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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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encore, et ne pouvait
certes point le congédier tel un valet, mais bien des petites choses
indiquaient qu’on ne souhaitait plus qu’il dirigeât les affaires de l’État.
    Sully savait donc qu’il allait vivre des jours
difficiles en voyant son œuvre mise à mal. On allait dilapider les finances
publiques et gaspiller l’or accumulé à grand-peine en le trésor royal. On
verrait le triomphe de deux choses qu’il haïssait : le parti catholique et
l’Espagne, celle-ci de nouveau en grâce à la Cour de France. Enfin, on
veillerait à ne point punir ceux qui avaient participé à la conspiration ayant
abouti à la mort du roi.
    Mais, sur ce dernier point, Sully pouvait
encore agir et le pourrait tant que lui resterait une parcelle de pouvoir… et
que l’amiral de Nissac serait en vie.
    Aussi, sans perdre de temps, mit-il à la
disposition de Nissac château en les environs de Paris car les cent vingt
hommes du second échelon venaient de rejoindre les quatre-vingts que l’amiral
avait conservés à ses côtés.
    Nissac avait fait enfermer Vittorio
Aldomontano en les caves du château proposé par Sully.
    L’amiral appréciait l’endroit, le château se
trouvant accolé à une vaste forêt d’un côté tandis que la rivière de Seine, de
l’autre, offrait protection naturelle, ce qui restreignait d’autant la surface
à surveiller.
    En une vaste pelouse, transformée en terrain
de manœuvres, marins et soldats du Dragon Vert passaient leurs journées
en durs entraînements et utilisations incessantes d’un matériel toujours neuf
sortant des arsenaux de Sully et dont ils faisaient grande consommation, ayant
priorité absolue sur toutes les autres forces armées.
    Nissac avait rencontré l’ambrosien quelques
instants, paraissant peu impressionné par son visage ravagé qui inspirait
crainte à certains hommes du Dragon Vert. En outre, lorsque le moine
défiguré tenta d’engager la conversation, l’amiral l’avait fait taire en levant
sa main gantée.
    — Je ne veux ni vous parler ni vous
entendre.
    L’autre, la stupeur passée, insista de sa
petite voix désagréable :
    — Mais vous devriez vouloir tout
connaître !… Les détails… et comment l’affaire fut menée…
    Nissac comprit que l’ambrosien, se sachant
promis à la mort, ne pouvait guère exister encore qu’en vantant ce qu’il tenait
sans doute pour un chef-d’œuvre d’intelligence. Pourtant, l’amiral ne consentit
pas à lui donner ce plaisir.
    — Ce qu’il faut savoir, je le saurai sans
vous. J’ai donné ordre que nul ne vous écoute et parleriez-vous à un de mes
hommes qu’il se retirerait aussitôt, emportant le repas qu’il vous destinait.
    — Mais… C’est impossible… Vous ne pouvez
pas me prendre la vie et me laisser le terrible secret que je ne voulais point
dire alors que je brûle à présent de vous le révéler… Vous ne le pouvez point !…
    — Eh bien si !
    — Non !… Agissant ainsi, vous me
prenez tout !
    Nissac posa sur lui le regard glacé de ses
yeux gris et sans doute n’aurait-il pas considéré autrement repoussant reptile.
    —  Vogliamo tutto !… [28]
    Puis, se retirant, il laissa le moine le
maudire depuis sa cellule.
    Mais la solitude de
Vittorio Aldomontano fut de courte durée bien que son premier compagnon, assurément,
ne fût point venu de son plein gré goûter l’ombre fraîche de cette cellule.
    En effet, le marquis de Pinthièvre qui, en la
conspiration, représentait les Guise, le marquis, donc, sortait de chez sa
maîtresse lorsque Valenty, Yasatsuna et trois hommes du Dragon Vert lui
barrèrent le passage.
    Le fils du pays du Soleil Levant lui sourit.
    — Après les plaisirs de l’amour, vous
connaître, suaves comme fleur de lotus, ceux du sommeil.
    La gifle, il est vraie magistrale, que lui
assena Yasatsuna suffit pour faire perdre connaissance au marquis.
    Le baron Dietrich
von Hoflingen vivait à présent sans méfiance.
    Il considérait l’assassinat d’Henri quatrième,
auquel il avait œuvré, comme grande réussite personnelle et ne lésinait point à
envoyer nombreux rapports en ce sens à ses maîtres, les Habsbourg d’Autriche. Au
reste, il comptait bien tirer profit de cette affaire, tant en la fortune
personnelle qu’en les charges et honneurs. En outre, ayant contrairement à d’autres
agi en grande sincérité, sa conscience ne portait aucun fardeau car, se
trouvant fervent catholique, il considérait réellement Henri quatrième

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