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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de
la moitié des effectifs de l'Allemagne, dont la population était presque double
de la sienne; elle savait aussi que, dans le domaine de l'armement, sa capacité
de production était moindre également.
    Aussi, avait-elle laborieusement édifié un système d'alliances
avec les petites puissances de l'Est, sur l'autre flanc de l'Allemagne et de
l'Italie : la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Yougoslavie et la Roumanie qui,
réunies, détenaient le potentiel militaire d'une grande puissance. La perte de
35 divisions tchèques, bien entraînées et bien armées, déployées derrière leurs
puissantes fortifications de montagne et capables d'immobiliser des forces
allemandes encore plus importantes, laissait l'armée française grandement
affaiblie. Mais ce n'était pas tout.
    Après Munich, comment les alliés que la France conservait en
Europe orientale pouvaient-ils garder confiance dans sa parole écrite? Que
valait maintenant une alliance avec la France? Pas grand-chose, répondait-on à
Varsovie, à Bucarest et à Belgrade. Et, dans ces diverses capitales, on se
hâtait, pendant qu'il en était temps encore, de conclure un marché, le moins
désavantageux possible, avec le conquérant nazi.
    A Moscou, si l'on ne se hâtait pas, du moins on s'agitait. Bien
que l'Union Soviétique eût conclu une alliance militaire à la fois avec la Tchécoslovaquie
et avec la France, le gouvernement français s'était rangé sans protester à
l'avis de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne quand il avait été décidé
d'exclure la Russie des conversations de Munich. Affront que Staline n'oublia
pas et qui devait coûter cher aux deux démocraties dans les mois à venir.
    Le 3 octobre, quatre jours après Munich, le conseiller de
l'ambassade allemande à Moscou, Werner von Tippelskirch,
envoya un rapport à Berlin sur les « conséquences » que ne manquerait pas
d'avoir l'accord pour la politique soviétique. Il pensait que Staline « en
tirerait des conclusions »; il était certain que l'Union Soviétique allait «
réviser sa politique étrangère », qu'elle se montrerait moins amicale avec son
alliée la France et « plus positive » à l'égard de l'Allemagne.
    En fait, estimait le diplomate allemand, « les circonstances
actuelles nous offrent une occasion favorable pour conclure avec l'Union
Soviétique un nouvel accord économique de plus grande envergure (96). C'est la
première fois qu'on découvre dans les archives secrètes allemandes un indice
montrant que le vent allait tourner et commençait même à souffler, bien
faiblement encore, dans une direction nouvelle, sur Berlin et Moscou. Moins
d'un an après, ce changement allait avoir des conséquences capitales.
    Bien qu'il eût remporté une éclatante victoire et infligé une
cuisante humiliation non seulement à la Tchécoslovaquie mais aux démocraties
occidentales, Hitler était déçu par les résultats de Munich. Quand il revint à
Berlin, le docteur Schacht l'entendit s'écrier devant les S.S. qui
l'entouraient : « Cet individu (Chamberlain) m'a privé de mon entrée à Prague
(97)! » C'était cela en réalité qu'il avait toujours désiré, ainsi qu'il
n'avait cessé de le confier à ses généraux depuis qu'il les avait harangués le
5 novembre précédent.
    La conquête de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie, leur
avait-il expliqué alors, ne devait que servir de prélude à une grande poussée
de l'Allemagne, lancée à la conquête de son Lebensraum à l'est, ainsi qu'à un
règlement militaire avec la France, à l'ouest. Comme il l'avait dit le 20
septembre au premier ministre hongrois, ce qu'il y avait de mieux à faire,
c'était de « détruire la Tchécoslovaquie », opération qui, avait-il dit,
fournirait l'unique solution satisfaisante. Le seul « danger » était de voir
les Tchèques accéder à toutes ses demandes [141] .
    Et voilà que M. Chamberlain, muni de son célèbre parapluie,
était venu à Munich et avait forcé les Tchèques à se soumettre à toutes ses
exigences, le privant ainsi de son triomphe militaire. Telles étaient sans
aucun doute, d'après les documents que nous possédons, les pensées qui, après
Munich, se pressaient dans l'esprit tortueux d'Hitler : « J'ai compris dès le
début, confia-t-il plus tard à ses généraux, que je ne pouvais me contenter du
territoire des Sudètes allemands. Ce n'était là qu'une solution partielle
(98).»
    Quelques jours après Munich, le dictateur allemand mit sur pied
de

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