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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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Contre vous, monsieur, fit-il d'une voix étranglée à l'adresse du Japonais à grosses lunettes.
    Une pause prolongée... Slade priait pour que le cauchemar se termine. D'une voix bien audible, Mr Yamamoto répondit Hai. Comme l'oil gauche de Slade tressautait avec la rapidité d'une ambulance lancée vers les urgences, Bertram continua de lever son carton.
    Le cap des trois cent mille franchi, Leigh-Travers chuchota quelques mots furibonds à l'oreille du duc, et le condor se dirigea d'un pas résolu vers son employé Bertram. Dans la salle silencieuse, tous les regards étaient braqués sur le Japonais. Ce dernier se leva brusquement, posa son carton sur son siège et adressa un salut cérémonieux à Slade avant de s'éloigner vers la sortie. La foule s'écarta devant lui comme la mer Rouge devant MoÔse.
    - Une fois, deux fois, dit Slade d'une voix altérée.
    Dès que son marteau fut retombé, la salle explosa. Comme chaque fois que se rel‚che une tension insupportable, tout le monde avait envie de parler à
    son voisin. Slade se remit un peu, s'essuya le front et descendit de l'estrade, confiant la suite de la vente à Leigh-Travers.
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    Sa mission accomplie, Bertram regagna son réduit pour se faire une bonne tasse de thé. Le duc se pencha vers le vice-président en fulminant :
    - Dans mon bureau. D'ici cinq minutes si vous voulez bien.
    - Peregrine, commença-t-il lorsqu'ils furent seuls dans son bureau.
    H ne lui donnait plus du ´ Perry ª ou du ´ mon vieux ª. Même son vernis d'amabilité avait craqué.
    - Est-ce que je pourrais savoir ce qui vous est passé par la tête?
    - Je faisais mon travail de commissaire-priseur.
    - Mon cher, évitez de me parler de haut. Cette cro˚te avec ses deux perdrix est bonne à mettre au rebut.
    - ¿ première vue, c'est la vérité.
    - Mais vous l'avez achetée au nom de Darcy. Pour quelle raison ?
    Slade sortit alors de la poche de sa veste la lettre et le rapport de deux pages rédigés par le professeur Carpenter, du Colbert Institute.
    - J'espère que c'est une explication suffisante. Sans ce fou de Japonais, je l'aurais eue pour cinq mille livres grand maximum.
    Le duc de Gateshead lut attentivement le rapport, à la lumière du soleil qui entrait par la fenêtre, et l'expression de son visage changea du tout au tout. Ses ancêtres s'étaient hissés au sommet par le meurtre et le pillage, et comme chez Benny Evans, ses gènes avaient la vie dure.
    - «a change tout, mon vieux, ça change vraiment tout. qui d'autre est au courant ?
    - Personne. J'ai reçu le rapport chez moi le mois dernier et je n'en ai parlé à personne. «a fait donc Steven Carpenter, moi, et maintenant vous.

    C'est tout. J'ai pensé qu'on gagnerait à être discrets.
    - Et le propriétaire ?
    - Un crétin d'…cossais. Pour nous mettre à l'abri, je lui ai proposé
    cinquante mille livres. L'imbécile a décliné mon offre. J'ai un double de ma lettre et la notification de son refus. Maintenant, bien s˚r, je regrette qu'il n'ait pas accepté. Mais je ne pou-148
    vais pas prévoir le Japonais cinglé de ce matin. Un peu plus, et il nous soufflait le tableau.
    Le duc resta pensif durant quelques minutes. Dans le silence, la mouche qui bourdonnait sur la vitre semblait aussi bruyante qu'une tronçonneuse.
    - Cimabue, murmura-t-il, Duccio... Mon Dieu, Darcy n'a rien trouvé de comparable depuis des années. Sept millions ? Huit millions ? …coutez, réglez l'affaire avec lev propriétaire dans les plus brefs délais. Je donnerai mon aval. A qui voulez-vous confier la restauration ? Au Colbert ?
    - C'est une structure importante. Avec beaucoup de personnel. Les gens ont vite fait de jaser. Je préférerais m'adresser à Edward Hargreaves. C'est un des meilleurs restaurateurs au monde, il travaille seul et il est muet comme une tombe.
    - Bonne idée. Occupez-vous-en, je vous laisse faire. Prévenez-moi dès que la restauration sera achevée.
    Austère et secret, Edward Hargreaves travaillait effectivement tout seul, dans son atelier de Hammersmith.
    Pour restaurer des peintures anciennes endommagées ou recouvertes, il n'avait pas son pareil.
    En lisant le rapport de Carpenter, il eut envie de demander une entrevue au professeur. Mais le restaurateur chevronné du Colbert se formaliserait sans doute - et c'était humain - de voir une mission aussi passionnante revenir à quelqu'un d'autre. Hargreaves choisit par conséquent de ne pas se manifester. Connaissant le papier à lettres du

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