Le Troisième Reich, T1
nouveaux plans qui lui permettraient d'obtenir une solution définitive.
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LA TCHÉCOSLOVAQUIE CESSE D'EXISTER
Dix jours à peine après avoir apposé sa signature au bas de
l'accord de Munich, avant même que l'occupation militaire — mais pacifique —
des Sudètes fût achevée, Adolf Hitler envoya un message urgent et ultra-secret
au général Keitel, chef de l'O.K.W. :
1.— Quels renforts seraient nécessaires, dans la situation
actuelle, pour briser toute résistance tchèque en Moravie et en Bohême?
2.— Combien de temps faudrait-il actuellement pour
regrouper ou transporter de nouvelles forces?
3.— Combien de temps faudrait-il pour réaliser cette même
opération si elle était exécutée après la démobilisation prévue et les mesures
de retour?
4.— Combien de temps faudrait-il pour que ces renforts
soient prêts comme l'étaient nos forces au 1er octobre (1) ?
Le 11 octobre, Keitel répondait au Führer par
télégramme, en lui donnant tous les détails. Il faudrait, disait-il, peu de
temps et de faibles renforts. Il y avait déjà dans la région des Sudètes 24
divisions, dont 3 blindées et 4 motorisées. L'O.K.W. croit, affirmait Keitel,
qu'il serait possible de commencer les opérations sans renforts, étant donné
les signes de faiblesse actuellement donnés par la résistance tchèque (2).
Fort de ces assurances, Hitler, dix jours plus tard,
communiquait ses intentions à ses chefs militaires :
Ultra-Secret
Berlin,
21 octobre 1938.
Les tâches futures des forces armées et les préparatifs de
guerre impliqués par ces tâches seront exposés par moi dans une directive
ultérieure.
Jusqu'à ce que cette directive entre en vigueur, les forces
armées devront être prêtes, à tout moment, à faire face aux éventualités
suivantes :
1.— La protection des frontières de l'Allemagne.
2.— La liquidation du reste de la Tchécoslovaquie.
3.— L'occupation du district de Memel.
Memel, port de 40 000 habitants sur la Baltique, avait dû être
cédé par l'Allemagne à la Lithuanie, aux termes du Traité de Versailles. Étant
donné que la Lithuanie était plus petite et plus faible que l'Autriche et que
la Tchécoslovaquie, la prise de la ville ne posait aucun problème pour la
Wehrmacht et, dans cette directive, Hitler disait simplement qu'elle serait «
annexée ». Quant à la Tchécoslovaquie,
Il doit être possible d'écraser à tout moment ce qui reste
de la Tchécoslovaquie, au cas où elle adopterait une politique hostile à
l'égard de l'Allemagne.
Les préparatifs que devront faire les forces armées en vue
de cette éventualité seront considérablement moins importants que pour le cas
vert; ils devront cependant être beaucoup plus poussés, puisque les mesures de
mobilisation habituelles ont été supprimées. L'organisation, l'ordre de
bataille et l'état de préparation des unités affectées à ces opérations doivent
être assurés en temps de paix, en vue d'une attaque brusquée, de manière à
priver la Tchécoslovaquie de toute possibilité de résistance organisée. Les
opérations auront pour objectifs l'occupation rapide de la Bohême et de la
Moravie, à la suite de quoi la Slovaquie serait détachée du reste du pays (3).
Bien entendu, la Slovaquie pouvait être détachée par des moyens
politiques qui rendraient inutile l'emploi des troupes allemandes. Dans ce but,
on eut recours aux bons offices des Affaires étrangères. Pendant les premiers
jours d'octobre, Ribbentrop et ses collaborateurs incitèrent les Hongrois à
réclamer leur part du butin en Tchécoslovaquie. Mais quand la Hongrie, qui
n'avait guère besoin des invites de l'Allemagne pour aiguiser son appétit,
parla de s'emparer de la Slovaquie tout entière, la Wilhelmstrasse s'y opposa
formellement. Elle avait d'autres projets pour l'avenir de ce pays. Aussitôt
après Munich, le gouvernement de Prague avait déjà accordé à la Slovaquie une
large autonomie.
Les Affaires étrangères allemandes étaient d'avis de « tolérer »
cette solution pour le moment. Quant à l'avenir, les intentions allemandes
furent exposées par le docteur Ernst Woermann, directeur du Département
politique des Affaires étrangères, dans un mémorandum en date du 7 octobre : «
Une Slovaquie indépendante, écrivait-il, serait d'une constitution faible et
par conséquent favoriserait mieux le besoin allemand de pénétration et
d'installation à l'est (4). »
Nous arrivons ici à un nouveau tournant
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