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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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atterrit sur le dos, sa tête heurta un roc et il perdit connaissance.
    Dix minutes plus tard, les soldats blancs de Custer présents sur la colline étaient morts jusqu'au dernier. L'éclaireur inconscient ne put rien voir de la scène, mais tout fut consommé en un éclair. Les guerriers sioux racontèrent par la suite que les quelques douzaines de survivants qui poursuivaient le combat avaient disparu d'un instant à l'autre : le Grand Manitou les avait
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    tout simplement emportés. En réalité, bon nombre d'entre eux s'étaient contentés de ´ ramper vers leur fusil ª ou de faire usage de leur CoÔt.
    Certains rendirent ce service à un camarade blessé, d'autres retournèrent leur arme contre eux.

    Lorsque Ben Craig retrouva ses esprits, la tête lui tournait et ses oreilles bourdonnaient à cause du choc qu'il avait reçu. H souleva les paupières. Il gisait sur le flanc, les mains liées derrière le dos, une joue appuyée contre la terre. Des brins d'herbe lui effleuraient le visage.
    quand ses idées s'éclaircirent un peu, il remarqua des pieds chaussés de daim qui se déplaçaient autour de lui, et il entendit des voix échauffées mêlées de cris triomphants. Sa vision devint également plus nette. Des jambes nues, des pieds chaussés de mocassins sillonnaient le coteau en courant. C'étaient les Indiens Sioux en quête d'un butin et de trophées.
    L'un d'eux surprit probablement le mouvement de ses yeux. Un rugissement de triomphe éclata et des mains solides redressèrent son buste sans ménagement.
    quatre guerriers avaient fait cercle autour de lui, un rictus sur leur face peinte, le cerveau encore affolé par la fièvre du carnage. H vit se lever la massue de pierre d'un guerrier, prête à lui démolir le cr‚ne. Attendant la mort, il se demanda vaguement durant quelques instants ce qui se trouvait de l'autre côté. Mais le coup ne s'abattit pas. Au lieu de ça, une voix cria : Árrêtez ! ª Ben Craig leva les yeux. L'homme qui venait de parler était monté sur un poney, à quelques pas de lui. Comme le soleil couchant se trouvait sur la droite par rapport au cavalier, la lumière éblouissante réduisait son apparence à un simple contour.
    Ses cheveux n'étaient pas tressés ; ils descendaient dans son dos et sur ses épaules comme une cape noire. Ne portant ni lance ni hachette en fer, il ne pouvait pas être cheyenne. Le poney s'étant légèrement décalé, l'épaule du cavalier masqua le soleil et sa lueur aveuglante. Son ombre tomba sur le visage de Craig et il le distingua plus clairement. Le pinto n'était pas de couleur pie, contrairement aux montures de la plupart des Indiens. C'était un de ces poneys roux clair qu'on appelait ´golden buckskinª. Craig en avait déjà entendu parler. L'homme qui le chevauchait portait pour tout vêtement un pagne en tissu et une paire de mocassins.
    Vêtu comme un simple brave, il n'en avait pas moins l'autorité d'un chef.
    Son bras gauche ne tenait pas de bouclier,
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    comme s'il ne daignait pas protéger sa vie, mais il était armé d'une massue de pierre. C'était donc un Sioux.
    La massue de guerre était une arme redoutable : un manche de cinquante centimètres, terminé par une fourche. Celle-ci retenait une pierre lisse de la taille d'un gros ouf de cane, assujettie par des lanières de cuir que l'on mouillait au moment de les nouer. Elles séchaient alors au soleil et se rétrécissaient assez pour empêcher la pierre de tomber. Un coup porté
    avec cette massue était capable de briser un bras, une épaule ou des côtes, et de broyer un cr‚ne comme une coquille de noix. Les Indiens étaient obligés de frapper de très près, ce qui les couvrait de gloire.
    Lorsque l'homme se remit à parler, il utilisa la langue des Sioux Oglalas, plus proche de celle des Cheyennes, et l'éclaireur comprit ses paroles.
    - Pourquoi avoir attaché le wasichu de cette manière ?
    - Ce n'est pas nous, Grand Chef, nous l'avons trouvé ligoté comme ça, par son propre peuple.
    Les yeux noirs se posèrent sur les lanières qui enserraient les chevilles de Craig. Il en prit note, mais s'abstint de tout commentaire. H était assis, absorbé dans ses pensées. Sa poitrine et ses épaules étaient couvertes de peintures - des cercles figurant des grêlons - et depuis la racine de ses cheveux, un éclair noir zigzaguait jusqu'à son menton marqué
    par les balles. H ne portait pas d'autre parure, mais Craig le connaissait de réputation. Il avait devant

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