Le Troisième Reich, T1
joug plus
pesant que n'avait été celui des Habsbourg, pendant les dernières décennies de
la monarchie. J'ai exposé ces questions plus longuement dans Midcentury
Journey.
[89] Plus tard, le docteur Schuschnigg a rapporté de mémoire ce qu'il appelle « les
passages importants » de cette conversation unilatérale et, bien qu'il ne
s'agisse pas d'un compte rendu sténographique, son récit rend un son absolument
authentique pour quiconque a entendu et étudié les innombrables discours
d'Hitler. Cette véracité est confirmée non seulement par tout ce qui s'est
passé depuis, mais par les relations d'autres personnages présents ce jour-là
au Berghof, notamment Papen, Jodl et Guido Schmidt. Je me réfère ici au récit
de Schuschnigg dans Requiem autrichien et à son témoignage écrit au procès de
Nuremberg (4).
[90] Il est bien évident qu'Hitler s'en tenait toujours, à cette époque, aux notions
erronées sur l'histoire austro-allemande qu'il avait acquises pendant son
enfance à Linz et, plus tard, à Vienne.
[91] La version de von Papen (voir ses Mémoires) est quelque peu différente, mais
celle de Schuschnigg semble plus véridique.
[92] Wilhelm Canaris était chef des Services secrets (Abwehr) de l'O.K.W.
[93] Selon le témoignage donné par le président Miklas au procès d'un nazi autrichien
jugé à Vienne, après la guerre, ce fut la France qui suggéra à Schuschnigg
l'idée d'un plébiscite. Dans ses mémoires, von Papen prétend que l'ambassadeur
de France à Vienne, M. Puaux, ami intime du chancelier, fut « le père de l'idée
du plébiscite ». Il reconnaît cependant que Schuschnigg prit certainement seul
la responsabilité de mettre cette idée à exécution (18)».
[94] Les passages supprimés furent retrouvés après la guerre dans les archives du
ministère des Affaires étrangères italien.
[95] Cette assurance donnée au sujet de la frontière du Brenner était un don
propitiatoire fait à Mussolini. Elle signifiait qu'Hitler ne réclamerait pas la
restitution du Tyrol du Sud, pris à l'Autriche et accordé à l'Italie par le
Traité de Versailles.
[96] En toute justice, il convient de signaler que le plébiscite de Schuschnigg
n'aurait guère été plus libre et plus démocratique que les plébiscites
hitlériens en Allemagne. Comme il n'y avait pas eu d'élections libres en
Autriche depuis 1933, les listes électorales n'étaient pas à jour. Seuls les
citoyens au-dessus de vingt-quatre ans étaient électeurs. Le public n'avait été
averti que quatre jours avant le plébiscite, si bien que le temps manquait pour
mener une campagne, même si les groupes de l'opposition, les nazis et les
sociaux-démocrates, avaient eu la liberté de le faire. Les sociaux-démocrates
auraient sans aucun doute voté Ja, contraints d'opter entre Hitler et
Schuschnigg, ils considéraient ce dernier comme un moindre mal et de plus ils
avaient reçu la promesse de se voir rendre la liberté politique. Il est hors de
doute que leurs voix auraient assuré la victoire de Schuschnigg.
[97] Dans son témoignage d'après guerre, auquel nous avons déjà fait allusion,
Miklas nie avoir adressé cette demande à Schuschnigg et même avoir approuvé
cette déclaration à la radio. Contrairement à ce qu'affirme le chancelier
sortant, le président n'était pas encore disposé à céder à la force : « Les
choses n'en sont pas venues à un tel point qu'il nous faille capituler »,
affirme-t-il avoir dit à Schuschnigg. Il venait de rejeter le second ultimatum
allemand. Il demeurait ferme. Mais le discours de Schuschnigg à la radio
contribua à miner sa position et à lui forcer la main. Comme nous le verrons,
l'opiniâtre vieux président tint encore plusieurs heures avant de capituler. Le
13 mars, il refusa de signer la loi d'Anschluss, qui supprimait l'existence
indépendante de l'Autriche et que promulgua Seyss-Inquart sur l'ordre d'Hitler.
Bien qu'il remit les fonctions de sa charge au chancelier nazi pour tout le
temps où il serait empêché de les exercer, il soutint qu'il n'avait jamais
officiellement donné sa démission de président : « Cela aurait été trop lâche,
expliqua-t-il par la suite, devant un tribunal viennois. Ce qui n'empêcha pas
Seyss-Inquart d'annoncer officiellement le 13 mars que le président à la
requête du chancelier, avait « résigné ses fonctions » et que ses « affaires »
seraient transférées au chancelier (28).
[98] Portant l'indication « ultra-secret »
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