Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
raisonnable de ses revendications
envers la Pologne. Le Führer le reconnut. Le docteur Schmidt l'entendit dire
par la suite : « J'avais besoin d'un alibi, surtout auprès du peuple allemand
auquel je voulais montrer que j'avais tout fait pour sauvegarder la paix. C'est
là qu'il faut chercher l'explication de mon offre généreuse concernant le
règlement des questions de Dantzig et du Corridor [230] .
»
    Comparée aux exigences qu'il avait formulées les jours
précédents, cette offre était en effet extraordinairement généreuse. Le Führer
se contentait de demander le retour de Dantzig à l'Allemagne. L'avenir du
Corridor serait décidé par un plébiscite, lequel n'aurait lieu qu'au bout d'une
période de douze mois, une fois que les esprits se seraient calmés. La
puissance à laquelle le plébiscite attribuerait le Corridor concéderait à
l'autre partie l'exterritorialité de l'autostrade et des voies ferrées qui le
traversaient — ce qui constituait un retour vers son « offre » du printemps
précédent. Un échange de populations était prévu ainsi que l'octroi réciproque
de la plénitude des droits aux ressortissants des deux puissances.
    On peut supposer que, si ces propositions avaient été faites
sérieusement, elles auraient incontestablement fourni une base de négociations
tout au moins entre l'Allemagne et la Pologne et auraient pu épargner au monde
sa deuxième grande guerre en une génération. Elles furent radiodiffusées à
l'intention du peuple allemand à vingt et une heures le 31 août, soit huit
heures et demie après qu'Hitler eut donné l'ordre ultime de l'attaque contre la
Pologne, et, pour autant que je pouvais en juger à Berlin, elles atteignirent
leur objectif et convainquirent le peuple allemand. D'ailleurs, elles
parvinrent à coup sûr à duper l'auteur de ces lignes sur lequel leur modération
fit une profonde impression lorsqu'il les entendit à la radio et qui exprima
son sentiment lorsqu'il s'adressa à l'Amérique en cette dernière nuit de la
paix.
    Lorsque Henderson regagna son ambassade, la nuit du 30 au 31
août, il était persuadé, comme il le dit plus tard, « que le dernier espoir de
paix venait de s'évanouir ». Il n'en poursuivit pas moins ses efforts. A deux
heures du matin, il sortit l'ambassadeur de Pologne de son lit en le mandant
d'urgence à l'ambassade, lui rapporta « brièvement et avec une modération
voulue » sa conversation avec Ribbentrop, mentionna que la cession de Dantzig
et un plébiscite dans le Corridor constituaient les deux points essentiels des
propositions allemandes, indiqua que celles-ci n'étaient pas, à son avis, «
trop déraisonnables », et suggéra pour finir que Lipski recommandât à son
gouvernement de proposer immédiatement une rencontre des maréchaux Smigly-Rydz
et Gœring. « Je me crus obligé d'ajouter, dit Henderson, que je ne croyais
absolument pas au succès d'une négociation menée avec Herr von Ribbentrop (62) [231] .
»
    Dans l'intervalle, l'infatigable Dahlerus n'était pas resté inactif.
A dix heures du soir, le 29 août, Gœring l'avait convoqué pour l'informer du «
cours décevant » de l'entretien qui venait de prendre fin entre Hitler,
Ribbentrop et Henderson. Le gros maréchal était, une. fois de plus, en proie à
l'une de ses crises d'hystérie, et il régala son ami suédois d'une violente
sortie à l'adresse des Polonais et des Anglais. Puis il se calma et assura à
son visiteur que le Führer était déjà en train d'élaborer une offre « magnanime
» ( grosszuegig ) destinée à la Pologne, et dont les seules exigences
précises devaient porter sur le retour de Dantzig, subordonnant l'avenir du
Corridor à la décision d'un plébiscite « sous contrôle international ».
    En réponse à Dahlerus qui lui demandait timidement quelle serait
l'importance de la zone du plébiscite, Gœring s'empara d'un vieil atlas, en
arracha une page et, à coups de crayons de couleur, se mit en devoir de
hachurer les zones « polonaise » et « allemande », incluant dans cette dernière
non seulement la Prusse polonaise d'avant-guerre, mais la ville industrielle de
Lodz, située à quatre-vingts kilomètres à l'est des frontières de 1914.
    L'agent suédois ne put s'empêcher de noter la « rapidité et la
témérité » avec lesquelles des décisions aussi importantes se prenaient dans le
Troisième Reich. Il accéda toutefois à la prière de Gœring qui lui demandait de
retourner immédiatement à

Weitere Kostenlose Bücher