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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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l'objet réel de cette lettre, dont le texte figure parmi
les documents saisis, était d'avertir le Duce que l'attaque allemande contre la
Pologne pouvait se produire « d'un moment à l'autre ». Hitler s'abstint
néanmoins de communiquer à son ami et allié la date exacte qu'il avait fixée. «
Si des événements intolérables surviennent en Pologne, dit-il, j'agirai
immédiatement.... Dans ces conditions, nul n'est à même de dire ce qui peut se
produire dans l'heure qui va suivre. »
    Hitler ne demandait pas spécifiquement l'aide de l'Italie.
Celle-ci, aux termes de l'alliance italo-allemande, était
présumée automatique. Il se contenta de compter sur la compréhension de son
alliée (4). Toutefois, il attendait avec impatience une réponse immédiate. La
lettre fut personnellement téléphonée par Ribbentrop à l'ambassadeur
d'Allemagne à Rome, et elle toucha le Duce à quinze heures vingt.
    Entre-temps, à treize heures trente, le Führer avait
reçu à la Chancellerie l'ambassadeur Henderson. Sa résolution de détruire la
Pologne n'avait pas faibli, mais il se montra plus inquiet que deux jours avant
lorsque, à Berchtesgaden, il avait fait son ultime
tentative pour maintenir la Grande-Bretagne en dehors du conflit [211] .
L'ambassadeur, ainsi qu'il le nota dans son rapport, trouva le Führer « absolument calme et normal, parlant avec un grand sérieux et une
sincérité évidente ».
    Malgré son expérience de l'année précédente, Henderson, même à
cette date avancée, ne sut juger à sa juste valeur la « sincérité » du chef de
l'Allemagne. Pourtant, ce qu'Hitler voulait lui communiquer n'avait pas le sens
commun : il « admettait » l'Empire Britannique, déclara-t-il, et était prêt à
s'engager personnellement à le maintenir intact.
    Le Führer désirait prendre à l'égard de la
Grande-Bretagne une initiative aussi décisive qu'à l'égard de la Russie... Il
était prêt à conclure avec l'Angleterre des accords qui non seulement
garantiraient en ce qui concerne l'Allemagne et en toutes circonstances
l'existence de l'Empire britannique, mais, au besoin, assureraient à l'Empire
britannique l'aide directe de l'Allemagne partout où elle serait nécessaire.
    Il était également disposé, ajouta-t-il, à accepter une
limitation raisonnable des armements et à considérer les frontières du Reich comme définitives. A un moment, il se laissa aller au fade
sentimentalisme qui lui était familier. (Ce détail est fourni par Henderson
qui, toutefois, ne le mentionna pas dans son télégramme à Londres.) Il déclara
    …qu'il était, par tempérament, un artiste et non un homme
politique, et qu'une fois réglée la question polonaise il finirait sa vie en
artiste et non point comme fauteur de guerre.
    Il conclut toutefois sur une note différente :
    « Le Führer répète, dit le procès-verbal rédigé par les
Allemands à l'intention de l'ambassadeur, qu'il est l'homme des décisions de
grande portée... Ceci est sa dernière offre. Si le gouvernement britannique la
rejette, la guerre sera inévitable. »
    Au cours de l'entretien, Hitler souligna à plusieurs reprises
que « l'offre largement compréhensive » (pour reprendre son expression) qu'il
faisait à l'Angleterre comportait une réserve : elle ne devait prendre effet «
qu'après la solution du conflit germano-polonais ». Comme Henderson s'obstinait
à répéter que la Grande-Bretagne prendrait cette offre en considération
seulement si elle représentait « un arrangement négocié de la question
polonaise », Hitler perdit patience. « Si vous la jugez sans objet,
répliqua-t-il, abstenez-vous tout simplement de la transmettre. »
    Cependant, Henderson avait à peine regagné son ambassade, située
à quelques pas de la Chancellerie en remontant la Wilhelmstrasse, que le
docteur Schmidt frappa à sa porte. Il apportait une relation écrite des propos
d'Hitler — considérablement édulcorés, — et, surtout, un message du Führer
demandant expressément à Henderson d'insister auprès du gouvernement de Sa
Majesté « afin qu'il prenne cette offre très au sérieux ». Il lui suggérait
même d'aller la remettre personnellement à Londres, en utilisant un avion qu'il
mettrait à sa disposition (5).
    Il n'était pas souvent facile, nos lecteurs ont dû le constater,
de suivre les étranges et fantastiques cheminements de l'esprit fiévreux du
Führer. Sa proposition ridicule du 25 août de garantir l'Empire Britannique
était

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