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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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centrale et orientale qui se sentaient menacées par
l'Allemagne nazie.
    Ce fut la dernière offre d'alliance contre le Troisième Reich
que fit Litvinov, et le ministre russe, qui avait misé toute sa carrière sur le
recours à l'action collective pour faire échec à Hitler, avait dû se figurer
qu'il parviendrait enfin à réaliser l'union des démocraties occidentales et de
la Russie, rapprochées par un but commun. Ainsi que le déclara Churchill,
déplorant dans son discours du 4 mai que Londres n'ait pas encore accepté
l'offre russe : « Il n'y a aucune possibilité de maintenir à l'est un front
contre l'agression nazie sans l'aide active de la Russie. » Aucune autre
puissance d'Europe orientale, et la Pologne moins que toute autre, ne possédait
la force militaire permettant de maintenir un front dans cette région. Et
pourtant la proposition russe provoqua la consternation à Londres et à Paris.
    Toutefois, elle n'avait pas encore été repoussée que Staline
prenait ses premières dispositions pour passer dans l'autre camp.
    Le 17 avril, le lendemain même du jour où Litvinov faisait à
l'ambassadeur de Grande-Bretagne une offre d'une telle portée, l'ambassadeur
d'U.R.S.S. allait trouver Weizsaecker à la Wilhelmstrasse. C'était, nota le
secrétaire d'État dans un mémorandum, la première visite que lui faisait
Merekalov, depuis que celui-ci avait pris possession de son poste, il y avait
de cela près d'un an. Après quelques remarques préliminaires sur les relations
économiques germano-russes, l'ambassadeur se tourna vers la politique et…
    me demanda à brûle-pourpoint (écrivit Weizsaecker) ce que
je pensais des relations germano-russes... L'ambassadeur s'exprima à peu près
en ces termes :
    La politique russe a toujours suivi une ligne droite. Les
divergences idéologiques ont eu très peu de répercussions néfastes sur les
relations entre la Russie et l'Italie et il ne faut pas non plus qu'elles
troublent les relations avec l'Allemagne. La Russie n'a pas exploité contre
nous la friction qui règne actuellement entre l'Allemagne et les démocraties
occidentales, et elle n'en a aucun désir. La Russie, quant à elle, ne voit
aucune raison de ne pas observer une attitude normale vis-à-vis de nous, et des
relations normales sont susceptibles de se transformer en liens toujours plus
étroits.
    C'est sur cette remarque, vers laquelle il avait
constamment orienté l'entretien, que M. Merekalov mit un terme à ses propos. Il
a l'intention de se rendre à Moscou d'ici un jour ou deux (37).
    Dans la capitale russe, quelque chose se préparait.
    La révélation en vint le 3 mai. A cette date, reléguée en
dernière page des journaux soviétiques, dans une colonne intitulée « Nouvelles
en Bref », parut un petit entrefilet. « M. Litvinov a, sur sa demande, été
déchargé de ses fonctions de commissaire aux Affaires étrangères. » Son
remplaçant était Vyacheslav Molotov, président du Conseil des Commissaires du
Peuple.
    Le chargé d'affaires allemand fit dès le lendemain rapport du
changement à Berlin.
    Ce changement brusque a causé ici la plus grande surprise, car
Litvinov était au cœur des négociations avec la délégation britannique et se
trouvait tout à côté de Staline à la revue du 1er mai.
    Puisque, le 2 mai encore, Litvinov recevait l'ambassadeur de
Grande-Bretagne et qu'il a même été cité hier dans la presse comme l'hôte
d'honneur de Staline à la revue, il semble que son renvoi soit dû à une
décision spontanée de Staline... Au dernier congrès du parti, Staline
recommanda la prudence, de peur que l'Union Soviétique ne soit entraînée dans
un conflit. Molotov, qui n'est pas juif, a la réputation d'être l' « ami le
plus intime et le plus proche collaborateur de Staline ». Sa nomination tend
manifestement à fournir l'assurance que la politique étrangère se conformera
étroitement aux principes posés par Staline (38).
    La signification du brusque renvoi de Litvinov était claire pour
tous. Elle traduisait un changement brutal et violent de la politique étrangère
soviétique. Litvinov avait été le grand apôtre de la sécurité collective, du
renforcement des pouvoirs de la Société des Nations et il avait cherché la sécurité
russe en face de l'Allemagne nazie dans une alliance militaire avec la
Grande-Bretagne et la France. Les hésitations de Chamberlain à l'égard de cette
alliance furent fatales au commissaire aux Affaires étrangères

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