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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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stridents.
    Tous les soldats les prenaient pour des cris de guerre. Craig, lui, n'était pas dupe. Loin d'être belliqueux, ces cris étaient en fait des cris de mort, celle des Indiens eux-mêmes. Us remettaient 246
    simplement leur ‚me entre les mains du Grand Manitou. Mais la chose qui eut raison ce jour-là du 7e régiment fut la peur d'être capturé vivant et soumis à la torture. On avait bourré le cr‚ne des soldats d'histoires atroces sur la fin que les Indiens réservaient à leurs prisonniers. La plupart d'entre elles étaient fausses.
    La notion de prisonnier de guerre était étrangère à la culture des Indiens des Plaines qui n'avaient aucun endroit o˘ séquestrer les captifs.
    Cependant, une armée ennemie pouvait se rendre avec les honneurs si elle avait perdu la moitié de ses effectifs. Au bout de soixante-dix minutes, ce fut certainement le cas pour Custer. Si l'adversaire poursuivait le combat dans ces conditions, il était logique qu'il périsse jusqu'au dernier homme.
    quand un soldat était capturé vivant, il subissait la torture dans deux cas précis : s'il apparaissait qu'il s'était parjuré après s'être solennellement engagé à ne plus jamais attaquer cette tribu, et s'il s'était montré l‚che au combat. Dans ce cas, il s'exposait au plus profond mépris. Et dans les deux cas il avait perdu son honneur. Dans la culture des Sioux et des Cheyennes, il est possible de reconquérir son honneur en endurant la souffrance avec courage et stoÔcisme. Un menteur ou un poltron pouvait profiter de cette opportunité, par le truchement de la douleur physique. Custer faisait partie de ceux qui avaient juré aux Cheyennes de ne plus jamais les combattre. Le reconnaissant parmi les victimes, deux squaws de cette tribu percèrent les tympans du cadavre avec des poinçons en acier. Afin qu'il entende mieux, la prochaine fois.

    Tandis que se refermait le cercle des Cheyennes et des Sioux, la panique se propagea comme un feu de brousse parmi les survivants. A cette époque, la visibilité était toujours réduite au cours d'une bataille. En effet, toutes les munitions disponibles dégageaient de la fumée. Au bout d'une heure, la poudre avait voilé la colline d'un rideau de fumée. C'est à travers ce voile que surgirent les sauvages grimés. Les imaginations s'emballèrent aussitôt. Des années plus tard, un poète britannique écrirait ceci : quand sur les plaines afghanes tu gis ensanglanté Et que viennent les femmes pour profaner ton corps Rampe vers ton fusil, et donne-toi la mort.
    Comme un soldat alors, vers Dieu tu peux monter.
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    Aucun des survivants de ce coteau ne vivrait assez longtemps pour connaître Kipling, mais ils firent comme il disait. Craig entendit tirer les premiers blessés qui cherchaient à fuir les affres de la torture. Il se tourna vers le sergent Lewis. Près de lui, l'imposant sergent avait le visage livide, tandis que les deux chevaux cédaient à la panique. Impossible de s'échapper en reprenant la piste en sens inverse : elle fourmillait littéralement de Sioux Oglalas.
    - Sergent, vous n'allez pas me laisser mourir comme un cochon ficelé !
    s'écria l'éclaireur.
    Lewis hésita et, après quelques instants de réflexion, son sens du devoir l'abandonna. H mit pied à terre et sortit son couteau afin de trancher les lanières qui attachaient les chevilles de Craig à la sangle de sa monture.
    Trois choses se produisirent alors en l'espace d'une seconde. Deux flèches décochées à moins de cent mètres de distance se fichèrent dans la poitrine du sergent. Le couteau à la main, il les regarda d'un air stupéfait, puis ses jambes fléchirent et il s'effondra à plat ventre.
    Encore plus près, un guerrier sioux émergea des herbes et braqua sur Craig un antique fusil à silex avant d'ouvrir le feu. Pour pouvoir tirer de loin, il avait mis une trop grande quantité de poudre noire. Pis, il avait oublié
    de retirer la baguette. La culasse explosa en grondant dans un jaillissement de flammes, réduisant en charpie la main droite de l'Indien.
    S'il avait épaulé son fusil, la moitié de sa tête aurait été emportée, mais là, il avait calé l'arme contre sa hanche. La baguette sortit du canon en vibrant comme un harpon. Craig faisant face au tireur, elle pénétra dans le poitrail de son cheval et s'enfonça jusqu'au cour. Tandis que l'animal s'écroulait, Craig, les poignets toujours ligotés, essaya de se jeter à
    terre pour se protéger. Lorsqu'il

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