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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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mine joviale, tandis que les lots atteignaient des sommes qui égalaient ou dépassaient l'estimation initiale. Il connaissait de vue la plupart des clients, mis à part une douzaine. De temps en temps, les lumières de la suspension ricochaient sur les lunettes épaisses d'un homme en costume sombre, installé à trois rangs du fond.
    fl profita d'une brève pause - pendant qu'on emportait un tableau afin d'en poser un nouveau sur le chevalet - pour faire signe à l'une des assistantes placées près de l'estrade. Il se pencha en chuchotant :
    - qui est ce Japonais à trois rangées du fond, sur la gauche ?
    La jeune fille s'éloigna discrètement. Au changement de tableau suivant, elle vint lui glisser dans la main un petit morceau de papier, dont il la remercia d'un signe de tête. Il disait ceci : 143
    ´ Mr Yosuhiro Yamamoto, galerie Osaka, Tokyo et Osaka. H a présenté une lettre de crédit de la Banque de Tokyo, d'un montant de un milliard de yens. ª
    Slade exultait. quasiment deux millions de livres à dépenser... Et il était persuadé d'avoir déjà vu ou entendu ce nom de Yamamoto. D n'avait pas tort.
    C'est en effet celui de l'amiral qui a bombardé Pearl Harbor. Il ne pouvait pas savoir qu'un de ses homonymes était venu à Knightsbridge avec une mission similaire, ni que la lettre de la Banque de Tokyo sortait tout droit de l'ordinateur de Suzie Day.
    Mr Yamamoto enchérit plusieurs fois au cours des premières ventes, mais il ne donna jamais suite et se désista en faveur d'autres acquéreurs.
    Cependant, l'impénétrable Japonais caché derrière ses grosses lunettes avait prouvé qu'il était un acheteur
    potentiel.
    On annonça la première des quatre natures mortes. Ouvres d'artistes assez mineurs, les trois qui figuraient sur la liste se vendirent entre cinq et dix mille livres. Comme on enlevait la troisième, Slade annonça d'un air facétieux :
    - Il y a une quatrième nature morte, qui ne figure pas dans le catalogue.
    Elle nous est parvenue tardivement. C'est une petite pièce charmante, due à
    l'artiste des Highlands Collum McFee.
    Colley Burnside n'avait pas résisté à la tentation d'introduire quelques lettres de son nom dans celui de l'artiste. C'était la seule reconnaissance qu'il obtiendrait jamais.
    - Elle s'intitule La Gibecière, articula soigneusement Slade. qui dit mille livres ? Bertram leva son carton.
    - Mille livres dans le fond. qui dit mieux ?
    Un autre carton se leva. Cet individu devait souffrir de problèmes de vue.
    Les enchérisseurs, marchands, collectionneurs, agents et autres galeristes le dévisageaient avec une expression
    incrédule.
    - Deux mille livres, contre vous, monsieur, reprit Slade en regardant Bertram. Il baissa légèrement la paupière gauche et Bertram leva son
    carton.
    - Trois mille livres, fit Slade. qui dit quatre mille ?
    Après un silence, le Japonais opina du chef. Slade était 144
    dérouté. H voyait l'épaisse chevelure noire striée de gris, mais les yeux bridés restaient masqués par les gros verres de myope.
    - Monsieur, s'agit-il d'une enchère ? s'enquit Slade.
    - Hai, répondit Mr Yamamoto en remuant à nouveau la tête. Il parlait comme Toshiro Mifune dans Shogun.
    - Auriez-vous l'obligeance de lever votre carton, Yamamoto-san?
    Slade était très fier de pouvoir s'adresser à un Japonais dans sa propre langue. Le client de Tokyo fit ce qu'on lui demandait.
    - quatre mille livres, confirma Slade.
    H n'avait rien perdu de son sang-froid, même s'il ne s'était pas attendu à
    ce que l'imperturbable Bertram ait de la concurrence. ¿ son signal, il leva de nouveau son carton. La perplexité de l'assistance n'était rien, comparée à celle d'Alan Leigh-Travers, qui se tenait appuyé contre le mur du fond.
    Il n'avait jamais entendu parler de La Gibecière, et dans le cas contraire, il l'aurait déjà renvoyée par camion dans le Suffolk. Si Slade désirait ajouter un lot à sa vente, bien après la publication du catalogue, il aurait au moins pu lui en parler. Et ce McFee, d'o˘ le sortait-il ? Peut-
    être l'aÔeul d'un de ses compagnons de chasse. Mais puisque par miracle il avait atteint les cinq mille livres, ce n'était pas bien grave. La somme était honorable dans l'absolu et prodigieuse pour une cro˚te pareille. La commission suffirait à payer du bon bordeaux aux directeurs pendant un bout de temps.
    Au cours de la demi-heure suivante, la sérénité de Leigh-Travers en prit un sacré coup. Le galeriste nippon, qu'il ne

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