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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Connétable, Henri de
Verneuil trouvera en moi défenseur de ses droits légitimes.
    Le duc et la marquise échangèrent un long
regard et il n’était guère besoin de mots pour en expliquer le sens. Cependant,
d’Épernon tint à préciser :
    — Ce qui commence en cet instant devra
être achevé et nul repos, nulle trêve, nulle hésitation ne devront en perturber
le cours que l’hérétique fût envoyé en enfer.
    — Je le veux ainsi !… répondit la
marquise qui ajouta, je n’ai point peur, comme vous reconnaîtrez par le temps. Dussé-je
finir exécutée en Grève, battue et écartelée.
    Malgré lui, d’Épernon ne put réprimer un léger
sourire tant ces paroles de femme lui semblaient vantardises de peu de
conséquences.
    Mais cela n’échappa point à madame de Verneuil.
    — Suivez-moi, monsieur le duc, que vous
connaissiez comme est ma résolution en toutes choses.
    La curiosité, et elle seule, poussa le
puissant duc à suivre la marquise. Ainsi l’emmena-t-elle assez loin en une aile
du château exposée au nord, et où régnait grand froid.
    Transi, et refrénant son impatience à être
ainsi entraîné en ce lieu, d’Épernon vit la marquise tourner une lourde clef
dans une solide serrure puis lui laisser le passage.
    Fasciné, le duc observa une chose qu’il n’avait
point vue encore bien qu’en sa vie spectacles horribles lui eussent été
familiers. L’aspect repoussant du spectacle le disputait, en l’âme tourmentée d’Épernon,
à un trouble profond qu’il ne jugea point déplaisant en cela qu’il réveillait
ses sens.
    Il dit à mi-voix :
    — C’est là le très beau marquis de
Meneuse, qu’on disait disparu et qui fut votre amant ?
    Madame de Verneuil sourit.
    — Il pensait qu’il me pouvait quitter, et
porter sa belle queue à une autre. Il ne la portera plus nulle part.
    Le duc hocha la tête et observa la queue du
marquis de Meneuse placée dans un bocal empli d’un liquide de grande
transparence quand la tête nageait en un second bocal, de plus forte taille.
    La marquise de Verneuil toisa le duc d’Épernon.
    — Comprenez, monsieur le duc, que je peux
certes servir vos projets en la couche de l’hérétique mais que je ne suis pas
femme qui geint et que l’on peut tromper.
    — Je n’aurai point l’idée de vous tromper,
madame.
    Et, malgré lui, il accorda fugitive caresse à
son bas-ventre sans quitter certain bocal des yeux.
    Mais il songea : « Il ne faudra
point mésestimer valeur d’une telle femme. »

7
    Ils hésitaient à se parler, guettant les
bruits de la nuit qui pourraient leur fournir matière à engager la conversation.
Mais, par quelque ironie du sort, le silence le plus total régnait en ces lieux,
tant du côté des champs d’oliviers que de la pièce d’eau qui ne faisait point
entendre de sons cristallins et cascadant, la fontaine étant gelée.
    Élisabeth de La Tomlaye frissonna soudain et
Nissac, ôtant sa cape bleu marine, en couvrit les frêles épaules de la jeune
femme. Il hésita un instant sur la conduite à tenir, puis :
    — Je suis habitué au froid sur le pont de
mon navire, et n’y suis plus guère sensible. C’était vous oublier, madame, et
je vous en demande mille pardons. Rentrons, voulez-vous ?
    Élisabeth se trouva au plus profond d’un grand
embarras, ne pouvant expliquer à Thomas de Nissac que son frisson ne devait
rien à la froideur de la nuit et tout à cet homme aux côtés duquel elle se
trouvait, qui l’ensorcelait, mais qui l’arracherait à son frère tant aimé, chose
qu’elle ne pouvait envisager sans avoir l’impression de trahir ce qui
constituait le sens de sa vie.
    Elle répondit assez sèchement :
    — Je ne crains pas plus que vous le froid,
monsieur, me trouvant à soigner les vignes même en cette saison.
    Un peu gauchement, Nissac reprit sa cape et la
plia sur son avant-bras. Il était animé d’un sentiment étrange et tout nouveau :
pour la première fois en sa vie, il se sentait ridicule.
    Ridicule et blessé. Il savait déjà que la
jeune femme ne le ménageait point, lui faisant payer quelque chose qu’il
ignorait alors même qu’il lui avait rendu ce frère qu’elle aimait comme une
mère aime un fils.
    Telle était l’étrange situation. Ainsi, elle
se trouvait à ses côtés, en cette nuit provençale où soufflait le Mestral glacé,
mais l’idée qu’elle s’y trouvât en service commandé par un frère qu’elle
chérissait blessait le comte de

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