Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
russe. Selon
Staline — et son jugement était le seul qui comptait à Moscou — les méthodes de
Litvinov avaient échoué. Bien plus, elles menaçaient de fourvoyer l'Union
Soviétique dans une guerre contre l'Allemagne, alors que la Grande-Bretagne
pourrait bien parvenir à se maintenir hors du conflit.
    Il était temps, conclut Staline, d'essayer de virer de bord [173] .
Si Chamberlain avait pu contenter Hitler, pourquoi n'y parviendrait-il pas? Le
Fait que Litvinov, un Juif, fût remplacé par Molotov qui, ainsi que l'avait
souligné l'ambassadeur d'Allemagne dans son télégramme à Berlin, n'en était pas
un, ne laisserait pas d'avoir certaines répercussions dans les hautes sphères
nazies.
    Afin de veiller à ce que la signification du changement
soviétique n'échappât pas aux Allemands, Georgi Astakhov, le chargé d'affaires
soviétique, aborda, le 1er mai, cette question au cours de l'entretien qu'il
eut avec le docteur Julius Schnurre, le spécialiste allemand des questions
économiques d'Europe orientale.
    Astakhov (nota Schnurre dans son rapport) fit allusion au renvoi
de Litvinov et essaya de savoir si cet événement était susceptible de modifier
notre attitude envers l'Union Soviétique. Il insista sur la forte personnalité
de Molotov, qui n'avait rien d'un spécialiste de politique étrangère mais qui
n'en aurait qu'une plus grande importance pour la future politique étrangère soviétique
(39).
    Le chargé d'affaires invita aussi les Allemands à reprendre les
négociations commerciales interrompues en février.
    Le gouvernement britannique ne répondit pas avant le 11 mai aux
propositions soviétiques d'alliance militaire du 16 avril. La réponse
équivalait à un rejet. Ce qui ne fit que confirmer Moscou dans ses soupçons que
Chamberlain ne désirait pas conclure un pacte militaire avec la Russie pour
empêcher Hitler de s'emparer de la Pologne.
    Il n'est donc pas surprenant que les Russes aient multiplié
leurs travaux d'approche auprès des Allemands. Le 17 mai, Astakhov rencontra à
nouveau Schnurre au ministère des Affaires étrangères et, après avoir discuté
des problèmes d'échanges commerciaux, aborda de plus vastes questions.
    Astakhov déclara (relata Schnurre) qu'il n'y avait aucun
conflit de politique étrangère entre l'Allemagne et l'Union Soviétique et qu'il
n'existait par conséquent aucun motif d'hostilité entre les deux pays. A dire
vrai, l'Union Soviétique avait l'impression très nette d'être menacée par
l'Allemagne. Mais il serait sûrement possible de dissiper l'inquiétude et la
méfiance qui régnaient à Moscou... En réponse à la question que je posai à ce
propos, il aborda le sujet des négociations anglo-soviétiques et conclut qu'au
stade où elles en étaient présentement le résultat désiré par la
Grande-Bretagne ne semblait pas près de se matérialiser (40).
    Trois jours plus tard, le 21 mai, l'ambassadeur von der
Schulenburg eut à Moscou un long entretien avec Molotov. Le nouveau commissaire
aux Affaires étrangères était dans des dispositions « très amicales » et
informa l'envoyé allemand que les négociations économiques étaient susceptibles
de reprendre, à condition qu'on leur constituât les bases politiques
nécessaires. C'était là une nouvelle avance du Kremlin, mais accomplie avec
combien de prudence par le rusé Molotov. Lorsque Schulenburg lui demanda ce
qu'il entendait par « bases politiques », il répliqua que les deux gouvernements
trouveraient là matière à réflexion. Tous les efforts de l'ambassadeur pour
faire sortir de sa réserve le madré commissaire aux Affaires étrangères furent
vains. « Il est réputé, rappela Schulenburg à Berlin, pour son
obstination ». En quittant le ministère des Affaires étrangères russe,
l'ambassadeur passa voir Vladimir Potemkine, commissaire adjoint soviétique aux
Affaires étrangères, pour l'avertir qu'il n'avait pas été capable de découvrir
la nature dès exigences politiques de Molotov. « J'ai demandé à Herr Potemkine
de le faire pour moi », ajouta Schulenburg (41).
    La reprise des contacts entre Berlin et Moscou n'échappa
nullement aux yeux vigilants de l'ambassadeur de France dans la capitale
allemande. Dès le 7 mai, quatre jours après le renvoi de Litvinov, M. Coulondre
informait son ministre que, d'après les renseignements que lui avait
communiqués un confident intime du Führer, l'Allemagne
recherchait actuellement une entente avec la Russie, qui

Weitere Kostenlose Bücher