Le Troisième Reich, T1
Presque tous les comptes rendus allemands des propos d'Hitler
ou d'autres personnages, tenus au cours de conversations privées, sont écrits à
la troisième personne, en discours indirect, bien que le texte glisse fréquemment
au discours direct, écrit à la première personne, sans aucun changement de
ponctuation. Cette question posait un problème de traduction.
[80] L'adroit ambassadeur de France, François-Poncet, qui le connaissait bien,
raconte dans son livre qu'à un certain moment Schacht avait espéré succéder à
Hindenbure comme prési dent, et même à Hitler « si les
choses tournaient mal » pour le Führer.
[81] Le 1er mars 1935, à Sarrebruck, le jour où la Sarre revenait à l'Allemagne, je
me trouvai à côté de Fritsch dans la tribune, un assez long moment avant que la
revue ne commençât. Bien qu'il me connût à peine (il savait seulement que
l'étais l'un des nombreux Journalistes américains résidant à Berlin), il
déclencha en ma présence un feu roulant de sarcasmes contre les S.S., le parti
et divers chefs nazis, à commencer par Hitler. Il ne cachait pas le mépris dans
lequel il les tenait tous. Voir Berlin Diary, p. 27.
[82] Cette affaire coûta sa situation à Hossbach deux jours plus tard, mais non pas
la vie, comme certains le craignaient. Il fut par la suite réintégré à
l'état-major général de l'armée, parvint pendant la guerre au rang de général
d'infanterie et commanda la 4e armée sur le front russe, jusqu'au jour ou il
fut brusquement destitué par Hitler, par téléphone, le 28 janvier 1945, pour
avoir ordonné la retraite au mépris des ordres du Führer.
[83] Ce nom nous est fourni par Gisevius, dans To the bitter end, p. 229.
[84] D'après Milton Shulman, Defeat in
the West, p. 10, Hitler intervint personnellement auprès de la première Frau
von Brauchitsch pour obtenir son consentement au divorce et contribua
personnellement à assurer son avenir, de sorte que le commandant en chef lui
était personnellement obligé. Shulman cite comme source un rapport des services
secrets de l'armée canadienne.
[85] Pour détourner l'attention du public, que la crise militaire risquait
d'inquiéter, et pour sauvegarder, dans une certaine mesure, le prestige de
Neurath tant en Allemagne qu'à l'étranger, Hitler, sur la proposition de Jodl,
créa l'organisme désigné sous le nom de Conseil secret de cabinet (Geheimer
Kabinettsrat) et destiné, aux termes du décret en date du 4 février, à lui
fournir « un guide pour la conduite de la politique étrangère ». Neurath en fut
nommé président ; il comptait parmi ses membres Keitel et les chefs des trois
armes, ainsi que les personnages les plus importants du cabinet ordinaire et du
parti. La machine de propagande de Gœbbels célébra sa naissance à grand bruit,
le présentant comme une sorte de super cabinet et donnant à croire que, pour
Neurath, il s'agissait en réalité d'une promotion. En fait, le Conseil secret
de cabinet était une pure fiction. Il n'eut jamais d'existence véritable. Ainsi
qu'en témoigna Gœring à Nuremberg : « Ce cabinet n'a, bien entendu, jamais
existé, mais on pensait que le titre ferait bien; et puis tout le monde
s'imaginerait qu'il représentait quelque chose de concret... Je déclare sous la
foi du serment que ce Conseil de cabinet secret ne s'est jamais réuni, fût-ce
une seule minute (12). »
[86] Quand von Papen arriva, trente-six heures plus tard, à la Chancellerie, il
trouva Hitler « encore dans un état de surexcitation proche de l'hystérie ». (Von Papen, Mémoires. p. 283.)
[87] Voir plus haut.
[88] C'était justement le quatrième anniversaire du massacre des sociaux-démocrates
autrichiens par le gouvernement Dollfuss, dont Schuschnigg était alors membre.
Le 12 février 1934, 17 000 hommes appartenant aux troupes gouvernementales et à
la milice fasciste avaient pointé l'artillerie sur les quartiers ouvriers de
Vienne, tuant un millier d'hommes, de femmes et d'enfants et en blessant 3 000
à 4 000. Les libertés politiques et démocratiques furent dès lors foulées aux
pieds, et l'Autriche, gouvernée par Dollfuss, puis par Schuschnigg, connut un
régime de dictature cléricalo-fasciste. Il était certainement moins rigoureux
que la dictature nazie, comme peuvent l'attester ceux d'entre nous qui ont
travaillé à cette époque à la fois à Vienne et à Berlin. Néanmoins il privait
le peuple autrichien de ses libertés politiques et lui imposait un
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