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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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ensuite des photocopies de courriers, des années 1980, détaillant ses recherches afin de connaître l’identité de ses parents. Le 9 septembre 1983, Dominique écrit au maire de Stuttgart. Elle pense – à tort – être née dans cette ville, avant d’avoir été rapatriée en France « dans un convoi d’enfants, le 5 août 1946, par les services de la Croix-Rouge française ». Elle fait également part de ses doutes sur son propre état civil, établi par le tribunal de Bar-le-Duc, en 1947… La municipalité de Stuttgart, ne disposant d’aucune information, transmet sa demande à la Croix-Rouge de Bad Arolsen. Qui, à son tour, adresse un courrier à Dominique, le 31 janvier 1984 : « Nous tenons à vous souligner que nous avons la plus grande compréhension pour votre souci de découvrir enfin vos origines et celles de vos parents. Nous sommes dès lors heureux de pouvoir vous communiquer les renseignements suivants : B. Songard, née le 13 mars 1944 au “home Lebensborn” de Wégimont (Belgique), se trouvait à un moment indéterminé au “home Lebensborn” Westwald, en France, d’où elle a été évacuée, lors du retrait des troupes allemandes, avec d’autres nourrissons de homes identiques de Belgique et du Luxembourg, en Allemagne. » Après un rapide descriptif de ce qu’est le Lebensborn , la lettre annonce : « Ci-joints, nous vous transmettons deux reproductions d’une photo qui a été prise en octobre 1945 au camp des enfants déplacés d’Indersdorf et qui vous représente, Songard B.  »
    Quand elle a déchiffré ces dernières lignes, la terre a dû s’arrêter de tourner. L’image en noir et blanc de Songard/Dominique n’est pas conservée dans le dossier, mais je l’ai retrouvée plus tard dans les archives en ligne du musée du Mémorial de l’holocauste de Washington. Les documents relatifs à la mission de l’UNRRA en Allemagne y sont conservés. Sur la photographie, la petite fille – elle a un et demi environ – est vêtue d’un pull, d’un pantalon à carreaux et de souliers à lacets. On l’a assise sur un tabouret de bois. Elle regarde quelque chose ou quelqu’un, en dehors du cadre. Une main d’adulte maintient devant elle une ardoise, avec son nom et son prénom. Ce portrait, publié dans les journaux et dans les bulletins de la Croix-Rouge, diffusés en Allemagne, puis dans toute l’Europe, devait permettre à un parent de la reconnaître. Pour Dominique, cela ne servit à rien. Elle a compris pourquoi, deux mois après avoir reçu ce premier courrier. Entre-temps, la Croix-Rouge belge avait pris le relais pour poursuivre les investigations. On avait fini par trouver la trace d’une certaine Mélanie B., née en 1925 et domiciliée dans un village du Brabant flamand. En juillet 1984, la Croix-Rouge belge a fait parvenir un message au Service international de recherches de Bad Arolsen. Le voici, presque in extenso : « Nous portons à votre connaissance que nous avons eu un entretien téléphonique avec madame Mélanie B. qui, sur un ton ému, a reconnu être la mère de mademoiselle B. En raison de sa situation familiale actuelle, elle ne nous a cependant pas autorisés à vous communiquer son adresse. Elle nous a confirmé que mademoiselle B. est née le 13 mars 1944 au château de Wégimont dans un home du Lebensborn . Le père est un soldat allemand inconnu. À la naissance, elle portait le prénom Songard. Nous regrettons que cette recherche, si laborieuse, se termine par un refus de la part de la mère, mais vous comprendrez que, dans l’intérêt de chacun, nous respectons la volonté du recherché. »
    C’était tout. La petite Songard n’existait plus. Son image s’était progressivement estompée, en même temps que les douleurs de la guerre. Mélanie B. avait 19 ans en 1944. Après la Libération, plus personne n’était revenu sur ce qui s’était passé à Wégimont. Le soldat allemand n’avait jamais reparu. Les morts étaient ensevelis ; les fantômes aussi. Une autre vie avait pris le dessus. Quand la Croix-Rouge avait téléphoné, quarante ans plus tard, il n’était plus possible de regarder en arrière.
    J’ai voulu savoir ce qu’était devenue Dominique. Elle n’habitait plus à la dernière adresse indiquée dans le dossier, une petite commune de Dordogne. J’ai appelé la mairie. Au téléphone, l’employé se rappelait de ce nom. Elle avait longtemps travaillé dans un centre de réadaptation

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