Le Troisième Reich, T1
immédiatement une authentique confirmation. » Les «
motifs particuliers » allaient devenir manifestes lorsque Hitler prit la parole
le 29 avril.
Dès le 22 avril, le ministère des Affaires étrangères allemand
soumit un rapport dans lequel il était notifié que la plupart des pays, y
compris la Yougoslavie, la Belgique, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas et
le Luxembourg, « avaient répondu aux deux questions par la négative » — réponse
qui devait bientôt montrer avec quelle ingénuité leurs gouvernements considéraient
le Troisième Reich. De Roumanie cependant arriva une réponse mordante qui
faisait remarquer que « le gouvernement du Reich était bien placé pour savoir
si une menace était susceptible de se présenter ». Tout en haut de la Baltique,
la petite Lithuanie ne comprit pas d'abord quelle réponse on attendait d'elle;
mais la Wilhelmstrasse ne tarda pas à lui fournir les précisions nécessaires.
Le 18 avril, Weizsaecker appelait au téléphone son ministre de Riga :
Pour lui dire que nous étions incapables de comprendre la
réponse du ministère des Affaires étrangères lithuanien à notre question
concernant le télégramme de Roosevelt. Alors que pratiquement tous les autres
gouvernements avaient déjà répondu et, naturellement, par la négative, M.
Munters a jugé qu'il lui fallait consulter son cabinet sur cette ridicule
propagande américaine. Si M. Munters ne répondait pas immédiatement à notre
question par la négative, nous serions obligés de joindre la Lithuanie à la
liste des pays qui se sont faits les complices volontaires de M. Roosevelt.
J'ai déclaré qu'à mon avis un mot de Herr von Kotze (le ministre d'Allemagne)
dans ce sens devait suffire à obtenir de lui la réponse qui s'imposait (25).
Cette prédiction se réalisa.
REPONSE D’HITLER A ROOSEVELT
Ces réponses fournirent à Hitler de puissantes munitions qu'il
utilisa magistralement lorsque, par la belle journée de printemps du 28 avril
1939, il prononça son discours au Reichstag. Ce fut là, je crois, le plus long
de ses grands discours publics puisqu'il exigea deux heures. A de nombreux
égards et surtout sous le rapport de sa puissance d'attraction auprès des
Allemands et des sympathisants étrangers de l'Allemagne nazie, ce fut
probablement le plus brillant morceau d'éloquence qu'il prononça jamais, le
meilleur à coup sûr qu'il m'ait été donné d'entendre.
En fait d'éloquence pure, d'habileté, d'ironie, de sarcasme et
d'hypocrisie, il s'éleva à un niveau encore jamais atteint et dont il ne devait
jamais plus approcher. Bien que destiné à des oreilles germaniques, il fut
radiodiffusé non seulement par toutes les stations allemandes, mais par des
centaines d'autres dispersées dans le monde entier; aux États-Unis, les
principaux réseaux le retransmirent. Jamais, avant ou après, il n'y eut
d'audience plus mondiale que celle qui écouta Hitler ce jour-là [169] .
Après l'habituel exorde sur les iniquités du Traité de
Versailles et les nombreuses injustices et longues souffrances que celui-ci
avait accumulées sur le peuple allemand, le discours commença par une réponse
qui s'adressait d'abord à la Grande-Bretagne et à la Pologne et qui bouleversa
une Europe inquiète.
Ayant exprimé son sentiment d'admiration et d'amitié pour
l'Angleterre, à laquelle il reprocha ensuite violemment sa méfiance envers lui
et sa nouvelle « politique d'encerclement » de l'Allemagne, Hitler entreprit de
dénoncer le traité naval anglo-allemand de 1935. « La base, dit-il, s'en trouve
détruite. »
Il en alla de même avec la Pologne. Hitler révéla la proposition
qu'il lui avait faite concernant Dantzig et le Corridor (jusqu'alors tenue
secrète), la qualifia de « plus grande concession imaginable dans l'intérêt de
la paix européenne » et informa le Reichstag que le gouvernement polonais avait
rejeté cette « offre seule et unique ».
J'ai regretté l'incompréhensible attitude du gouvernement
polonais. Le pire est qu'à présent, comme la Tchécoslovaquie il y a un an, la
Pologne, elle aussi, croit devoir, sous la pression d'une campagne
internationale mensongère, mobiliser ses troupes, bien que l'Allemagne n'ait, de
son côté, ni mobilisé un seul homme ni songé à entreprendre une action
quelconque contre la Pologne. Cela est en soi très regrettable et la postérité
décidera un jour si vraiment on a eu raison de décliner cette proposition
unique, car je ne la
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