Le Troisième Reich, T1
pulmonaire. Le fait de ne pas s'être spontanément
présenté aux autorités militaires et d'avoir attendu qu'elles le trouvent
elles-mêmes ne manqua pas de l'inquiéter lorsque son étoile se leva en
Allemagne. Greiner confirme ainsi un bruit qui courait dans les milieux
antinazis quand j'étais à Berlin : lors de l'Anschluss, Hitler aurait prescrit
à la Gestapo de rechercher en Autriche les pièces de son dossier militaire. Les
archives de Linz furent fouillées en vain, ce qui le rendit furieux. Elles
avaient été enlevées par un fonctionnaire local, qui les montra à Greiner après
la guerre.
[12] L'expression se trouve dans la première édition de Mein Kampf, mais elle a été
remplacée par « révolution » dans les suivantes.
[13] L'imputation de ces paroles à un général anglais est inexacte. Wheeler-Bennett
(Wooden Titan : Hindenburg — Hindenburg, titan de bois) écrit que deux généraux
britanniques — il faut reconnaître que le destin y met quelque ironie! — ont
été mêlés tout à fait involontairement à la création de la légende. « Le
premier fut le major général Sir Frederick Maurice, dont l'ouvrage The Last
Four Months (Les quatre derniers mois) a été impudemment présenté par les
journaux allemands comme établissant que l'armée fut trahie à l'intérieur par
les socialistes, et non pas défaite sur les champs de bataille. » Les démentis
opposés par Sir Frederick n'y firent rien, et Ludendorff utilisa ces fausses
interprétations pour convaincre Hindenburg. « L'autre officier, dit toujours
Wheeler-Bennett, fut le major général Malcolm, chef de la mission militaire
britannique à Berlin. Un soir qu'il dînait avec Ludendorff, celui-ci, avec sa
verbosité habituelle, prétendait que le haut commandement n'avait jamais été
suffisamment aidé par le gouvernement et qu'il avait été trahi par la
Révolution. Désirant condenser le sens de toutes ces paroles, le général
Malcolm demanda : « Voulez-vous dire que vous avez été poignardés dans le dos ?
» Ludendorff, écarquillant les yeux, sauta sur la phrase comme un chien sur un
os : « Poignardés dans le dos? répéta-t-il. Oui, c'est exactement cela. Nous
fûmes poignardés dans le dos. »
[14] Quelques généraux eurent le courage de le reconnaître. Le 23 août 1924, la
Frankfurter Zeitung publia sous la signature du général
baron von Schœnach un article analysant les causes de la défaite et aboutissant
à « l'inévitable conclusion que nous devons notre ruine à la suprématie de nos
autorités militaires sur nos autorités civiles... En fait, le militarisme
allemand s'est tout simplement suicidé. » (Cité par Telford Taylor dans Sword
and Swastika, p. 16. L'épée et la croix gammée.)
[15] Kapp naquit à New York le 24 juillet 1868.
[16] A la fin de la guerre, Ludendorff s'était enfui en Suède, affublé d'une fausse
barbe et de lunettes bleues. Revenu en Allemagne en février 1919, il écrivait à
sa femme : « Les révolutionnaires seraient complètement stupides de nous
laisser vivre. Si jamais je retrouve le pouvoir, il n'y aura pas de pardon;
avec la meilleure conscience du monde, je ferai pendre Ebert, Scheidemann et
compagnie, et je les regarderai se balancer. » (Margaritte Ludendorff, Als ich Ludendorffs Frau
war, p. 229. Quand j'étais la femme de Ludendorff). Ebert fut le premier
président et Scheidemann le premier chancelier de la République de Weimar.
Ludendorff, bien qu'adjoint d'Hindenburg, avait été le dictateur virtuel de
l'Allemagne durant les deux dernières années de la guerre.
[17] Eckart mourut d'éthylisme en décembre 1923.
[18] Harrer était également opposé au violent antisémitisme de Hitler; il pensait
que celui-ci s'aliénerait l'appui des classes laborieuses. Tels furent les
motifs réels de sa démission.
[19] En 1923, Drexler quitta le parti. De 1924-1928, il fut vice-président de la
Diète Bavaroise. Réconcilié avec Hitler en 1930, il n'eut plus d'activité
politique. Comme fait remarquer Heiden, il eut le sort de tous les précurseurs.
[20] Dans ses souvenirs, intitulés Unheard Witness, Hanfstaengl dit que son premier
contact avec Hitler fut établi par un Américain. Il s'agit du capitaine Truman
Smith, alors attaché militaire adjoint à Berlin. En novembre, Smith fut envoyé
par son ambassade à Munich afin de se renseigner sur un obscur agitateur appelé
Adolf Hitler et son Parti ouvrier national socialiste, récemment fondé. Pour un
jeune
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