Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
Vom Netzwerk:
les yeux le légendaire Crazy Horse, chef incontesté des Sioux Oglalas depuis douze ans - depuis ses trente-six ans
    -, un homme dont on révérait l'intrépidité, le mysticisme et l'abnégation.
    Une brise vespérale soufflait de la rivière en contrebas, ébouriffant les cheveux du chef, les hautes herbes et la plume blanche accrochée derrière la tête de l'éclaireur. quand elle vint se poser sur l'épaule de sa veste en daim, elle n'échappa pas au regard de Crazy Horse. C'était une distinction décernée par les Cheyennes.
    - Laissez-le vivre, ordonna le chef de guerre. Amenez-le devant le chef Sitting Bull afin qu'il soit jugé.
    quoique déçus de voir le butin s'échapper, les Indiens s'exécutèrent. Craig fut brutalement remis debout et poussé vers la rivière. En descendant les huit cents mètres qui l'en séparaient,
    250
    il put constater le résultat de la boucherie. Sur le versant, les deux cent dix hommes des cinq compagnies - mis à part les éclaireurs et les déserteurs - gisaient dans les étranges postures de la mort. Les Indiens en quête de trophées les dépouillaient de tous leurs effets avant d'accomplir les mutilations rituelles, qui différaient selon la tribu. Les Cheyennes tailladaient les jambes des cadavres afin que le mort ne puisse pas les traquer, alors que les Sioux réduisaient en bouillie les cr‚nes et les visages à l'aide d'une massue de pierre. D'autres tribus tranchaient les bras, les jambes ou la tête. Cinquante mètres plus bas, l'éclaireur vit le corps de George Armstrong Custer. D'une blancheur de marbre sous le soleil, il ne portait plus que ses chaussettes en coton. H n'avait pas souffert d'autre mutilation que la perforation des tympans, et les hommes de Terry le retrouveraient dans cet état.
    Les Indiens raflaient le contenu des poches et des sacoches : les fusils et les pistolets, évidemment, ainsi que la grosse quantité de munitions qui restaient. Ils s'emparèrent aussi des blagues à tabac et des montres en argent, des portefeuilles renfermant les photos de famille, et de tout ce qui pouvait constituer un trophée. Us finirent par les casquettes, les bottes et les uniformes. Le coteau grouillait de braves et de squaws.
    quelques poneys étaient rassemblés au bord de la rivière. Craig fut hissé
    sur l'un d'eux et franchit les eaux de la Little Bighorn, escorté de quatre Indiens. Comme ils traversaient le village cheyenne, les femmes sortirent pour crier des injures au seul visage-p‚le survivant. Cependant, la plume d'aigle leur imposa le silence. S'agissait-il d'un allié ou d'un traître ?
    Le groupe traversa au trot les campements des Sans-Arcs et des Minneconjous pour se rendre dans le village des Hunkpapas. Tout le camp était en émoi.
    Ses braves n'avaient pas affronté Custer sur la colline ; ils avaient forcé
    le major Reno à battre en retraite. Le reste de ses troupes se trouvait encore de l'autre côté de la rivière, assiégé au sommet de la colline.
    Benteen et les chariots les avaient rejoints, se demandant pourquoi Custer n'était pas revenu pour leur prêter main-forte. Des guerriers pieds-noirs, minneconjous et hunkpapas galopaient en tous sens, agitant les trophées arrachés aux morts de Reno. Craig aperçut ici et là un scalp blond ou roux que l'on brandissait en l'air. Entourés de
    251
    squaws hurlantes, ils atteignirent la tente du grand juge et sorcier, Sitting Bull.
    L'escorte oglala lui transmit les instructions de Crazy Horse et remit Craig entre ses mains avant de retourner chercher les trophées sur le coteau. Craig fut rudement poussé dans un tipi, o˘ deux squaws armées de couteaux reçurent l'ordre de le tenir sous bonne garde.
    La nuit était tombée depuis longtemps quand on vint le chercher. Une douzaine de braves le traînèrent à l'extérieur. On avait allumé des feux de camp, et à la lueur des flammes, les guerriers au corps couvert de peintures offraient un spectacle effrayant. L'atmosphère était néanmoins plus paisible, même si à ion mile de distance, au-delà de la rivière et du bosquet de peupliers, des cris perçaient par moments les ténèbres, indiquant que les Sioux invisibles poursuivaient leur ascension de la colline, vers le cercle défensif de Reno.
    Pendant la bataille aux deux extrémités de l'immense campement, les Sioux avaient perdu en tout et pour tout trente guerriers. Bien que mille huit cents aient participé au combat et que les ennemis aient été quasiment exterminés,

Weitere Kostenlose Bücher