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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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des
barbaresques. Cher Nissac, elle a vingt-cinq ans et mérite de voir un peu le
monde tel qu’il n’est point en nos régions. Pourriez-vous m’y aider ?
    Nissac fut en profond embarras. Certes, il
connaissait Paris mais seulement par les affaires de l’Amirauté et n’avait
jamais approché les gens de la Cour où son prestige et sa très ancienne
noblesse lui eussent permis, s’il l’avait désiré, de se montrer tel un
gentilhomme qui ne fait que se trouver là où l’autorise son rang.
    En outre, s’il pensait certes qu’il lui fût
possible de faire venir Élisabeth, il n’ignorait point que cela pourrait servir
le dessein de la revoir et cette seule idée d’un calcul, d’une manœuvre de
séducteur allant vers ses fins, cela lui levait le cœur tant pareille vilenie
se trouvait étrangère à sa nature.
    Était-ce cela, l’amour ? Et alors
pourquoi cette réserve, ce désir de demeurer sur ses gardes ?
    C’était pour lui chose des plus nouvelles, dont
il n’avait point la connaissance directe mais sur la nature de laquelle il
savait qu’il ne se fallait point tromper. Certes, comme souvente fois, les
beaux esprits trouveront à redire et verront grossier paradoxe au fait qu’on
puisse ainsi reconnaître ce que l’on ne connaît point en expérience passée, mais
que savent les beaux esprits de l’amour ? Bel esprit ne veut point dire
noble cœur et monsieur de Nissac, quoiqu’il l’ignorât, en était un, étranger à
toute malice. On n’eût guère pu lui reprocher que de dissimuler quelquefois
derrière plaisante ironie qui le protégeait fragilité de son âme qu’il mettait
à la torture en la questionnant sans cesse et à tout propos.
    Louis, le voyant hésitant, se fit davantage
pressant :
    — Comprenez-moi, Nissac, il ne s’agit
point qu’Élisabeth passe sa vie à la Cour. Voyez-vous…
    Sa voix, altérée par la tristesse, devint
presque un murmure :
    — C’est la plus belle et la plus aimante
des sœurs qui se puisse trouver et je suis le plus malheureux des hommes d’être
à ce point en la gêne en raison de ce domaine qui nous fait vivre si chichement.
J’eusse souhaité trouver pour Élisabeth beau parti, quelque gentilhomme doux et
tout d’affection mais je sais trop bien qu’en notre région, il n’est rien de
tel. Or donc, elle ne rencontrera point possible mari et vieillira seule car
jamais elle ne se résignera à épouser quelque barbon aux humeurs méchantes. Si
je ne puis changer cela dans l’impuissance où me réduit mon état, j’aimerais qu’Élisabeth
ne passe pas toute sa vie sur nos terres et puisse trouver à la cour, si ce n’est
un époux digne d’elle, au moins matière à rêver en les longues années qu’il lui
reste à vivre, si Dieu le veut ainsi. Me comprenez-vous, à présent ?
    Nissac, qui n’avait point frère ni sœur, fut
ému au spectacle de ce fraternel amour et décida d’en faire ainsi que le
souhaitait Louis :
    — Je puis en effet en parler à
quelques-uns. Il se trouve que sur votre galère était enchaîné un baron Stéphan
de Valenty, le connaissez-vous ?
    — Je connais son nom, mais ne lui ai
guère parlé car nous n’étions point au même aviron.
    — Eh bien il est venu me rencontrer moins
d’une heure avant vous. Il m’a fait la meilleure impression en son attitude
amicale et sincère, tel un homme agissant sans feintise. En outre, bien que la
chose soit fausse, il se croit mon débiteur et serait sans doute heureux de me
rendre service. Précisément, il partait pour Paris où son cousin est abbé à la
cour du roi. On dit que les abbés de cour sont gens puissants qui se
connaissent tous et se rendent aimables services. Je ferai donc ce que vous
attendez de moi.
    Louis n’eut guère le temps de remercier le
comte de Nissac car à présent, venait l’heure du dîner.
    On passa donc à table assez tard pour se
retrouver autour d’un potage de citrouille, puis d’un chapon qui fut sacrifié
et cuit au fenouil et aux herbes tel qu’on le prépare dans les régions du sud
du royaume. Enfin on servit de délicieuses cerises confites.
    Louis s’amusait de la timidité d’Élisabeth et
de Nissac, puis il en fut tourmenté. Leur trouble lui avait paru des plus
charmants mais à y mieux regarder, il ne s’agissait pas de cette gêne qu’éprouvent
jeunes gens mis en présence par d’accidentelles circonstances. Au reste, Nissac
avait trente ans, Élisabeth vingt-cinq et Louis perçut leur

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