Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
restèrent immobiles.
    L'étranglement de l'économie allemande précipita la dégringolade
du mark. Lors de l'occupation de la Ruhr en janvier 1923, il tomba à 18 000
pour un dollar; le 1er juillet, à 160 000; le 1er août, à 1 million. En
novembre, quand Hitler pensa que son heure sonnait, un dollar coûtait 4
milliards de marks; ensuite, ce fut par trillions qu'on compta. La monnaie
allemande n'avait plus aucune valeur; le pouvoir d'achat des appointements et
des salaires était réduit à zéro; l'épargne des classes moyennes et laborieuses
fut balayée. Mais quelque chose de plus important encore était détruit : la
confiance populaire dans la structure économique allemande. A quoi, se
disait-on, rimaient les principes et les mœurs d'une société qui préconisait de
mettre de l'argent de côté, de faire des placements, qui en promettait
solennellement un revenu sûr et qui ensuite manquait à sa parole?
N'escroquait-elle pas le peuple?
    Et le désastre lui-même, n'était-il pas la faute de cette
République démocratique, qui avait capitulé devant l'ennemi et accepté le
fardeau des réparations? Or, malheureusement pour elle et pour son avenir, la
République portait une responsabilité certaine. Elle aurait pu arrêter
l'inflation en équilibrant le budget, tâche difficile, mais non pas impossible.
Une assiette raisonnable de l'impôt eût réalisé ce résultat; le gouvernement
n'osa pas le faire. En somme, le coût de la guerre (164 milliards de marks)
n'avait pas, même partiellement, été acquitté par l'impôt direct; 93 milliards
furent fournis par l'emprunt, 29 milliards par des bons du Trésor, et le reste
en augmentant la création du papier-monnaie. Au lieu de taxer lourdement les
citoyens en mesure de payer, le gouvernement républicain allégea leurs charges
fiscales en 1921.
    Dès lors, sur les conseils des grands industriels et
propriétaires fonciers, qui continuaient à gagner tandis que la masse du peuple
était pécuniairement ruinée, le gouvernement laissa délibérément le mark
s'effondrer, afin de libérer l'État de la dette publique, d'échapper aux réparations
et de placer l'occupation française de la Ruhr devant un sabotage financier. De
plus, la ruine de la monnaie permit à l'industrie lourde de liquider ses
obligations en les payant au moyen de marks sans valeur. Et l'état-major
général (camouflé en Truppenamt , ou Bureau des Troupes, afin de tourner
les dispositions du traité qui l'avait interdit) constata que la chute du mark,
en supprimant les réparations, laissait l'Allemagne financièrement indemne pour
une nouvelle guerre.
    De leur côté, les masses populaires ne comprirent pas à quel
point les magnats de l'industrie, l'armée et l'État tiraient profit de la ruine
monétaire. Tout ce que savaient les gens, c'était qu'un gros compte en banque
ne permettait pas d'acheter une maigre botte de carottes, cinq kilos de pommes
de terre, un quart de sucre ou une livre de farine. Ils savaient qu'en tant
qu'individus ils avaient tous fait faillite. Et ils savaient aussi quand la
faim les rongeait, ce qui arrivait tous les jours. Dans leur misère et leur
désespoir, ils firent de la République le bouc émissaire responsable de tous
leurs malheurs.
    De telles circonstances étaient pour Hitler un présent du Ciel.

LA REVOLTE EN BAVIERE
     « Le gouvernement continue tranquillement à imprimer ces
chiffons de papier, car ce serait sa fin s'il s'arrêtait, s'écria-t-il. Parce
que, si la planche à billets s'arrêtait — et c'est la condition pourtant
indispensable à la stabilisation du mark — l'escroquerie apparaîtrait aussitôt
au grand jour... Croyez-moi : notre misère augmentera encore. Le scélérat saura
s'en tirer. Et pourquoi? Parce que c'est l'État lui-même qui est devenu le
premier des escrocs et des gredins. Un État de voleurs! Si les gens découvrent
avec horreur qu'ils risquent par millions de mourir de faim, ils devront en conclure
que nous ne nous soumettrons pas plus longtemps à un État construit sur cette
idée de l'escroquerie à la majorité. Nous voulons une dictature (5)... »
    Sans aucun doute, les dures conditions et l'incertitude créée
par une folle inflation inclinaient-elles les Allemands à cette conclusion, et
Hitler était tout disposé à les y conduire. En fait, il avait commencé à croire
que la situation chaotique de 1923 offrait, pour renverser la République, une
occasion qui ne se retrouverait pas. Cependant, il

Weitere Kostenlose Bücher