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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d’hésitations
angoissantes, je me déterminai pour l’affirmative.
    Ce fut le choix le plus décisif de ma vie. Dès lors, je ne
pouvais, je ne pourrais plus jamais revenir en arrière (13).
    Adolf Hitler fut donc admis comme septième membre au comité du
Parti ouvrier allemand.
    Deux membres au moins de cet insignifiant parti méritent, au
point où nous en sommes, d’être mentionnés ; tous deux jouèrent un rôle
important dans la montée d’Hitler. Le capitaine Ernst Rœhm, de l’état-major du
VIIedistrict militaire, avait adhéré avant lui. C’était un soldat
de métier, de forte carrure, au cou de taureau, aux yeux porcins, au visage
couturé de cicatrices (il avait perdu la racine du nez en 1914), doué d’un sens
aigu de la politique et de dispositions naturelles d’organisateur. Comme Hitler,
il haïssait à l’extrême la République démocratique et les « criminels de
novembre » qu’il rendait responsables de la défaite. Il aspirait à refaire
une puissante Allemagne nationaliste et, comme Hitler, il estimait que ce but
ne serait atteint que par un parti s’appuyant sur les classes populaires dont
il sortait lui-même, à l’encontre de la plupart des officiers de l’armée
régulière.
    Homme rude, dur, despotique (et homosexuel, ainsi que tant des
nazis du début), il prit une large part à la composition de ces escouades
brutales qui devinrent ensuite les S. A., troupes d’assaut qu’il commanda jusqu’à
son exécution par Hitler en 1934. Rœhm amena au parti naissant un grand nombre
de vétérans et de volontaires des corps francs, qui en formèrent la première
ossature. Officier de l’armée laquelle était maîtresse en Bavière, il obtint
pour Hitler et son mouvement la protection et parfois l’appui des autorités. Sans
son aide, Hitler n’aurait probablement jamais eu la base de départ nécessaire
pour amener le peuple à renverser la République. En tout cas, il n’aurait
certainement pas pu mettre en pratique ses méthodes de terreur et d’intimidation
s’il n’avait bénéficié de la tolérance du gouvernement et de la police
bavaroise.
    Quant à Dietrich Eckart, de vingt et un ans l’aîné d’Hitler, il
fut souvent appelé le fondateur spirituel du national-socialisme. Journaliste
brillant, poète et dramaturge médiocre, il traduisit Peer Gynt d’Ibsen
et écrivit plusieurs pièces qui ne furent jamais représentées. Comme Hitler à
Vienne, il mena quelque temps à Berlin une vie de bohème instable, s’adonnant à
la boisson et à la morphine. Selon Heiden, il échoua dans une clinique
psychiatrique, où il put enfin faire jouer ses pièces par les aliénés. A la fin
de la guerre, il revint dans sa Bavière natale et parada devant un cénacle d’admirateurs
à la taverne Brennessel , dans Schwabling, quartier des artistes
munichois, où il prêcha la supériorité des Aryens, réclamant l’élimination des
Juifs et la liquidation des « porcs » de Berlin.
    Heiden, qui était alors journaliste à Munich, cite Eckart
discourant en 1919 devant les habitués de la taverne Brennessel  :
« Il nous faut à notre tête un gaillard capable de résister au bruit d’une
mitrailleuse. La canaille a besoin de sentir la peur jusque dans ses fonds de
culotte. Nous ne pouvons pas employer un officier, car les gens ne les
respectent plus. Le mieux, ce serait un ouvrier qui sache parler… Il n’est pas
nécessaire qu’il soit très intelligent… Mais que ce soit un célibataire, car
alors nous aurons les femmes avec nous (14). »
    Il est facile de concevoir que ce poète alcoolique [17] trouvât en Hitler exactement l’homme qu’il cherchait. Aussi se mit-il à
conseiller, assidûment et de près, le jeune espoir du Parti ouvrier allemand ;
il lui prêta des livres, l’aida à améliorer son allemand tant écrit que parlé ;
il le fit entrer dans son cercle étendu d’ami qui comprenaient non seulement
certaines personnes riches qu’on persuada d’apporter leur aide financière au
mouvement et l’entretien d’Hitler, mais aussi des concours futurs, tels que
ceux de Rudolf Hess et d’Alfred Rosenberg. L’admiration d’Hitler ne fit jamais
défaut à Eckart, et la dernière phrase de Mein Kampf est une expression
de gratitude pour son excentrique mentor « Il fut un des meilleurs et il
consacra sa vie à réveiller notre peuple par ses écrits, ses pensées et enfin
ses actes (15). »
    Tel fut le bizarre assortiment de ratés qui

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