humaine... Ces misérables pygmées (les Tchèques) oppriment un peuple
cultivé; derrière eux il y a Moscou et le masque éternel du diable juif. » Mais
le discours radiodiffusé prononcé ce même jour par Benès ne tenait aucun cas de
la diatribe de Gœring. C'était un appel serein et digne au calme, à la bonne
volonté et à la confiance mutuelle. Sous cette paisible surface cependant, la
tension était grande à Prague.
    Je croisai le docteur Benès dans le hall de la Maison de la
Radio après son discours radiodiffusé; il avait le visage grave et semblait
parfaitement conscient de la terrible situation où il se trouvait. La gare du
chemin de fer de Wilson et l'aéroport étaient remplis de juifs qui tentaient
désespérément de trouver un moyen de transport pour gagner des lieux plus sûrs.
Au cours du week-end, des masques à gaz furent distribués à la population. On
apprenait de Paris que le gouvernement français était pris de panique à la
perspective d'une guerre, et, d'après les dépêches de Londres, Chamberlain
envisageait des mesures désespérées pour faire face aux exigences d'Hitler —
aux dépens des Tchèques, bien entendu.
    Ainsi toute l'Europe attendait les paroles qu'allait prononcer
Hitler le 12 septembre à Nuremberg. Mais le discours du Führer, certes brutal
et emphatique, débordant de venin contre l'État tchèque, en particulier contre
son président, ne fut cependant pas une déclaration de guerre. Hitler réservait
sa décision, publiquement du moins, car on sait, d'après les documents
allemands saisis, qu'il avait déjà fixé la date du 1er octobre pour lancer ses
troupes au-delà de la frontière tchèque. Il exigeait seulement que le
gouvernement tchèque rendît « justice » aux Allemands des Sudètes. Sinon,
l'Allemagne verrait ce qu'elle avait à faire.
    Les violences verbales d'Hitler eurent des répercussions
considérables. Au pays des Sudètes, elles suscitèrent une révolte que le
gouvernement tchèque réprima en envoyant d'urgence des troupes et en proclamant
la loi martiale. Henlein, entré clandestinement en Allemagne, proclamait que la
seule solution était la cession de la région des Sudètes à l'Allemagne.
    C'était d'ailleurs, comme nous l'avons vu, la solution qui
rencontrait de plus en plus la faveur du gouvernement de Londres, mais, avant
de l'adopter, il fallait obtenir l'accord de la France. Le lendemain du discours
d'Hitler, le 13 septembre, le cabinet français siégea toute la journée; il
demeurait, en effet, irrémédiablement divisé sur la question de savoir s'il
devait ou non faire honneur à ses obligations envers la Tchécoslovaquie, dans
le cas d'une attaque allemande qu'il croyait imminente. Dans la soirée,
l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, Sir Eric Phipps, qui assistait au
spectacle de l'Opéra-Comique, fut appelé d'urgence auprès du président
Daladier. Celui-ci faisait demander à Chamberlain d'essayer sans tarder de
conclure un accord avec le dictateur allemand, aux meilleures conditions
possibles.
    M. Chamberlain, on peut s'en douter, n'avait pas besoin qu'on le
lui dît deux fois. A onze heures du soir ce même jour, le Premier Ministre
britannique envoyait à Hitler un message urgent :
    La situation devenant de plus en plus critique, je me
propose de venir vous voir immédiatement afin d'essayer de trouver une solution
pacifique. J'ai l'intention de voyager en avion et je suis prêt à partir dès
demain.
    Veuillez me fixer un rendez-vous le plus tôt possible et
m'indiquer le lieu choisi pour cette rencontre. Je vous serais obligé de me
répondre dans le plus bref délai (40).
    Deux heures plus tôt, le chargé d'affaires allemand à Londres, Theodor Kordt, avait télégraphié à Berlin que le secrétaire de
presse de Chamberlain l'avait informé que le Premier Ministre « était prêt à
examiner des propositions allemandes de grande envergure, y compris un
plébiscite, à prendre part à leur exécution et à les appuyer publiquement (41)
».
    La série des abandons qui allait aboutir aux accords de Munich
venait de débuter.

CHAMBERLAIN A BERCHTESGADEN
(15 SEPTEMBRE 1938)
     « Juste Ciel! » ( Ich bin von Himmel gefallen !), s'écria Hitler quand il lut le message de
Chamberlain (42). Il était stupéfait,

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