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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'opposition croissante
qui se manifestait en Angleterre contre sa politique, M. Chamberlain semblait
d'excellente humeur quand il arriva à Godesberg et suivit en voiture les rues
décorées non seulement de la croix gammée, mais de l'Union Jack, pour se rendre
à son quartier général du Petershof Hôtel , construit dans le style d'un
château fort au sommet du Petersberg, dominant de haut la rive opposée (la rive
droite) du Rhin. Le Premier Ministre venait dans l'intention de satisfaire
toutes les exigences formulées par Hitler à Berchtesgaden et même davantage
encore. Il ne restait, plus que les détails à mettre au point, et pour ce faire
il avait amené avec lui non seulement Sir Horace Wilson et William Strang (ce
dernier, appartenant au Foreign Office, était un spécialiste des questions
relatives à l'Europe orientale), mais aussi Sir William Malkin, chef du
département de la rédaction et du contentieux au Foreign Office. Tard dans
l'après-midi, le Premier Ministre traversa le Rhin en bac pour se rendre à l' Hotel Dreesen [120] ,
où l'attendait Hitler.
    Pour une fois, ce fut Chamberlain qui parla sans arrêt, du
moins au début. Pendant plus d'une heure, si l'on s'en rapporte aux notes
détaillées prises par le docteur Schmidt (51) le Premier
Ministre, après avoir expliqué qu'à la suite de « négociations laborieuses » il
avait obtenu non seulement des cabinets britannique et français, mais aussi du
gouvernement tchèque qu'ils acceptent les exigences du Führer, entreprit
d'exposer en détail les moyens à employer pour les satisfaire.
    Se rangeant à l'avis de Runciman, il était maintenant disposé à
accepter que le pays des Sudètes fût accordé à l'Allemagne sans plébiscite. Quant aux zones mixtes, leur avenir pouvait être déterminé par une
commission composée de trois membres, un Allemand, un Tchèque et un neutre. De
plus, les traités d'assistance mutuelle entre la Tchécoslovaquie, la France et
la Russie, qui étaient si désagréables au Führer, seraient
remplacés par une garantie internationale contre une attaque non provoquée et,
à l'avenir, la Tchécoslovaquie « devrait être complètement neutre ».
    Tout cela semblait fort simple, raisonnable et logique à l'homme
d'affaires britannique ami de la paix devenu Premier Ministre. Visiblement fort
content de soi, selon le récit d'un témoin oculaire, il se tut et attendit la
réaction d'Hitler.
    « Dois-je comprendre que les gouvernements britannique, français
et tchèque consentent à ce que le pays des Sudètes soit cédé à l'Allemagne? »
demanda Hitler [121] .
Comme il le dit plus tard à Chamberlain, il était stupéfait que les concessions
aient été aussi loin et lui soient faites aussi vite.
     « Oui, répondit en souriant le Premier Ministre.
    — Je suis vraiment navré, dit Hitler, mais, à la suite des
événements de ces derniers jours, le projet que vous me proposez est devenu
inutile. »
    Le docteur Schmidt se souvint plus tard que Chamberlain eut un
haut-le-corps. Son visage de chouette rougit de surprise et de colère. Non pas,
semble-t-il, parce qu'Hitler l'avait trompé, parce qu'à l'exemple d'un vulgaire
maître-chanteur il majorait ses exigences au moment même où elles étaient
acceptées. Dans le récit qu'il fit quelques jours plus tard devant les
Communes, le Premier Ministre a dépeint le sentiment qu'il éprouva en cet
instant :
    Je ne voudrais pas que la Chambre pensât qu'Hitler me
trompait délibérément — je ne l'ai pas cru une seconde — mais, pour ma part, en
retournant à Godesberg, je pensais n'avoir plus qu'à discuter tranquillement
avec lui les propositions que j'apportais et ce fut pour moi une stupéfaction
profonde de l'entendre me dire... que ces propositions étaient inacceptables.
    Chamberlain voyait s'écrouler comme un château de cartes
l'édifice de paix qu'il avait si « laborieusement » bâti aux dépens des
Tchèques. Il fut « à la fois déçu et déconcerté », dit-il à Hitler. Il était
pourtant en droit de penser que le Führer avait obtenu de lui tout ce qu'il
demandait.
    Pour parvenir à ce résultat, il (Chamberlain) avait mis en
jeu sa carrière politique... Dans certains milieux, on l'accusait d'avoir vendu
et trahi la Tchécoslovaquie, d'avoir cédé aux dictateurs, et le matin même, en
quittant l'Angleterre, il avait été hué.
    Mais le Führer ne se laissa pas émouvoir par les difficultés
personnelles du Premier Ministre. Il exigeait

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