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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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grand soulagement du duc d’Épernon, aucun ne fut blessé
par ces paroles car peu leur importait le renom de leur pays, voire qu’il fût
occupé par l’étranger. En effet, tous ne pensaient qu’à leurs ambitions personnelles,
oublieux du bien public et de l’indépendance de la nation.
    Ainsi, en l’histoire de la France, trahison et
pacte avec l’ennemi sont souvente fois le fait des élites de la société…
    D’Épernon se devait de répondre à l’ambassadeur,
ce qu’il fit sans différer davantage :
    — Nous avons l’homme !… Je sais que
nous l’avons, qu’il est celui dont la main vigoureuse ne tremblera jamais !…
    — Lui avez-vous parlé ?… demanda le
baron Dietrich von Hoflingen qui, en cette assemblée, représentait les
Habsbourg d’Autriche.
    D’Épernon hocha la tête.
    — Je lui ai parlé. Et parlé de sa mission
que le peuple louera et qui lui ouvrira les portes du paradis.
    — Mais point le paradis sur terre !…
grimaça Jehan de Bayerlin, considéré comme la plus fine lame du royaume et qui
se trouvait colonel en les chevau-légers.
    D’Épernon ignora l’ironie. Il tenait ce
Bayerlin pour fou mais redoutable, ayant disputé cinquante duels et envoyé
quarante et un de ses adversaires au cimetière quand les autres n’avaient
survécu que pour être amputés.
    — Est-il fol ou d’esprit faible ?… questionna
Concino Concini, son accent italien plus agréable aux oreilles de l’assemblée
que l’accent germanique du baron von Hoflingen.
    D’Épernon vit le piège.
    En effet, un fol n’est point sûr, et souvent
imprévisible, si ce n’est certaines variétés tel ce grand seigneur, un des
grands noms de France, qui se croit potiron et se fait arroser par ses gens en
son jardin chaque jour, à midi.
    « Arrosage à midi quand le soleil est au
zénith n’est point bon pour les plantes ! »… avait plaisanté Henri
quatrième qui ne l’aimait point.
    La marquise de Verneuil répondit à la place de
d’Épernon :
    — Il est en forme de folie où il craint
Dieu, et obéit aveuglement à ce qu’il croit être ses commandements.
    — Le connaissez-vous, vous aussi ?… demanda
sans douceur Léonora Galigaï, épouse de Concini et confidente de la reine qui
détestait la belle marquise, la Galigaï se trouvant elle-même fort laide et
toute contrefaite.
    Le duc d’Épernon reprit la situation en main.
    — Il faut bien s’occuper de cet homme qui,
livré à lui-même, tient propos d’illuminé qui risquent de le trahir.
    Le cardinal de Bellany, qui parlait
généralement fort peu en ces assemblées, sembla inquiet.
    — Ainsi donc, si cet homme échappe à
votre vigilance et annonce en la ville sa sienne ambition de tuer le roi, on l’arrêtera.
Nous serons alors en telle situation que ne pourrons plus prétendre abattre le
renégat Henri quatrième. Ce n’est guère encourageant !
    D’Épernon soupira. Si même Bellany d’habitude
si peu actif lui échappait il n’était point quitte d’avant longtemps de perdre
son temps à rassurer tel ou tel quand très nombreuses choses sérieuses
restaient à faire.
    Son ton devint plus froid, et tous le
remarquèrent.
    — Nous tenons deux autres assassins
pouvant servir notre projet si le premier faisait défaut.
    — Ne sont-ils pas meilleurs ?… s’inquiéta
l’ambassadeur.
    D’Épernon eut envie soudaine de partir sans
répondre mais son ambition de diriger les affaires du royaume ou de se trouver
Grand Connétable de France – titre aboli par Henri IV – nourrit sa patience.
    — Ils ne sont pas meilleurs régicides et
le seraient-ils que nous ne pourrions davantage les lancer en cette entreprise.
Car n’oubliez pas que la reine n’a jamais été sacrée et qu’il le faut
absolument avant que nous passions à l’action. Elle-même y travaille et tous, y
compris ceux qui ne sont point en ce complot, car Henri quatrième ne peut
partir en guerre, et risquer d’être tué, sans que reine fût sacrée pour assurer
la régence. Nous savons que le Béarnais s’y est finalement résolu et c’est à
présent affaire de semaines ou de peu de mois. La difficulté est que notre
assassin doit frapper en très courte période séparant le sacre du départ à la
guerre mais nous savons de source sûre que le maudit Sully manœuvre autant qu’il
est possible pour raccourcir encore ce bref intervalle de temps afin de
prévenir tout attentat.
    D’Épernon avait parlé d’une traite

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