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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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grognement
qui se trouvait langage commun aux loups-garous, ce qu’en d’autres temps il eût
nommé « remerciements ». Ne surtout point trahir qu’il résistait au
Maître quand celui-ci exigeait qu’ils abandonnent leur part humaine afin que
cet espace libéré fût occupé uniquement par la sauvagerie animale qui leur fut
donnée par le diable à la naissance.
    En sa réflexion, qui était pour lui unique
moyen de survivre en tant qu’homme, « Jaune » se demanda pourquoi le
Maître, qui n’attendait pour réponse que des « Hon-Hon », persévérait
à leur parler de façon coutumière. En la seule exception de ses voyages à Paris,
pour lesquels il préparait étrange cagoule achevée en manière de cône, le
Maître, qui vivait confiné au milieu de ses loups-garous, craignait-il de
sombrer lui aussi en cet autre monde qui est fermé aux hommes, et dont on ne
revient plus ?
    La clé tourna en la serrure de la porte
constituée de solides barreaux et le Maître, avant de pousser celle-ci, regarda
« Jaune » de son œil unique.
    — « Jaune », tu m’as donné
nombreuses inquiétudes car j’ai cru que tu n’étais que demi loup-garou mais la
façon dont tu tuas le prévôt qui mettait ma vie en grand danger me donne bonne
espérance que tu as renoncé à la société des hommes. Tu n’es point fait pour
vivre au milieu d’eux. D’ailleurs, à quoi t’aurait servi de t’opiniâtrer
davantage en semblable erreur ?… Et l’aurais-je cru que tu ne serais plus
de ce monde car si j’avais souhaité en arriver à pareille extrémité, je vous
aurais tué, toi et tous ceux qui ne se montreraient point fidèles !
    — Hon-Hon !… répondit « Jaune »
qui souhaitait échapper à cet œil unique et scrutateur sans point l’oser, car c’eût
été nourrir la suspicion de l’Ambrosien.
    Celui-ci soupira, comme s’il balançait encore
en son jugement, et ouvrit grande la porte de la cellule qu’il referma à clé
dès que « Jaune » en eut passé le seuil.
    Tandis que les pas du moine s’éloignaient,
« Jaune », à la faible lueur d’une méchante bougie, distingua petit
enfant d’un peu plus de deux ans, fort blond et dodu.
    Le loup-garou frémit de la tête aux pieds.
    Des vagues de désirs le prenaient, l’exaltaient,
le portaient vers ces sommets tant chéris que maudits qu’on ne peut atteindre
que par « le grand péché » où l’on déchire chairs et démembre petit
enfant.
    Mais les choses ne se passèrent point ainsi.
    Un geste, un simple geste suffit, et « Jaune »,
sans qu’il le sût, n’appartint plus à l’engeance maudite des loups-garous.
    Le petit enfant regarda l’homme au torse
massif, aux bras épais, aux mains de boucher et à la tête de loup gris et…, bras
grands ouverts, vint à lui en souriant.
    « Jaune », en grande confusion de
sentiments mêlés et contraires, sentit que l’enfant serrait avec force, entre
ses petits bras, ses jambes bottées jusqu’aux genoux.
    Troublé et curieux, « Jaune » se
pencha, saisit le petit garçon sous les bras et le souleva à hauteur de son
visage.
    L’enfant le regarda, sourit, et, avançant une
main potelée, caressa les poils gris de la tête de loup.
    « Jaune » s’interrogea non sans
angoisse car, en temps coutumier, son aspect provoquait terreur telle que les
petites victimes hurlaient ou, tout au contraire, restaient sans voix, les yeux
agrandis par si effrayant spectacle.
    Le petit garçon porta bientôt le trouble de « Jaune »
en son paroxysme car il bâilla, signe qu’il n’éprouvait nulle peur, puis, prenant
le loup-garou par le cou, il posa la tête sur cette épaule musclée et s’endormit
aussitôt.
    « Jaune » n’osait plus bouger.
    Il se trouvait en le centre de sa cellule, tenant
en ses bras ce petit garçon endormi et comprenant fort mal déferlement de
sentiments qui battaient son cœur en manière de tempête.
    Puis l’évidence s’imposa à lui et il murmura :
    — Il a besoin de moi !… Il me fait
confiance !… Mon aspect ne lui paraît point hideux !…
    Et c’étaient là trois choses qui avaient
toujours cruellement manqué en la vie médiocre de « Jaune ».
    Aussi, sa résolution fut-elle rapide :
    — Tu vivras !… Et je mourrai pour
que tu vives !…
    Alors, l’ancien serrurier approcha de la
muraille sa main si souvente fois meurtrière, puis il ôta une pierre descellée.
    Il saisit alors une clé grossière en sa
finition,

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