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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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telle
humiliation, surtout après les exemples de la Tchécoslovaquie, de la Lithuanie
et de l'Autriche ». A son sens, si les négociations devaient s'effectuer «
entre égaux », il était essentiel qu'elles eussent lieu dans quelque pays
neutre (56).
    Son propre raidissement ainsi renforcé par les messages de ses
ambassadeurs à Berlin et à Varsovie, Halifax télégraphia à Henderson que le
gouvernement britannique ne pouvait « conseiller » aux Polonais de consentir à
ce qu'un plénipotentiaire se rende à Berlin comme le demandait Hitler. C'était,
précisa le secrétaire aux Affaires étrangères, « parfaitement déraisonnable ».
    Ne pourriez-vous suggérer au gouvernement allemand
(ajoutait Halifax) d'adopter, quand ses propositions seront prêtes, la
procédure normale, qui consiste à convoquer l'ambassadeur de Pologne et à lui
remettre les propositions pour qu'il les transmette à Varsovie, tout en offrant
des suggestions quant à la conduite des négociations (57) ?
    La réponse britannique à la dernière note d'Hitler fut remise à
Ribbentrop par Henderson à minuit, dans la nuit du 30 au 31 août. Elle provoqua
un entretien dramatique, que le docteur Schmidt, le seul observateur présent,
décrivit plus tard comme « le plus orageux auquel il ait jamais assisté pendant
ses trente années de carrière d'interprète (58) ».
    « Je dois vous dire, télégraphia l'ambassadeur immédiatement
après, qu'au cours de cet entretien déplaisant, Herr von Ribbentrop n'a fait
que singer l'attitude d'Hitler dans ses pires moments. » Et dans son Rapport
définitif, trois semaines plus tard, Henderson évoque l' « intense hostilité du
ministre des Affaires étrangères allemand, qui augmenta en violence au fur et à
mesure que je lui soumettais chacune de mes communications.
    Il ne cessait de se lever de son fauteuil dans un état de grande
surexcitation, me redemandant toujours si j'avais encore autre chose à dire. Je
lui répondais sans cesse que c'était le cas ». Schmidt rapporte que Henderson,
lui aussi, se levait fréquemment. A un moment, dit cet unique témoin, les deux
hommes bondirent en même temps et se fixèrent avec un air si furieux que
l'interprète allemand crut qu'ils allaient en venir aux mains.
    Toutefois, ce qui compte pour l'historien, ce n'est pas le
caractère grotesque de cette entrevue entre le ministre des Affaires étrangères
allemand et l'ambassadeur de Sa Majesté, à minuit, dans la nuit du 30 au 31
août, mais un développement de cet orageux entretien qui provoqua l'ultime acte
de fourberie d'Hitler et acheva, alors qu'il était trop tard, d'édifier Sir
Nevile Henderson sur le Troisième Reich. Ribbentrop jeta un coup d'oeil à la
réponse britannique et écouta à peine l'explication que tenta de lui fournir
Henderson [228] .
    Lorsque celui-ci s'aventura à lui demander les propositions
allemandes concernant le règlement du problème polonais, annoncé par Hitler
dans sa dernière note aux Anglais, Ribbentrop répliqua, d'un ton méprisant, que
l'heure en était passée, puisque l'émissaire polonais ne s'était pas présenté à
minuit comme on le lui avait demandé. Les Allemands avaient toutefois établi
des propositions dont Ribbentrop entreprit alors de faire la lecture. « Il me
les lut, ou, pour être exact, me les débita aussi rapidement qu'il put sur un
ton d'extrême exaspération », rapporta Henderson.
    Des seize articles qui les composaient, j'ai pu saisir le
sens de cinq ou six; mais il m'eût été totalement impossible de garantir
l'exactitude absolue même de ces quelques paragraphes sans une étude attentive
du texte lui-même. Quand il eut terminé, je lui demandai donc de me laisser
voir ce document. Ribbentrop refusa d'une manière catégorique, jeta le papier
sur la table d'un geste dédaigneux en m'affirmant qu'il était dès maintenant
dépassé étant donné qu'aucun émissaire polonais n'était arrivé à Berlin à
minuit [229] .
    Peut-être l'heure en était-elle dépassée, puisque ainsi en
avaient décidé les Allemands, mais, ce qui compte, c'est que ces « propositions
» allemandes n'avaient jamais visé à être considérées sérieusement, ni même à
être considérées du tout. En fait, elles constituaient un attrape-nigaud. Tout
au plus une feinte destinée à mystifier le peuple allemand et, si possible,
l'opinion mondiale, et à leur faire accroire qu'Hitler avait, en dernière
minute, tenté d'obtenir une satisfaction

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