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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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novembre, cinq jours après l'entrevue
Ribbentrop-Lipski, il adressa aux commandants en chef des forces armées une
nouvelle directive.

ULTRA-CONFIDENTIEL
    Par ordre du Führer : En dehors des trois contingences
mentionnées dans les instructions du 21-10-38, il convient de procéder aux
préparatifs destinés à permettre l'occupation par surprise de l'État libre de
Dantzig par les troupes allemandes.
    Les préparatifs seront effectués sur la base suivante :
c'est une occupation quasi révolutionnaire de Dantzig, exploitant une
situation politiquement favorable qu'il faut, et non une guerre contre la
Pologne [161] ...
    Les troupes affectées à cette opération ne seront pas
celles prévues pour l'occupation du territoire de Memel, afin que les deux
opérations puissent, en cas de nécessité, se produire simultanément. La
marine soutiendra l'action de l'armée par une attaque venant de la mer. Les
plans des différentes armes de forces armées devront être dressés pour le 10
janvier 1939.
    Beck avait eu beau avertir que toute
tentative allemande pour s'emparer de Dantzig entraînerait « inévitablement »
un conflit, Hitler avait réussi à se persuader qu'il parviendrait sans guerre à
ses fins. Les nazis locaux contrôlaient la ville, et, comme précédemment les
Sudètes, c'était de Berlin qu'ils recevaient leurs ordres. Il ne serait donc
pas difficile d'y susciter une situation « quasi révolutionnaire ».
    Ainsi, tandis que touchait à son terme l'année 1938 qui avait vu
l'occupation pacifique de l'Autriche et du territoire des Sudètes, Hitler se
préoccupait-il de nouvelles conquêtes : le restant de la Tchécoslovaquie, Memel
et Dantzig. Il avait été facile de mater Schuschnigg et Benès. Le tour de Josef Beck était désormais venu.
    Pourtant, lorsque, peu après le Jour de l'an, le 5 janvier 1939,
le Führer reçut à Berchtesgaden le
ministre des Affaires étrangères polonais, il n'était pas encore prêt à lui faire
subir le traitement qu'il avait infligé à Schuschnigg et peu après au président
Hacha. Il lui fallait tout d'abord liquider ce qui restait de la
Tchécoslovaquie. Hitler, ainsi que le montrent les procès-verbaux secrets,
polonais et allemands, de l'entretien, était d'une humeur des plus
conciliantes. « Il était tout prêt, dit-il en commençant, à se mettre à la
disposition de Beck. » Le ministre des Affaires étrangères
polonais n'avait-il rien de « spécial » en tête? Beck répliqua
qu'il songeait précisément à Dantzig. On ne devait pas tarder à s'apercevoir
qu'Hitler y songeait aussi.
    « Le territoire de Dantzig est allemand, rappela le Führer à son hôte, il restera toujours allemand et fera, tôt ou
tard, partie du Reich. » Il put cependant donner l'assurance
qu'« aucun fait accompli ne serait machiné à Dantzig ».
    Il voulait Dantzig et il voulait une autostrade et une voie
ferrée allemandes à travers le Corridor. A condition que Beck et
lui « abandonnent les principes périmés pour chercher des solutions selon des
modalités entièrement neuves », il était certain qu'ils pourraient aboutir à un
accord dormant satisfaction aux deux pays.
    Beck en était beaucoup moins sûr. Tout en
évitant, ainsi qu'il devait s'en ouvrir à Ribbentrop le lendemain, de se
montrer trop brutal vis-à-vis du Führer, il répondit que «
le problème de Dantzig était des plus épineux ». Il ne voyait dans la
suggestion du Chancelier aucun « équivalent » pour la Pologne. Sur quoi Hitler
fit ressortir l'avantage que celle-ci obtiendrait si ses frontières avec
l'Allemagne et le Corridor étaient « garanties par traité ». Beck n'en sembla pas impressionné, mais il convint néanmoins qu'il
réfléchirait au problème (4).
    Après une nuit de réflexion, le ministre des Affaires étrangères
polonais s'entretint le lendemain à Munich avec Ribbentrop. Il pria celui-ci
d'informer le Führer que, si ses conversations avec les
Allemands l'avaient jusqu'alors rendu optimiste, aujourd'hui, à la suite de sa
rencontre avec Hitler, « le pessimisme l'envahissait pour la première fois ».
Touchant surtout la question de Dantzig telle que l'avait soulevée le
chancelier, « il ne voyait absolument aucune possibilité d'accord (5) ».
    Il avait fallu au colonel Beck, comme à
tant d'autres hommes qui ont figuré dans ces pages, quelque temps pour adopter
une optique aussi sombre. Ainsi que la plupart des Polonais, il était
violemment anti-russe. De plus, il

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