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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Dantzig et qu'un fait accompli lui faciliterait grandement les choses.
    C'est là un aperçu intéressant sur la mentalité et le caractère
d'Hitler à cette époque. Trois mois auparavant, il avait personnellement assuré Beck qu'il n'y aurait pas de fait accompli allemand
à Dantzig. Et pourtant, il se rappelait que le ministre des Affaires étrangères
polonais avait insisté sur le fait que le peuple polonais ne consentirait jamais
à céder Dantzig à l'Allemagne. Si les Allemands s'en emparaient purement et
simplement, ce fait accompli ne faciliterait-il pas les choses au
gouvernement polonais? Jusque-là, Hitler avait toujours fait preuve de génie
lorsqu'il s'était agi d'évaluer les points faibles de ses adversaires étrangers
et de les utiliser, mais ici, pour la première fois, son jugement avait
commencé de se troubler. Les « colonels » qui gouvernaient la Pologne n'étaient
peut-être que des individus médiocres et brouillons, mais la dernière chose
qu'ils désiraient ou admettraient était bien un fait accompli à Dantzig.
    La Ville Libre représentait la préoccupation dominante d'Hitler,
mais il voyait aussi plus loin, tout comme ses regards avaient porté sur la
Tchécoslovaquie après que Munich lui eut accordé le Territoire des Sudètes.
    Pour l'instant (nota Brauchitsch), le Führer n'a pas
l'intention de résoudre la question polonaise. Pourtant, celle-ci mérite d'être
examinée. Une solution dans le proche avenir nécessiterait des conditions
politiques spécialement favorables. La Pologne sera écrasée alors si
complètement que, pendant des dizaines d'années à venir, elle ne représentera
politiquement plus rien. La solution envisagée par le Führer est une ligne
frontière avancée allant de la Prusse-Orientale jusqu'à l'extrémité orientale
de la Haute-Silésie.
    Brauchitsch savait bien ce que représentait cette frontière.
C'était la limite orientale de l'Allemagne d'avant-guerre, supprimée par
Versailles et qui avait prévalu aussi longtemps qu'il n'y avait pas eu de
Pologne.
    Si Hitler entretenait encore quelques doutes sur le contenu de
la réponse polonaise, ils furent dissipés lorsque l'ambassadeur Lipski revint à
Berlin le dimanche 26 mars pour présenter la réponse de son pays sous la forme
d'un mémorandum écrit (15). Ribbentrop en prit immédiatement connaissance,
l'écarta de la main, s'emporta contre les mesures de mobilisation polonaises et
mit en garde l'envoyé polonais contre les « conséquences possibles ». Il
déclara également que toute violation du territoire de Dantzig par les troupes
polonaises serait considérée comme une agression contre le Reich.
    La réponse écrite de la Pologne, bien que rédigée en termes
conciliants, contenait un rejet catégorique des exigences allemandes. Elle
exprimait la volonté de poursuivre la discussion sur les moyens de faciliter la
circulation ferroviaire et routière allemande à travers le Corridor, mais
refusait d'envisager d'exterritorialiser les moyens de communication. En ce qui
concernait Dantzig, la Pologne était disposée à remplacer le Statut de la
Société des Nations par une garantie germano-polonaise, mais non à ce que la
Ville libre devienne une partie de l'Allemagne.
    L'Allemagne nazie, à cette époque, n'était pas habituée à voir
une petite nation repousser ses exigences, et Ribbentrop fit observer à Lipski
que « ceci évoquait certaines imprudences commises par un autre État » —
référence évidente à la Tchécoslovaquie que la Pologne avait aidé Hitler à
démembrer. Il dut être tout aussi évident pour Lipski, lorsque celui-ci fut à
nouveau convoqué par Ribbentrop, que le Troisième Reich emploierait désormais
contre la Pologne ces mêmes tactiques qui avaient si bien réussi contre
l'Autriche et la Tchécoslovaquie. Le ministre des Affaires étrangères nazi
s'éleva violemment contre les prétendues persécutions infligées à la minorité
allemande en Pologne et qui, disait-il, avaient créé « une impression
désastreuse en Allemagne ».
    En conclusion, le ministre (allemand) des Affaires
étrangères fit remarquer qu'il ne comprenait plus le gouvernement polonais...
Les propositions soumises la veille par l'ambassadeur de Pologne ne pouvaient
servir de base d'accord. Les relations entre les deux pays étaient donc en voie
d'altération rapide (16).
    Varsovie ne se laissa pas intimider aussi facilement que Vienne
et que Prague. Le lendemain, 28 mars, Beck convoqua

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