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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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de
l'Allemagne. L'inanité des espoirs de Gœring et de son ami suédois devint
aussitôt évidente. L'entretien, comme l'ambassadeur le télégraphia
immédiatement à Halifax, « a eu un caractère orageux et Herr Hitler s'est
montré bien moins raisonnable qu'hier ».
    La note écrite officielle réaffirmait le désir du Reich
d'entretenir des relations amicales avec la Grande-Bretagne, mais,
soulignait-elle, « pas au prix d'une renonciation à des intérêts vitaux
allemands ». Après la longue récapitulation habituelle des méfaits,
provocations et « mauvais traitements barbares qui crient au ciel » des
Polonais, elle présentait pour la première fois officiellement et par écrit les
exigences d'Hitler : retour de Dantzig et du Corridor, sauvegarde des
ressortissants allemands en Pologne. « Pour la suppression de cet état de
choses, ajoutait-elle, il ne reste plus des jours, encore moins des semaines,
mais tout au plus des heures. »
    L'Allemagne, poursuivait la communication, ne pouvait plus
croire avec les Anglais qu'il était possible de parvenir à une solution par
voie de négociations directes avec la Pologne. Cependant « uniquement » dans le
but de complaire au gouvernement britannique et dans l'intérêt de l'amitié
anglo-allemande, le Reich était prêt « à accepter la proposition britannique et
à entrer en pourparlers directs » avec la Pologne.
    Toutefois « dans le cas d'un remaniement territorial en Pologne
» le gouvernement du Reich ne pouvait donner de garanties sans que l'Union
Soviétique y fût associée. (Naturellement, le gouvernement britannique n'était
pas au courant de l'additif secret du Pacte germano-soviétique, qui prévoyait
le partage de la Pologne.) « Par ailleurs en faisant ses propositions,
déclarait la note, le gouvernement allemand n'a jamais eu l'intention de porter
atteinte aux intérêts vitaux de la Pologne, ni de mettre en question
l'existence d'un État polonais indépendant. »
    Et voilà que tout à la fin surgissait le piège.
    Dans ces circonstances, le gouvernement allemand consent à
accepter l'offre des bons offices du gouvernement britannique pour obtenir l'envoi
à Berlin d'un plénipotentiaire polonais. Il compte que cet émissaire se
présentera le mercredi 30 août 1939.
    Le gouvernement allemand établira immédiatement des
propositions en vue d'une solution qui soit acceptable pour lui et les mettra à
la disposition du gouvernement britannique avant l'arrivée du négociateur
polonais (50).
    Henderson parcourut la note, sous l'œil d'Hitler et de
Ribbentrop, et ne dit pas un mot jusqu'au moment où il arriva au passage
précisant que les Allemands attendaient l'arrivée du plénipotentiaire polonais
pour le lendemain.
    « Cette phrase sonne comme un ultimatum », dit-il en guise de
commentaire. Hitler et Ribbentrop le nièrent avec énergie. Ils avaient voulu
simplement « insister sur le caractère critique du moment, où deux armées à
pied d'œuvre se trouvaient face à face ».
    L'ambassadeur, qui se rappelait sans nul doute la réception
qu'avait réservée Hitler à Schuschnigg et à Hacha, demanda, dit-il plus tard,
si « dans le cas où un tel plénipotentiaire se présenterait » il serait « bien
reçu » et les discussions « conduites sur un pied de complète égalité ».
    « Évidemment », répondit Hitler.
    La discussion alors s'envenima, provoquée à un moment par une
remarque « scandaleuse » (l'ambassadeur dixit) d'Hitler, qui reprocha à Henderson
de « se moquer éperdument du nombre des Allemands égorgés en Pologne ». Ce qui
entraîna de la part de l'ambassadeur une réplique « violente [226] ».
     « Je quittai ce soir-là la Chancellerie du Reich en proie
aux plus sinistres pressentiments, raconta plus tard Henderson dans ses
Mémoires bien qu'il ne semble pas en avoir parlé dans les dépêches qu'il
adressa à Londres cette nuit-là. « Mes soldats, lui avait confié Hitler, ne
cessent de m'interroger : Oui ou Non? » Ils avaient déjà laissé passer une
semaine et ils ne pouvaient se permettre d'en perdre une autre « de peur que la
saison des pluies en Pologne ne vînt s'unir à leurs ennemis ».
    Néanmoins, il ressort d'après ses rapports officiels et d'après
son livre que l'ambassadeur ne comprit la vraie nature du piège dressé par
Hitler que le lendemain où un autre piège fut tendu et où la fourberie du
Führer devint patente. Le jeu du dictateur semble tout à fait clair lorsqu'on
lit le

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