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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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anglo-franco-soviétiques qui avaient
pu décourager Hitler au point de lui inspirer une telle décision. Il savait,
d'après les rapports de l'ambassade d'Allemagne à Moscou, que la Russie et les puissances
occidentales étaient dans une impasse sur la question des garanties à la
Pologne, la Roumanie et les États Baltes.
    La Pologne et la Roumanie se réjouissaient d'être garanties par
la Grande-Bretagne et la France, qui ne pouvaient guère les aider en cas
d'agression allemande si ce n'est par la voie indirecte d'un second front. Mais
elles se refusaient à accepter la garantie russe et même à autoriser les
troupes soviétiques à traverser leurs territoires pour s'opposer à l'invasion
allemande. La Lettonie, l'Esthonie et la Finlande refusèrent tout aussi
énergiquement toute forme de garantie russe, attitude que l'Allemagne, comme le
révélèrent les archives de la Wilhelmstrasse, encourageait
en les menaçant du pire au cas où elles faibliraient dans leur résolution.
    Pour sortir de cette impasse, Molotov, au
début de juin, suggéra à la Grande-Bretagne d'envoyer à Moscou son ministre des
Affaires étrangères pour participer aux négociations. Dans l'esprit des Russes,
semblait-il, ce geste ne devait pas seulement aider à trouver une issue, mais
montrer que la Grande-Bretagne était sérieusement désireuse d'aboutir à un
accord avec la Russie. Lord Halifax refusa de partir [181] .
    Anthony Eden, qui était du moins un
ex-secrétaire aux Affaires étrangères, offrit de le remplacer; Chamberlain
déclina sa proposition. On décida à la place d'envoyer William Strang,
diplomate de carrière compétent, qui avait été précédemment en poste à Moscou
et parlait russe, mais dont la notoriété n'était pas plus grande dans son
propre pays qu'à l'étranger. La nomination d'un fonctionnaire aussi peu en vue
à la tête d'une mission importante et chargée de négocier directement avec Molotov et Staline fut pour les Russes le signe (ils l'avouèrent
plus tard) que Chamberlain continuait de ne pas prendre très au sérieux la
préparation d'une alliance destinée à arrêter Hitler.
    Strang arriva à Moscou le 14 juin, mais, bien qu'il eût déjà
participé à onze rencontres anglo-françaises avec Molotov, sa
présence n'eut guère d'effet sur le cours des relations anglo-soviétiques.
Quinze jours plus tard, le 29 juin, la suspicion et le mécontentement des
Russes se manifestèrent publiquement dans un article de la Pravda sous
la signature d'Andrei Jdanov et intitulé : « Les
gouvernements britannique et français ne veulent pas d'un traité accordant
l'égalité des droits à l'Union Soviétique. » Tout en prétendant s'exprimer à «
titre personnel, sans impliquer en rien le gouvernement soviétique », Jdanov
n'en était pas moins, précisa Schulenburg à ses chefs en relatant l'incident, «
l'un des confidents de Staline, et son article était sûrement écrit sur ordres
supérieurs ».
    Il me semble, écrivait Jdanov, que les gouvernements
français et britannique ne visent pas à conclure un accord réel acceptable par
l'U.R.S.S., mais seulement à avoir des conversations à ce sujet, afin de
démontrer à l'opinion publique de leurs pays respectifs la soi-disant
intransigeance de l'U.R.S.S. et de faciliter ainsi la conclusion d'un accord
avec les agresseurs. Les prochains jours montreront si je me trompe ou pas
(66).
    La méfiance de Staline envers la Grande-Bretagne et la France,
et ses craintes que les alliés occidentaux ne finissent par traiter avec
Hitler, comme ils l'avaient fait à Munich un an auparavant, furent ainsi
livrées aux méditations du monde entier. L'ambassadeur von der Schulenburg
suggéra après réflexion à Berlin que l'un des objectifs de l'article était de «
rejeter la responsabilité de la rupture éventuelle des négociations sur la
Grande-Bretagne et la France (67) ».

PLANS DE GUERRE TOTALE
    Adolf Hitler, néanmoins, ne mordit pas à
l'hameçon russe. Sans doute parce qu'il passa tout le mois de juin à Berchtesgaden à superviser les plans tactiques de l'invasion de
la Pologne pour la fin de l'été.
    Le 15 juin, il entra en possession du plan confidentiel du
général von Brauchitsch ayant pour objet les opérations militaires contre la
Pologne (68).
    « Le but de l'opération, déclarait le commandant en chef de
l'armée, faisant écho à son maître, est d'anéantir les forces armées
polonaises. Les dirigeants politiques exigent que la guerre

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