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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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semblable
inclination mêlée de méfiance.
    Ce qui se produisait sous ses yeux lui
paraissait inquiétant. Quoi, sa sœur bien-aimée et Nissac se devaient peut-être
un jour marier ?… Qu’avait-il été parler à Nissac d’envoyer Élisabeth à la
Cour !… Il s’agissait bien de cela !…
    Mais sa conscience le tourmenta aussitôt car l’égoïste
besoin qu’il avait de sa sœur pouvait gâcher la vie de celle-ci.
    Un peu cérémonieux, le comte de La Tomlaye se
leva et prétexta la fatigue de ses années de galère pour se retirer en sa
chambre mais c’est d’une voix ferme, qui lui était peu habituelle, qu’il
insista pour qu’Élisabeth fit la conversation à leur invité.
    Nissac, embarrassé, balbutia que lui-même
devrait partir très tôt avant l’aube car son navire l’attendait mais Louis
coupa court en serrant un instant son sauveur dans ses bras et en murmurant :
    — Quand nous reverrons-nous ?… Allons,
restez un peu, cher Nissac, Élisabeth, c’est la demie de moi, et je suis la
moitié d’elle. Ou bien m’auriez-vous sauvé pour me laisser en état de grande
tristesse ?
    Puis il quitta la pièce à grands pas.
    Nissac ne savait que faire et se tenait les
yeux baissés devant Élisabeth en la même attitude. Il est des fois où l’on se
demande si la nature ne relève point du bûcher en cela qu’elle semble sorcière
en ses malices et sortilèges, et ce fut le cas en cette occurrence car le comte
et Élisabeth de Sèze levèrent précisément au même instant le regard l’un sur l’autre.
Ensemble, ils éclatèrent de rire tant la situation de gêne profonde contenait
en son contraire éléments de drôlerie.
    Nissac redevint le hardi capitaine qu’il était,
le vice-amiral des mers du Levant qui jugeait d’une situation d’un seul regard.
C’est d’une voix calme qu’il dit à Élisabeth en lui prenant la main :
    — Sortons, voulez-vous ?

6
    Elle était belle, très belle, et la regardant,
le duc d’Épernon lui-même, dont les goûts amoureux oscillaient parfois des
hommes aux femmes, ne pouvait nier la chose.
    Dans ces conditions, il n’était guère étonnant
que le roi Henri quatrième en eût fait sa maîtresse, puis sa favorite, et que
le temps lui-même n’eût jamais défait cette grande passion d’un monarque
vieillissant pour si séduisante marquise.
    Mais si joli visage et corps tout de charme
sont des armes dont on ne peut nier la redoutable efficacité, cela ne disait
rien des raisons qui poussaient la marquise à vouloir faire occire son royal
amant.
    Or ces raisons, le duc d’Épernon les
connaissait fort bien et comptait utiliser le ressentiment de la jeune femme à
son profit car pour frapper ensemble, il n’est point nécessaire d’avoir
semblables motifs.
    Un instant, il interrompit le fil de ses
pensées pour écouter la marquise qui, en grande amertume, laissait libre cours
à sa colère :
    — C’est moi qui le voyais s’agiter dans
mon ventre en grognant, sentais contre ma peau sa barbe blanche en état de
grande saleté. C’est moi, lorsqu’il pressait sa bouche toute de pourriture et
sans dents contre la mienne, qui subissais son odeur infecte car il pue. Il pue
de gousset. Au reste, il pue de partout, ayant de même fâcheuse senteur de l’aile
et du pied.
    Elle se tut un instant et, semblant en grand
accablement, reprit :
    — Il pue telle une charogne… Le fumet de
gousset et d’orteils confinés, de ruts récents, l’odeur de ses chicots mal
curés, tout en lui me donne la nausée…
    Encore ne disait-elle point tout, et qu’Henri
quatrième eut semblable comportement avec la reine. La Galigaï, sa confidente, rapportait
partout que de bon matin, le roi avait lâché un pet sonore dans la chambre de
la reine et comme monsieur de Roquelaure, présent, applaudissait, le roi lui
dit :
    — Cours après, mon ami !
    À ces mots, Roquelaure était sorti en courant,
revenu puis produit avec son cul semblable bruit en disant :
    — Je l’ai capturé et le voici, Sire !
    Et le roi de rire aux larmes tel un enfant.
    Quel accablement !
    Le duc hocha la tête avec une feinte
compassion, ne voulant point aller contre l’état de la marquise, les
dispositions batailleuses de celle-ci servant ses desseins. Mais en vérité, l’un
comme l’autre n’étaient point dupes : en dépit du mal qu’ils en disaient
et malgré ses débordements, ils savaient qu’Henri quatrième était un très grand
roi.
    En outre, si

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