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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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n'avait trouvé sur sa route une petite nation qui
tînt un tel langage. Lorsque, le lendemain 11 août, le Führer reçut le Suisse
Carl Burckhardt, haut commissaire de la S.D.N. à Dantzig
et qui avait souvent été fort loin dans la voie des concessions aux Allemands
dans cette zone, il donna libre cours à sa mauvaise humeur. Il déclara à son
visiteur que, si « les Polonais risquaient la moindre tentative, il fondrait
sur eux de toute la terrible puissance des armes dont il disposait et dont les
Polonais ne se faisaient pas la moindre idée ».
    M. Burckhardt déclara (ainsi qu'il le relata plus tard)
qu'il provoquerait ainsi un conflit général. Herr Hitler répondit que, s'il
devait faire la guerre, il aimait autant la faire aujourd'hui que demain et qu'il
ne la conduirait pas à la façon de l'Allemagne de Guillaume II, qui avait
toujours eu scrupule à recourir à toutes ses armes, et qu'il se battrait sans
merci jusqu'aux dernières limites (75).
    Contre qui? Contre la Pologne, certainement. Contre la Grande-Bretagne
et la France s'il le fallait. Contre la Russie aussi? Pour ce qui était de
l'Union Soviétique, Hitler avait enfin pris sa décision.

INTERVENTION DE LA RUSSIE (III)
    Une nouvelle tentative avait été faite par les Russes.
    Le 18 juillet, E. Babarine, attaché commercial soviétique à
Berlin, flanqué de deux collaborateurs, alla trouver Julius Schnurre
au ministère des Affaires étrangères allemand pour l'avertir que la Russie
aurait plaisir à développer et à intensifier les relations économiques germano-soviétiques.
Il était porteur d'un mémorandum détaillé prévoyant un fort accroissement des
échanges entre les deux pays et déclara que, si certains différends entre les
deux parties étaient dissipés, il avait tous pouvoirs pour signer un traité
commercial à Berlin. Les Allemands, ainsi que le montre le procès-verbal
confidentiel du docteur Schnurre, furent plutôt satisfaits. Un tel traité, nota
Schnurre, « ne manquera pas d'avoir des conséquences, en Pologne et en
Grande-Bretagne tout au moins (76) ». Quatre jours plus tard, le 22 juillet, la
presse de Moscou annonçait que les négociations commerciales
germano-soviétiques avaient repris à Berlin.
    Le jour même, Weizsaecker télégraphia tout enthousiaste à von
der Schulenburg quelques nouvelles instructions intéressantes : concernant les
relations commerciales, annonça-t-il à l'ambassadeur, « nous sommes disposés à
agir très promptement, puisque, pour des raisons d'ordre général, on désire ici
aboutir à une conclusion et ce, le plus tôt possible ». Concernant l'aspect
purement politique de nos conversations avec les Russes, ajouta-t-il, « nous
jugeons que le délai que nous vous avions fixé dans notre télégramme du 30 juin
est venu à expiration. Vous avez donc tous pouvoirs de continuer à tisser votre
toile sans toutefois précipiter les choses (77) ».
    En fait, c'est à Berlin, quatre jours plus tard, le 26 juillet,
que les fils en furent assemblés. Le docteur Schnurre reçut de Ribbentrop
l'ordre d'inviter à dîner dans un bon restaurant de Berlin Babarine et Astakhov,
le chargé d'affaires soviétique, et de les sonder. Cela n'offrit guère de
difficultés. Comme le nota Schnurre dans son procès-verbal confidentiel de
l'entrevue : « Les Russes restèrent jusqu'aux environs de minuit et demi et
parlèrent avec un vif intérêt des problèmes politiques et économiques qui nous
concernent. »
    Astakhov, chaudement approuvé par Babarine, déclara qu'un « rapprochement soviéto-allemand correspondait aux intérêts vitaux des deux pays. On n'avait
jamais très bien compris à Moscou pourquoi l'Allemagne nazie témoignait d'une
telle hostilité à l'égard de l'Union Soviétique ». Le diplomate allemand
expliqua en réponse que « la politique allemande suivait désormais une ligne
toute différente ».
    De notre côté, il ne pouvait être question de menacer
l'Union Soviétique. Nos objectifs étaient tournés dans une direction toute
différente... La politique allemande était dirigée contre la Grande-Bretagne...
    Je pouvais imaginer un arrangement à longue portée de nos
intérêts communs qui tiendrait dûment compte des intérêts vitaux de la Russie.
    Cette possibilité toutefois se trouverait barrée dès
l'instant où l'Union Soviétique prendrait position contre l'Allemagne aux côtés
de la Grande-Bretagne. Le temps d'une entente entre l'Allemagne et

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