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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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mais habilement ouvragée en la partie qui entrait en la serrure. Ainsi
avait-il occupé le temps qui n’était point consacré à l’entraînement militaire.
    Il ne pensait point, en ce labeur, à quelque
évasion mais cette clé, si elle ouvrait une serrure, ouvrait pareillement un
rêve : celui de pouvoir s’évader vers autre vie. Encore que jusqu’ici, seule
l’idée que la chose fût possible éveilla son intérêt, point la chose en
elle-même.
    « Jaune », tenant d’une main l’enfant
plaqué contre sa solide poitrine, approcha l’autre de la serrure.
    La clé tourna sans provoquer grincements.
    Cette chose se trouvant faite, demeurait le
plus difficile : comment allaient réagir, derrière leurs grilles, trois
autres loups-garous, ses compagnons ?
    Cependant, deux dormaient profondément, et « Vert »
en geignant car il se trouvait blessé à l’épaule par jeune femme blonde qui
leur avait tenu tête.
    Mais « Rouge », lui, ne dormait
point. « Rouge », précisément le plus ancien, celui qui venait de la
noblesse, se montrait toujours le plus cruel, le plus avide de sang !… Celui,
enfin, qui dévora visage du « Maître » pour n’en laisser que cette
chose hideuse qui n’est point regardable.
    L’un en le couloir tenant un enfant, l’autre
derrière sa grille en grande immobilité, les deux hommes-loups s’observaient, pareils
à des statues.
    Nulle parole ne fut prononcée, rien en leur
corps ne bougeait et surtout pas ces deux paires d’yeux derrière les têtes de
loups.
    La tension devenait si vive que « Jaune »
eut le sentiment qu’il la pouvait toucher.
    Puis, contre toute attente et en ce grand
silence, « Rouge » hocha sa tête de loup, ouvrant ainsi le chemin de
la liberté.
    « Jaune » rendit le signe, et s’enfonça
avec l’enfant en la profondeur des souterrains devenus charniers…

38
    On s’était réuni en une grotte naturelle des
bords de la rivière de Seine où l’on n’avait rien à craindre. En effet, le
capitaine des bateaux du roi et de la rivière de Seine avait été acheté, à quoi
l’on avait ajouté menaces, si bien que de risques, il n’en était point.
    Le duc d’Épernon, sous sa cagoule, déplorait
qu’une fois encore, ce maudit moine ambrosien du nom de Vittorio Aldomontano ne
fût point venu. Moins sa personne en elle-même que l’intérêt supérieur qu’il
représentait. En courtisan rompu aux manœuvres de Cour, et habitué à sa
versatilité, d’Épernon se demandait si ce désintérêt ne se devait pas
comprendre comme désaveu tardif.
    Présidant la séance comme en son habitude, d’Épernon
promena son regard sur les conjurés qu’on eût pu penser être spectres, tant les
cagoules pointues et les reflets des torches donnaient à la scène air
surnaturel bien digne de l’au-delà.
    Le duc s’efforça de se convaincre que l’absence
de l’ambrosien ne prêtait point à conséquence car sans doute une des siennes
créatures ici présente l’avertissait de toutes choses dites en ce conseil.
    Comme il la sollicitait, le duc d’Épernon
donna la parole à l’ambassadeur d’Espagne, don Inigo de Cardenas.
    L’homme possédait grande expérience et
connaissance des affaires françaises, ainsi que de tous les grands de la Cour
si bien que Philippe III ne plaçait sa confiance qu’en lui.
    Don Inigo de Cardenas était un grand seigneur,
bel homme, intelligent et rusé. Il plaisait aux femmes, ce qui en ce milieu ne
nuisait point à l’avancement de ses affaires.
    Il pouvait se montrer cassant, et l’instant d’après
des plus serviles. On l’avait vu, au Louvre, arrêter un valet qui portait l’épée
d’Henri quatrième. Saisissant celle-ci, il l’avait en grande dévotion portée à
ses lèvres en disant assez fort pour être entendu :
    — Heureux que je suis d’avoir tenu l’épée
du plus brave roi du monde !
    On chute rarement aussi bas en la flagornerie !
    D’un ton mesuré, l’Espagnol fit remarquer que
les choses n’avançaient guère, ajoutant qu’il y avait urgence à tuer le
Béarnais faussement converti car, pour reprendre son expression, « la
hyène puante » s’apprêtait à faire la guerre à l’Espagne, voulant qu’aux
yeux du monde la France fût la plus grande puissance en Europe, chose au
demeurant exacte, mais qui le serait davantage encore si l’Espagne était
écrasée militairement.
    Il existait majorité de Français en le cercle
des comploteurs mais au

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