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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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inconnu en dehors de Munich, il entrevoyait déjà des buts plus
lointains, fût-ce au risque de perdre les voix populaires dans son propre
district.
    Les Bavarois, alors fortement séparatistes et en désaccord
continuel avec le gouvernement de Berlin, aspiraient à une certaine
décentralisation afin de se gouverner eux-mêmes. En fait, ils ne s’en privaient
pas, et les différents États acceptaient très mal l’autorité de la capitale
prussienne. Hitler non seulement convoitait le pouvoir en Bavière, mais
espérait aussi parvenir un jour à l’exercer dans tout le Reich. Pour l’obtenir
et le conserver, le régime dictatorial qu’il envisageait déjà devait se
caractériser par la force et par la centralisation ; il lui fallait aussi
supprimer la demi-autonomie des États qui avaient chacun son parlement et son
gouvernement, sous la République de Weimar comme au temps
des Hohenzollern. Un des premiers actes du futur Fürher, après le 30 janvier
1933, fut justement l’exécution rapide du point 25, que peu de gens avaient
remarqué ou pris au sérieux. Nul ne saurait donc prétendre qu’Hitler n’ait pas
tout de suite, suffisamment et par écrit, annoncé ses intentions à cet égard.
    Une rhétorique enflammée, un programme avancé, du genre
fourre-tout, présentaient certes des avantages pour un parti nouveau-né, cherchant
à attirer l’attention et à s’assurer le soutien des masses ; mais c’était
insuffisant, et Hitler entreprit d’obtenir plus, beaucoup plus. Ce fut alors qu’apparurent
et se firent sentir les premières manifestations de son génie personnel. Il
estimait en effet que ces masses avaient besoin non seulement d’idées – de
quelques idées simples dont il ne cesserait de leur marteler crâne –, mais
aussi de symboles auxquels s’attacherait leur foi, de couleurs et de défilés
qui les soulèveraient, et surtout d’actes de terreur et de violence qui, s’ils
réussissaient, attireraient des membres nouveaux et leur donneraient un sens de
puissance et de supériorité sur leurs compatriotes. Les Allemands ne penchent-ils pas tous vers la force et vers les forts ?
    A Vienne, il avait observé avec intérêt ce qu’il appelait « l’infâme
terreur spirituelle et physique » qu’à son sens les sociaux-démocrates
employaient contre leurs adversaires politiques. Il se mit à l’utiliser dans sa
campagne anti-socialiste : d’abord, des soldats démobilisés furent chargés
de faire taire les interrupteurs dans les réunions publiques et de les jeter
dehors au besoin. Les mots « national socialiste » furent ajoutés au
nom de Parti ouvrier allemand, qui devint ainsi Parti national socialiste
ouvrier allemand ( National-Sozialistische Deutsche Arbeiter Partei , N. S. D. A. P.).
    Bientôt après, dans l’été 1920, Hitler enrôla des « durs »
pour former des troupes de choc ( Ordnertruppe ), qu’il
plaça sous le commandement d’Emil Maurice, horloger et repris de justice. Elles
se camouflèrent quelque temps en « Section gymnastique et sportive »
du parti, afin d’éviter leur dissolution par Berlin ; mais, le 5 octobre
1921, elles prirent le nom officiel de Sturmabteilung , d’où vient l’abréviation S. A. Ces troupes choc, revêtues d’uniformes
bruns et recrutées surtout par les anciens des corps francs, furent placées
sous les ordres de Johann Ulrich Klintzich, adjoint du capitaine Ehrhardt, arrêté
à la suite de l’assassinat d’Erzberger et libéré depuis peu.
    Ces voyous en uniforme, non contents de maintenir l’ordre dans
les réunions nazies, entreprirent bientôt de saboter celles des autres partis. Un
jour, en 1921, Hitler en personne mena ses troupes d’assaut à l’attaque d’un
meeting où devait parler un fédéraliste bavarois nommé Ballerstedt. L’orateur
fut rossé, ce qui valut à Hitler trois mois de prison dont il ne fit d’ailleurs
qu’un seul. Ce fut sa première détention. A sa sortie, il fut considéré comme
une sorte de martyr, et sa popularité s’en accrut. « C’est parfait, déclara-t-il
aux policiers. Nous avons obtenu ce que nous voulions : Ballerstedt n’a
pas pu parler. » Quelques mois plus tard, en public, il affirmera :
« Dorénavant, le Mouvement national socialiste empêchera, implacablement
et s’il le faut par la force, toute réunion ou conférence de nature à troubler
l’esprit de nos compatriotes (19). »
    Au cours de l’été 1920, Hitler, artiste raté mais

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