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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d'atteindre le ministère et de libérer Rœhm, Hitler et
Ludendorff entreprirent alors de faire passer leur colonne par l'étroite
Residenzstrasse qui, juste derrière la Feldherrnhalle, débouche sur la vaste
Odeonsplatz. Au bout de cette rue étroite, un détachement d'une centaine de policiers
armés de carabines obstruait la route. Occupant une position stratégique, ils
ne cédèrent pas le terrain.
    De nouveau, les nazis tentèrent de passer en parlementant. L'un
d'eux, le fidèle garde du corps Ulrich Graf, s'avança vers l'officier et lui
cria : « Né tirez pas! Son Excellence Ludendorff arrive! » Même en ce moment
décisif et périlleux, un révolutionnaire allemand, fût-il ex-lutteur amateur et
bagarreur professionnel, n'oubliait pas de donner à un gentilhomme le titre
auquel il avait droit. Hitler hurla de son côté : « Rendez-vous ! Rendez-vous!
» Mais l'officier de police inconnu ne se rendit pas. Sans doute, le nom de
Ludendorff ne lui semblait-il ni prestigieux ni magique; il était la police, et
non l'armée.
    Quel camp tira le premier? On ne l'a jamais établi, et chacun a
prétendu que c'était l'autre. Un témoin a déclaré ultérieurement que ce fut
Hitler, avec son revolver. Un autre pensait qu'il s'agissait de Streicher. En
tout cas, plus d'un nazi m'a dit que c'était ce geste qui, plus que n'importe
quoi, l'avait si longtemps attaché sentimentalement à Hitler [25] .
    Toujours est-il qu'un coup de feu fut tiré et que, l'instant
d'après, partit de chaque côté une volée de balles qui sonna le glas des
espoirs nourris par Hitler. Scheubner-Richter tomba, mortellement touché;
Gœring s'affaissa également, avec une grave blessure à la cuisse. Le feu cessa
en une minute, mais la rue était déjà jonchée de corps; 16 nazis et 3 policiers
gisaient, tués ou mourants; il y avait des blessés en bien plus grand nombre,
et les autres, Hitler compris, se collaient aux pavés pour échapper au
massacre.
    Il y eut une exception; si son exemple avait été suivi, les
événements auraient pu changer du tout au tout. Ludendorff ne se jeta pas au
sol. Debout, droit et fier dans la meilleure tradition militaire, flanqué de
son officier d'ordonnance, le major Streck, il continua d'avancer avec calme
devant les carabines des policiers, jusqu'à l'Odeonsplatz. Aucun nazi ne marcha
derrière ces silhouettes impressionnantes; aucun, même pas leur chef suprême,
Adolf Hitler.
    Le futur chancelier du Troisième Reich n'attendit personne pour
se soustraire au danger. Lorsque la colonne s'approcha du cordon de la police,
il passa son bras gauche autour du bras droit de Scheubner-Richter (geste bizarre,
mais peut-être révélateur), et celui-ci, quand il fut touché, l'entraîna dans
sa chute sur le pavé. Il se peut qu'Hitler se soit alors cru blessé, car il
éprouvait une vive douleur; on constata ensuite qu'elle était causée par un
déboîtement de l'épaule. Il n'en reste pas moins que, selon le témoignage d'un
de ses partisans nazis, qui se trouvait dans la colonne, le médecin Walther
Schulz — témoignage appuyé par plusieurs autres — Hitler « fut le premier à se
relever et à revenir en arrière », laissant ses camarades tués et blessés
couchés par terre en pleine rue. On se hâta de le faire partir dans une
automobile qui attendait et on l'enleva jusqu'à la maison de campagne des
Hanfstaengl, à Uffing, où il fut soigné par la femme et la sœur de Putzi. Deux
jours plus tard, il fut arrêté.
    Ludendorff, lui, fut arrêté sur les lieux mêmes. Montrant son
mépris pour les rebelles, qui n'avaient pas eu le courage de continuer à
avancer avec lui, et tout son ressentiment contre l'armée, parce qu'elle ne
s'était pas rangée à ses côtés, il déclara qu'Il nereconnaîtrait plus jamais un officier allemand et qu'il ne
porterait plus l'uniforme. Gœring reçut les premiers soins d'un Juif,
propriétaire d'une banque toute proche où il avait été transporté; il fut
ensuite clandestinement passé en Autriche par sa femme et conduit dans un
hôpital d'Innsbruck. Hess s'enfuit également en Autriche. Au ministère de la
Guerre, Rœhm fit sa reddition deux heures après l'échauffourée de la
Feldherrnhalle. Bref en quelques jours, tous les rebelles, sauf Gœring et Hess,
furent pris et emprisonnés. Le putsch nazi s'était terminé par un fiasco. Le
parti fut dissous. Selon toute apparence, le national-socialisme était mort.
Son chef despotique, enfui dès la première

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