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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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telle
une hyène puante entrée par ruse en la religion pour la mieux détruire de l’intérieur.
    Charles Paray des Ormeaux, qui commandait une
dizaine d’hommes du Dragon Vert, coupa la route au baron.
    — Monsieur, vous nous allez suivre sans
faire d’embarras ou bien ce sera par la contrainte.
    La baron allemand, surpris, posa la main sur
la poignée de son épée :
    — Qui êtes-vous ?
    — Service du roi.
    — Le roi ?… Mais le roi est mort !
    — Pas pour nous.
    Von Hoflingen, qui sortait l’épée de son
fourreau, n’eut pas le temps d’achever son geste disparaissant presque, en la
mêlée, sous l’assaut d’une dizaine d’hommes qui lui tombèrent dessus avec
violence.
    José d’Altamaros, ancien
jésuite actuellement assassin et exécuteur des basses œuvres de l’ambassadeur d’Espagne,
sortit d’une maison de jeu de la rue Trace Nonnain à l’instant où l’aube
blanchissait déjà l’est de Paris qu’elle baignait d’une lueur laiteuse.
    Il avait perdu beaucoup, en cette longue nuit,
mais ne s’en souciait guère car son maître se montrait généreux en la reconnaissance
où il se trouvait de la participation de son âme damnée au sommet du complot
contre feu le roi de France.
    D’Altamaros n’ignorait point la joie provoquée
à la Cour d’Espagne par l’annonce de la mort d’Henri quatrième. Pareillement, il
savait qu’en les choses humaines la reconnaissance est toujours de courte durée.
Tôt ou tard, il lui faudrait retourner en Espagne, ce pays qui pour être le
sien ne lui en semblait pas moins austère et ennuyeux.
    Ici, entre le jeu et les femmes, tout l’émerveillait.
Le peuple de France ne se prenait pas au sérieux et serait toujours en le
bonheur de vivre, sauf à changer cette façon un jour en l’Histoire…
    José d’Altamaros
avait même l’impression qu’aujourd’hui seulement commençait sa vie.
    En quoi il se trompait.
    — Suis-nous, charogne !… lança
Sousseyrac.
    — Messieurs, quelle erreur : je sers
l’ambassadeur d’Espagne !
    — Tudieu, c’est bien toi, alors, vile
pourriture !… répondit Fey des Étangs.
    En l’esprit d’Altamaros, au reste embrumé par
le vin de Bourgogne dont il avait fait grande consommation durant la nuit, toutes
choses s’embrouillaient au point qu’il se demandait s’il ne devenait point fol
face à ces deux officiers et aux dix hommes farouches qui leur faisaient
escorte, et l’avaient discrètement entouré en un cercle qu’il savait
infranchissable.
    Il repoussa la panique qui commençait à le
saisir.
    — Qui êtes-vous ?
    — Service du roi !
    Alors, alors seulement, José d’Altamaros
comprit la gravité des choses. Ceux-là, remarquablement informés de la
conspiration, étaient des fidèles du feu roi.
    — Je puis m’expliquer !… répondit-il,
en grande certitude que son verbe viendrait à bout de l’intelligence de ces
hommes.
    En quoi il se trompait une nouvelle fois.
    Jehan de Bayerlin, colonel
en les chevau-légers et réputé la meilleure lame du royaume des lys – mais d’autres,
moins nombreux, prétendaient que Nissac était celui-là –, mena son duel, tel un
virtuose.
    En effet, il lui suffit d’une petite minute, pas
même achevée, pour tuer le mari trompé d’une de ses nombreuses maîtresses, un
pauvre apothicaire connaissant mieux les onguents que l’art de l’épée.
    Déjà, les nombreux amis de Bayerlin se
bousculaient autour de lui qui se disait presser d’aller foutre la veuve de
celui qu’il venait de tuer lorsque l’amiral de Nissac, accompagné d’Isabelle et
de cinq rudes soldats de l’infanterie d’assaut du Dragon Vert, se
présentèrent au marché aux chevaux où venait de se dérouler le duel.
    Les amis du colonel s’écartèrent.
    Nissac, ôtant sa cape bleu marine, retira ses
gants avec une lenteur calculée puis, froidement, fit face à Bayerlin :
    — Thomas de Pomonne, comte de Nissac, amiral
des mers du Levant. Ce duel ne vous ayant guère fatigué, en accepteriez-vous un
autre ?
    Ne quittant point Isabelle du regard, Bayerlin
répondit avec un mauvais sourire :
    — Nissac !… On parle beaucoup de toi,
pas assez de celle qui va être à l’instant ta veuve et dont je compte m’occuper.
    — Et moi, je te passerais plutôt cette
lame à travers le ventre, sale porc !… répondit Isabelle, sortant l’épée
du fourreau d’un des soldats du Dragon Vert que ses quatre camarades
aidèrent à retenir la

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