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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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divisions en France
et où l'armée du Reich était incapable de combattre sur deux fronts et, selon
les généraux allemands, incapable même de pénétrer les défenses tchèques.
    Or, du soir au matin, réagissant avec une amertume
compréhensible à la mainmise de l'Allemagne sur ce qui restait de la
Tchécoslovaquie, Chamberlain, après avoir délibérément et imprudemment laissé
passer tant d'occasions, avait entrepris de garantir unilatéralement un pays de
l'Est gouverné par une « junte » de colonels politiquement nuls qui,
jusqu'alors, avaient étroitement collaboré avec Hitler, qui, telles des hyènes,
s'étaient joints aux Allemands pour démembrer la Tchécoslovaquie, et dont le
pays avait été rendu militairement indéfendable par les conquêtes mêmes que la
Grande-Bretagne et la Pologne avaient aidé le Reich à remporter [167] .
Et il avait pris ce risque de la onzième heure sans même se soucier de
s'assurer le concours de la Russie, dont il avait, par deux fois dans l'année,
repoussé les propositions d'une action commune contre toute nouvelle agression
nazie.
    Pour finir, il avait fait précisément ce que, pendant plus d'une
année, il avait fermement affirmé que la Grande-Bretagne n'autoriserait jamais
: il avait abandonné à une autre nation la décision de l'entrée en guerre de
son pays.
    Néanmoins, l'initiative précipitée du Premier Ministre, si
tardive qu'elle fût, mettait Adolf Hitler devant une situation entièrement
nouvelle. A dater de ce moment, semblait-il, il trouverait la Grande-Bretagne
sur sa route chaque fois qu'il voudrait commettre une autre agression. Il ne
pourrait plus recourir à la technique qui consistait à s'emparer des pays un à
un, tandis que les démocraties occidentales se tiendraient à l'écart en
discutant des mesures à prendre. De plus, l'initiative de Chamberlain semblait
être le premier pas sérieux vers la formation d'une coalition des puissances
contre l'Allemagne, coalition qui, si une riposte victorieuse ne survenait pas,
était susceptible de provoquer cet encerclement même qui, depuis Bismarck,
n'avait cessé d'être le cauchemar du Reich.

PLAN BLANC
    La nouvelle de la garantie accordée par Chamberlain à la Pologne
provoqua chez le dictateur allemand une de ses rages typiques. Il se trouvait
par hasard en compagnie de l'amiral Canaris et, si l'on en croit ce dernier, il
fit les cent pas dans la pièce en tempêtant, donnant des coups de poing sur le
marbre de la table, le visage déformé par la fureur, et hurlant à l'intention
des Anglais : « Je leur mijoterai un de ces ragoûts qui leur restera dans le
gosier (22)! »
    Le lendemain, 1er avril, il prononça à Wilhelmshaven un discours
à l'occasion du lancement du cuirassé Tirpitz. Il était dans des dispositions
si agressives qu'il ne se sentait visiblement plus maître de lui, au point
qu'il interdit au dernier moment la transmission en direct de son discours et
ordonna d'en différer la radiodiffusion, ce qui permettrait de pratiquer des
coupures sur les bandes ayant servi à l'enregistrement [168] .
Malgré cela, la version diffusée fut parsemée d'avertissements à l'adresse de
la Grande-Bretagne et de la Pologne.
    S'ils (les alliés occidentaux) escomptent que l'Allemagne
d'aujourd'hui va rester patiente jusqu'au dernier jour tandis qu'ils créeront
des États satellites pour les dresser contre l'Allemagne, c'est qu'ils prennent
l'Allemagne d'aujourd'hui pour l'Allemagne d'avant-guerre.
    Celui qui se déclare prêt à tirer les marrons du feu pour
ces puissances doit comprendre qu'il va se brûler les doigts...
    Quand les hommes d'État des autres pays déclarent qu'ils
vont s'armer et continueront de s'armer toujours davantage, je n'ai qu'une
chose à leur répondre : « Vous ne m'aurez pas à la fatigue. Je suis résolu à
poursuivre la route où je me suis engagé. »
    Hitler, comme le montrait l'interdiction de retransmettre son
discours en direct, était assez prudent pour ne pas provoquer à l'excès
l'opinion étrangère. Le bruit courait à Berlin que sa première réponse à
Chamberlain serait de dénoncer le traité naval anglo-allemand. Mais, dans son
discours, il se contenta de déclarer que, si la Grande-Bretagne ne voulait plus
y adhérer, l'Allemagne « le prendrait avec beaucoup de calme ».
    Comme cela lui était si souvent arrivé, Hitler conclut sur la
vieille antienne pacifique : « L'Allemagne n'a aucune intention hostile à
l'égard des autres

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