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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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les Indiens se ressentaient de ces pertes. Un peu partout dans le campement, des mères et des veuves entonnaient des mélopées funèbres devant le corps d'un époux ou d'un fils, et le préparaient pour le Grand Voyage.
    Au centre du village hunkpapa flambait un feu plus grand que les autres.
    Rassemblés autour, se tenaient une douzaine de chefs, dont le plus important était Sitting Bull. Il n'avait que quarante ans mais il paraissait plus ‚gé. …clairé par les flammes, son visage couleur acajou, aux traits accusés, semblait encore plus sombre. Comme Crazy Horse, on le vénérait pour la vision capitale qu'il avait eue un jour du destin de son peuple et des buffles des Plaines. C'était une vision macabre : il les avait vus massivement décimés par l'homme blanc, et sa haine des visages-p
    ‚les était notoire. On jeta Craig à cinq mètres sur sa gauche pour que le feu de camp ne gêne pas la vue. Us passèrent un moment à le dévisager avec attention. Sitting Bull donna un ordre que Craig in
    ne réussit pas à comprendre. Dégainant son couteau, un brave alla se placer derrière Ben. Il attendit le coup de gr‚ce.
    La lame trancha les cordes qui maintenaient ses poignets. Pour la première fois en vingt-quatre heures, il put ramener ses mains sur le devant. Il se rendit compte qu'il avait perdu toute sensibilité. Le sang recommença à
    affluer, provoquant de violents picotements et une sensation douloureuse.
    Son visage ne trahissait rien.
    Sitting Bull reprit la parole, et cette fois, c'est à lui qu'il s'adressa.
    H ne comprit pas ses propos, mais répondit malgré tout en cheyenne, provoquant une rumeur de surprise. Un des autres chefs, un Cheyenne nommé
    Two Moon, lui demanda alors :
    - Le Grand Chef veut savoir pourquoi les wasichu t'ont attaché à ton cheval et t'ont ligoté les mains derrière le dos.
    - J'avais enfreint leurs règles.

    - Gravement ?
    Two Moon fit office d'interprète pendant la suite de l'interrogatoire.
    - Le chef des Tuniques Bleues avait l'intention de me pendre, demain matin.
    - qu'est-ce que tu leur avais fait ?
    Craig se mit à réfléchir. C'était donc seulement la veille que Braddock avait incendié les tentes du village de Tall Elk ? Il commença son récit par cet épisode et termina sur sa condamnation à mort. Il vit Two Moon hocher la tête en entendant mentionner le campement de Tall Elk. Il était déjà au courant. Craig faisait une pause après chaque phrase pour que Two Moon traduise en sioux. Une fois le récit achevé, les chefs se concertèrent rapidement à voix basse. Two Moon commanda à un de ses hommes :
    - Retourne dans notre village, et ramène Tall Elk et sa fille. Le brave alla détacher son poney, monta sur son dos et s'éloigna. Sitting Bull poursuivit son interrogatoire.
    - Pourquoi es-tu venu faire la guerre aux peaux-rouges ?
    - Us m'ont dit qu'ils venaient ici pour que les peaux-rouges retournent dans les réserves du Dakota. Personne ne pensait tuer qui que ce soit jusqu'à ce que Longs-Cheveux perde la tête.
    Après un nouvel entretien à voix basse, Two Moon demanda : 253
    - Longs-Cheveux était là ?
    Pour la première fois, Craig comprit qu'ils ignoraient contre qui ils s'étaient battus.
    - H est sur le coteau de l'autre rive. Et il est mort.
    Le silence retomba au terme d'un nouveau conciliabule. Un conseil était quelque chose de sérieux, et il était inutile de se presser. Au bout d'une demi-heure, Two Moon questionna :
    - Pourquoi portes-tu cette plume d'aigle blanche ?
    Craig lui fournit l'explication. Dix ans plus tôt, à l'‚ge de quatorze ans, il s'était joint à une bande de jeunes Cheyennes pour aller chasser dans les montagnes. Tous se servaient d'arcs et de flèches, sauf Craig qui avait pu emprunter le fusil Sharps du vieux Donaldson. Us s'étaient fait surprendre par un grizzli. Si le vieil ours irascible n'avait plus une seule dent, il lui restait par contre assez de force dans les pattes pour tuer un homme d'un seul coup. Surgissant d'un fourré avec des grognements impressionnants, l'ours avait foncé sur eux. ¿ ce moment-là, un des braves qui se trouvaient derrière Two Moon demanda la permission de l'interrompre.
    - Je me souviens de cette histoire. Elle a eu lieu dans le village de mon cousin.
    Autour d'un feu de camp, rien ne vaut une bonne histoire. On l'invita donc à terminer le récit, et les Sioux se penchèrent pour mieux entendre la traduction de Two Moon.
    - L'ours était aussi grand qu'une

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