Le Troisième Reich, T1

peuples... C'est dans cette conviction que j'ai décidé,
voilà trois semaines, de donner au prochain rassemblement du parti le nom de «
Convention de la Paix », slogan dont l'ironie s'accentua à mesure que
s'écoulait l'été de 1939.
    Mais tout ceci était destiné à la consommation publique. Trois
jours plus tard, le 3 avril, Hitler donna dans le plus grand secret sa
véritable réponse à Chamberlain et au colonel Beck. Elle était contenue dans
une directive strictement confidentielle destinée à l'armée, dont il n'y eut
que 5 exemplaires, et qui fut la première à s'inscrire dans le cadre du plan
d'opérations intitulé en code « Fall Weiss » (Plan Blanc), dont le rôle dans
l'histoire du monde allait être considérable.
     

STRICTEMENT CONFIDENTIEL
PLAN BLANC
    L'attitude actuelle de la Pologne exige... l'élaboration de
préparatifs militaires pour écarter définitivement, si nécessaire, toute menace
venant de cette direction.
    1. Conditions et buts politiques :
    ... Le but en sera de détruire la force militaire polonaise
et de créer dans l'Est une situation qui réponde aux exigences de la défense
nationale. L'État libre de Dantzig sera proclamé, au déclenchement des
hostilités au plus tard, partie intégrante du territoire du Reich.
    Les chefs politiques considèrent que leur tâche, dans ce
cas, est d'isoler si possible la Pologne, c'est-à-dire de limiter strictement
la guerre à la Pologne. Les crises intérieures qui se multiplient en France et
la prudence qu'elles inspirent aux Anglais peuvent entraîner une telle
situation dans un avenir assez proche.
    L'intervention de la Russie... semble ne devoir être
d'aucune utilité à la Pologne... L'attitude de l'Italie est déterminée par
l'Axe Rome-Berlin.
    2. Conclusions militaires :
    Les grands objectifs de la mise sur pied des forces armées
allemandes continueront d'être déterminés par l'antagonisme des démocraties
occidentales. Le Plan Blanc ne constitue qu'un complément de prévision à ces
préparatifs.
    L'isolement de la Pologne sera maintenu d'autant plus
facilement, même après l'ouverture des hostilités, que nous réussirons à
déclencher la guerre sans coups brusques et graves, et à obtenir des succès
rapides...
    3. Tâches des Forces Armées :
    La tâche de la Wehrmacht est de détruire les forces armées
polonaises. Dans ce but, il importe de tendre à une attaque par surprise et de
la préparer.
    Quant à Dantzig :
    L'occupation par surprise de Dantzig peut s'effectuer, en dehors
du cadre de « Fall Weiss », par l'exploitation d'une situation politique
favorable... L'occupation militaire s'effectuera à partir de la
Prusse-Orientale. La marine soutiendra l'action de l'armée en intervenant par
mer.
    Le Plan Blanc est un document d'une certaine importance qui
comporte plusieurs pièces jointes, « annexes » et « ordres spéciaux », dont la
plupart furent rassemblées en un tout le 11 avril et ajoutées plus tard au plan
à mesure que le temps des hostilités approchait. Mais, le 3 avril déjà, Hitler
y joignit les directives suivantes :
    1. Les préparatifs devront être menés de telle sorte que
l'opération puisse être déclenchée à n'importe quelle date à partir du 1er
septembre 1939.
    Comme dans le cas de la date du 1er octobre 1938, qu'Hitler
avait prévue longtemps à l'avance pour l'invasion du territoire des Sudètes,
cette date, plus importante encore, du 1er septembre 1939 devait être, elle
aussi, respectée.
    2.    Le Haut Commandement des Forces armées
(O.K.W.) est chargé de dresser un horaire précis pour l'opération Plan Blanc et
devra prendre toutes dispositions en vue d'une synchronisation des trois
éléments de la Wehrmacht.
    3. Les plans des éléments de la Wehrmacht et les détails de
l'horaire devront être soumis à l'O.K.W. avant le 1er mai 1939 (23).
    La question était maintenant de savoir si Hitler allait user les
nerfs des Polonais au point de les soumettre à ses exigences comme cela s'était
passé avec les Autrichiens et (Chamberlain aidant) avec les Tchèques, ou si la
Pologne allait tenir bon et résister à une éventuelle agression nazie, et dans
ce cas, avec quoi. L'auteur passa la première semaine d'avril en Pologne à la
recherche d'une réponse.
    Les renseignements qu'il put rassembler lui permirent de
conclure que les Polonais ne céderaient pas aux menaces d'Hitler et
combattraient si leur territoire était envahi, mais que, militairement et
politiquement,