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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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publicité d'un mouvement patriotique.
    Rien qu'un agent de publicité? Hitler n'eut pas de peine à
riposter :
    Les hommes sans envergure ont des pensées bien mesquines.
Croyez-moi, je ne considère pas l'obtention d'un portefeuille ministériel comme
quelque chose qui vaille un effort. Je ne tiens pas pour digne d'un homme
vraiment grand de chercher à passer à la postérité en devenant un ministre; on
risque trop d'être enterré avec ses collègues! Mon but a toujours été mille
fois plus élevé. J'ai voulu devenir le destructeur du marxisme. Telle est la
tâche que je vais accomplir. Si j'y parviens, le titre de ministre ne sera
quant à moi qu'une absurdité.
    Il invoqua l'exemple de Wagner :
    Lorsque je me vis pour la première fois devant la tombe de
Richard Wagner, mon cœur se gonfla de fierté à la pensée d'un homme qui avait
interdit toute inscription du genre de « Ci-gît le conseiller privé, directeur
musical, Son Excellence le baron Richard von Wagner ». J'étais fier que cet
homme, ainsi que tant d'autres dans l'histoire de l'Allemagne, se soit contenté
de confier son nom à l'avenir sans ses titres. Ce ne fut pas par modestie que
je voulus naguère être un agent de publicité; ce fut par la plus haute des
inspirations, et le reste ne compte pas.
    On l'accusait d'avoir voulu passer d'homme-sandwich à
dictateur. II ne s'en dédit point. Le destin en avait décidé ainsi.
    L'homme né pour être dictateur ne l'est pas à son corps
défendant. C'est lui qui en a la volonté. Il n'est pas poussé en avant. C'est
lui qui se pousse. Rien de contraire à la modestie en cela. Est-il sans
modestie pour un ouvrier de chercher un travail pénible? Est-il présomptueux,
pour un homme qui a le front élevé d'un penseur, de passer ses veilles à faire
au monde le présent d'une invention? Celui qui se sent appelé à gouverner un
peuple n'a pas le droit de dire : « Si vous me voulez ou si vous me convoquez,
je collaborerai. » Non! Son devoir, c'est de se mettre en avant.
    Quoique Hitler, au banc des accusés, fût passible d'un long
emprisonnement pour crime de haute trahison envers son pays, sa confiance en
soi et en sa vocation de « gouverner un peuple » demeurait entière. Pendant
qu'il était détenu en prévention, il analysait déjà les causes de son échec et
il se jurait de ne plus commettre les mêmes fautes. Treize ans après, ayant
atteint son but et rappelant ses souvenirs, il dit à ses partisans, réunis au Buergerbräukeller pour célébrer l'anniversaire du putsch : « Je peux déclarer tranquillement que
ce fut la décision la plus risquée de ma vie. Quand j'y songe aujourd'hui, la
tête me tourne... Si vous voyiez maintenant défiler une de nos escouades de
1923, vous vous demanderiez de quel dépôt de mendicité elle était sortie...
    Mais le destin nous fut favorable. Il interdit de réussir à une
entreprise qui, si elle avait réussi, se serait inévitablement transformée en
déroute finale, car notre mouvement manquait alors de toute maturité, comme
d'organisation et de fondements intellectuels... Nous reconnûmes qu'il ne
suffit pas de renverser l'État mais que l'État nouveau doit avoir été
préalablement construit et rendu prêt à fonctionner sous la main qui le
commande... En 1933, il n'était plus question de renverser l'État par un acte
de violence; dans l'entre-temps, l'État nouveau avait été construit; il ne
restait qu'à détruire les derniers vestiges de l'ancien. Cela ne prit que
quelques heures. »
    Hitler entrevoyait déjà l'édification du nouvel État nazi,
tandis qu'à son procès il discutait avec ses juges et ses accusateurs. Tout
d'abord, la fois suivante, il ferait en sorte d'avoir l'armée allemande avec lui, et non contre lui. Dans sa déclaration finale, il s'attarda sur
cette idée de réconciliation et il n'eut pas un seul mot de reproche à l'égard
des militaires.
    Je suis convaincu que l'heure viendra où les masses,
groupées aujourd'hui dans la rue autour de notre bannière au svastika,
s'uniront à ceux qui tirèrent sur elles... Lorsque j'appris que c'était la
police Verte qui tirait, je me sentis heureux que ce ne fût pas la Reichswehr
qui s'abaissait ainsi. La Reichswehr demeure aussi libre de toute pollution
qu'autrefois. Un jour, elle sera tout entière à nos côtés, officiers et soldat.
    La prévision était exacte; mais le président intervint. «
Monsieur Hitler, vous dites que la police Verte s'est abaissée. Cela, je

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