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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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volée de balles, sembla perdu de
réputation; sa carrière, commencée avec la rapidité d'un météore, parut
s'achever aussi vite.

LE PROCES EN TRAHISON
    Les événements devaient montrer que cette carrière n'était
qu'interrompue, et pas pour longtemps. Hitler eut l'intelligence de comprendre
que son procès, loin de lui être fatal, allait lui fournir un nouveau
piédestal, d'où il pourrait non seulement discréditer les autorités, elles
aussi compromises, qui l'avaient fait arrêter, mais encore — ce qui était plus
important — diffuser pour la première fois son nom bien au-delà des confins de
la Bavière et même de l'Allemagne. Il savait que les envoyés spéciaux de la
presse mondiale et ceux des principaux journaux allemands accouraient à Munich
pour suivre le procès, qui s'ouvrit le 26 février 1924 devant une cour spéciale
siégeant à l'ancienne École d'infanterie de la Blutenburgstrasse. Lorsqu'il fut
terminé, vingt-quatre jours plus tard, Hitler avait transformé la défaite en
triomphe, fait partager sa culpabilité à Kahr, Lossow et Seisser, impressionné
le peuple allemand par son éloquence et par la ferveur de ses sentiments
nationalistes et fait briller son nom au tableau d'affichage de l'actualité
mondiale.
    Bien que Ludendorff fût de beaucoup le plus connu des dix
prisonniers se présentant au banc des accusés, Hitler s'arrogea tout de suite
le devant de la scène. Du début à la fin, il domina la salle d'audience. Franz
Gurtner, ministre de la Justice de Bavière, vieil ami et protecteur du chef
nazi, avait fait en sorte que l'appareil judiciaire se montrât complaisant et
indulgent. Jamais Hitler ne fut empêché d'interrompre chaque fois qu'il le
désirait, de questionner à volonté les témoins et de parler en son nom propre
aussi souvent et aussi longtemps qu'il le voulait. Sa déclaration préliminaire,
qui dura quatre heures pleines, ne fut que la première de longues et nombreuses
harangues.
    Il se garda de l'erreur commise par ceux qui, accusés de
complicité dans le putsch Kapp, avaient, comme il le dit ultérieurement,
prétendu qu' « ils ne savaient rien, ne visaient rien et ne désiraient rien.
C'était là ce qui faisait la ruine de la société bourgeoise: elle n'avait pas
le courage de reconnaître ses responsabilités... de se présenter devant le juge
en affirmant : « Oui, c'est cela que nous voulions faire; nous voulions détruire l'État. »
    Placé maintenant devant les juges et les représentants de la
presse internationale, Hitler proclama orgueilleusement : « Je suis le seul
responsable, mais cela ne fait pas de moi un criminel. Si je suis ici comme
révolutionnaire, c'est comme révolutionnaire ennemi de la révolution. Or, on ne
voit pas accuser de haute trahison les traîtres de 1918. »
    S'il existait contre lui un tel grief, alors les trois hommes
qui étaient en Bavière à la tête du gouvernement, de l'armée et de la police et
qui avaient conspiré avec lui contre le gouvernement allemand étaient aussi
coupables, et ils auraient dû se trouver à ses côtés au banc des accusés, au
lieu d'être assis à la barre des témoins pour être ses premiers accusateurs.
Adroitement, il renversa donc la situation aux dépens des triumvirs, qui se
sentaient mal à l'aise et la conscience inquiète :
    Une chose était certaine. Lossow, Kahr et Seisser avaient
le même objectif que nous : se débarrasser du gouvernement du Reich... Si notre
entreprise constituait réellement de la haute trahison, il faut alors que
pendant la même période, Lossow, Kahr et Seisser aient été avec nous coupables
de haute trahison; en effet, pendant toutes ces semaines, non n'avons parlé de
rien d'autre que des buts dont nous avons maintenant à répondre.
    Les trois hommes ne pouvaient guère infirmer cette assertion,
car elle était exacte. Kahr et Seisser étaient incapables de résister aux
attaques d'Hitler. Seul, le général von Lossow sut se défendre sans mâcher ses mots.
« Je ne suis pas un comitadji en disponibilité, fit-il remarquer à la cour.
J'occupais de hautes fonctions dans l'État. » Et il déversa tout son mépris de
vieil officier sur l'ex-caporal, cet ambitieux en chômage, que ses aspirations
démesurées avaient conduit à vouloir s'imposer à l'armée et à l'État. Il
s'étonna même avec emphase de la distance parcourue par cet individu sans
scrupule depuis les jours encore récents où il avait consenti à n'être que
l'agent de

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