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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Cromwell. En réalité, elle signifiait bien plus que cela. En effet, c’est
à cette occasion que fut établi le « principe du chef » (Führerprinzip)
qui allait devenir la loi d’abord du Parti nazi, et ensuite celle du Troisième
Reich. Ainsi, le « Führer » faisait son entrée sur la scène allemande.
    Le «  Führer » se mit
immédiatement à l’œuvre pour réorganiser l’appareil du parti. L’arrière-salle
lugubre de la Sterneckerbräu , « caveau
funéraire plutôt que bureau » fut abandonnée pour des locaux clairs et
vastes, dans une autre taverne, située Corneliusstrasse. On
acheta – à tempérament – une vieille machine à écrire, puis successivement un
coffre-fort, des classeurs à tiroirs, des sièges, on fit installer le téléphone
et, pour finir, on s’offrit même le luxe d’un secrétaire à plein temps.
    Entre-temps, la caisse, désespérément vide jusqu’alors, avait
commencé à se remplir. Près d’un an plus tôt, en décembre 1920, le parti avait
fait l’acquisition d’une feuille agonisante et endettée, le Völkischer
Beobachter , bihebdomadaire de racontars
antisémites. La provenance exacte des soixante mille marks nécessaires à cet
achat était un secret qu’Hitler gardait soigneusement ; on finit cependant
par savoir qu’Eckart et Rœhm les avaient obtenus du major-général Ritter von Epp, ancien supérieur de ce dernier dans la Reichswehr et lui-même membre du parti. Très probablement, la
somme fut prélevée sur les fonds secrets de l’armée. Au début de 1923, le Völkischer Beobachter se transforma en
quotidien.
    Dès lors, Hitler disposait de l’outil indispensable à tout
mouvement politique allemand : un journal qui prêche sa doctrine. Les
frais occasionnés par la publication quotidienne furent couverts d’une façon
qui aurait sans doute bien surpris certains « durs » prolétaires du
parti : grâce au concours généreux de M me  Hélène Bechstein,
femme du richissime facteur de pianos. Dès sa première rencontre, le jeune
agitateur lui fut sympathique ; elle le pria de vivre à l’hôtel Bechstein
pendant ses séjours à Berlin, organisa des réceptions où se rendaient des gens
riches et donna elle-même des sommes importantes au mouvement. D’autre part, une
partie de l’argent consacré au nouveau journal fut apporté par une douairière
balte, M me   Gertrud von Seidlitz, actionnaire
de fabriques de papier prospères en Finlande.
    En mars 1923, un diplômé de l’université américaine Harvard, Ernst (Putzi) Hanfstaengl, fils d’une Américaine et dont la
famille opulente et cultivée possédait une maison d’édition d’art à Munich, consentit
au parti un prêt de mille dollars gagé sur le Völkischer
Beobachter [20] .
Ce prêt de 1 000 dollars, somme fabuleuse en cette époque d’inflation, constitua
une aide immense pour le parti et pour son journal ; mais l’amitié des
Hanfstaengl ne se borna pas à ce concours financier. Ils furent l’une des
premières « grandes familles » de Munich à ouvrir leurs portes au
jeune politicien des rues. Putzi Hanfstaengl se lia avec Hitler, qui plus tard
lui confia la direction du service de la presse étrangère dans le parti. Excentrique,
dégingandé, il avait un esprit sardonique qui
rachetait un peu son intelligence sans profondeur. Virtuose du piano, il lui
arrivait souvent le soir, et même après qu’Hitler eut pris le pouvoir à Berlin,
de quitter un cercle de camarades pour se rendre à une invitation pressante du Führer. On prétendait que son jeu – il martelait l’instrument
avec fureur – et ses facéties reposaient Hitler, et parfois le réjouissaient
après une journée fatigante. Plus tard, cet ancien étudiant de Harvard, étrange
mais de commerce agréable, dut, comme tant d’autres parmi les premiers
compagnons d’Hitler, quitter le pays, où sa vie était en danger [21] .
    A cette époque, la plupart des hommes qui allaient devenir les
plus proches collaborateurs d’Hitler appartenaient déjà au parti ou allaient
bientôt y entrer. Rudolf Hess adhéra en 1920. Fils d’un négociant en gros
allemand domicilié en Égypte, il avait passé ses quatorze premières années dans
ce pays, puis fait son éducation en Rhénanie. Pendant la guerre, il fut d’abord
fantassin, dans le régiment List où servait Hitler ; cependant, les deux
hommes ne se connurent point alors ; blessé deux fois il devint aviateur. Après
la guerre, il

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