Le Troisième Reich, T1
nouvelles
diatribes.
Finalement, Hitler consentit à lui remettre sous deux heures une
réponse écrite à la lettre du Premier Ministre, et Henderson partit prendre
quelque repos à Salzbourg [210] .
Plus tard dans l'après-midi, Hitler le fit chercher pour lui remettre sa
réponse. Contrairement à leur premier entretien, rapporta l'ambassadeur, le Führer était « calme et n'a pas une seule fois élevé la
voix. »
Il avait, me dit-il, cinquante ans et préférait faire la
guerre maintenant plutôt qu'à cinquante-cinq ou à soixante.
La mégalomanie du dictateur allemand déclamant du haut de sa
montagne ressort encore mieux du procès-verbal allemand de l'entretien. Après
avoir cité la phrase où le Führer déclara qu'il préférait faire la guerre à
cinquante ans que plus tard, le document ajoute :
L'Angleterre, dit Hitler, devrait se rendre compte qu'en
qualité de soldat de première ligne il avait l'expérience de la guerre et
emploierait tous les moyens à sa disposition. L'évidence s'imposait sûrement à
chacun que la Grande Guerre (c'est-à-dire celle de 1914-1918) n'aurait pas été
perdue s'il avait été chancelier à ce moment-là.
La réponse d'Hitler à Chamberlain était une mixture de tous les
mensonges et exagérations éculés qu'il n'avait cessé de hurler aux étrangers
comme à son propre peuple depuis que les Polonais avaient osé le défier.
« L'Allemagne, dit-il, ne cherchait pas un conflit avec l'Angleterre. Elle
avait toujours été disposée à discuter de la question de Dantzig avec les
Polonais sur la base d'une proposition qui n'avait pas son égale en magnanimité
». Mais la garantie inconditionnelle donnée par l'Angleterre à la Pologne
n'avait abouti qu'à encourager les Polonais « au point de déchaîner une vague
d'abominable terrorisme contre le million et demi d'Allemands vivant en Pologne
». De telles « atrocités », déclara-t-il, « sont terribles pour les victimes
mais inadmissibles pour une grande puissance telle que le Reich ». L'Allemagne
ne les tolérerait pas plus longtemps.
Pour finir, il prit note de l'assurance fournie par le Premier
Ministre que l'Angleterre honorerait ses engagements vis-à-vis de la Pologne,
mais confirma que cela n' « apporterait aucun changement dans la résolution
prise par le gouvernement du Reich de sauvegarder ses propres intérêts... » «
Si l'Angleterre attaque l'Allemagne, elle la trouvera prête et résolue (3). »
Quel fut donc le résultat de cet échange de correspondance?
Hitler avait désormais reçu de Chamberlain l'assurance solennelle que la
Grande-Bretagne entrerait en guerre si l'Allemagne attaquait la Pologne. Le
Premier Ministre avait la parole du Führer que cela ne changerait rien à la
résolution allemande. Mais, ainsi que les événements des huit prochaines
journées de fièvre allaient le montrer, ni l'un ni l'autre ne croyaient avoir
dit leur dernier mot.
C'était particulièrement vrai pour Hitler. Encouragé par les
bonnes nouvelles reçues de Moscou et persuadé, malgré ce qu'avait pu lui dire
Chamberlain, qu'après la défection russe la Grande-Bretagne et, à sa suite, la
France y regarderaient à deux fois avant de tenir leurs engagements envers la
Pologne, le Führer, le soir du 23 août, alors que
Henderson regagnait Berlin, fixa la date de l'invasion de la Pologne au samedi
26 août, à quatre heures trente du matin.
« On ne prévoit plus de nouveaux ordres portant le Jour J et
l'Heure H, nota le général Haider dans son journal. Tout
doit se dérouler automatiquement . »
Mais le chef de l'état-major général de l'armée se trompait. Le
25 août, survinrent deux événements qui obligèrent Hitler à reculer devant
l'abîme, moins de vingt-quatre heures avant le moment où ses troupes devaient
franchir la frontière polonaise. L'un de ces événements se produisit à Londres,
l'autre à Rome.
Le matin du 25 août, Hitler, qui avait regagné Berlin la veille
afin d'accueillir Ribbentrop à son retour de Moscou et recevoir un rapport de
première main sur les Russes, adressa une lettre à Mussolini. Elle contenait
une explication tardive des raisons qui l'avaient empêché de tenir son
partenaire de l'Axe au courant de ses négociations avec l'Union Soviétique. (Il
n'avait jamais songé, prétendit-il, que les choses iraient aussi vite.) Le
Pacte Germano-Russe, affirmait-il, « doit être considéré comme procurant à
l'Axe les plus grands avantages possibles ».
Mais
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