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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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contre, leurs noms et dates de naissance, identiques, ne laissaient aucun doute. Il s’agissait bien des mêmes personnes.
    La liste, incomplète, des derniers pensionnaires de Steinhöring révélait aussi l’existence de sept autres enfants nés entre 1943 et juillet 1944, à Wégimont et en France. Peut-être à Lamorlaye, bien que ce lieu ne fût pas mentionné.
    Lors de ma deuxième visite à Bad Arolsen, je disposais donc d’une quinzaine de noms. J’allais pouvoir compulser ces dossiers individuels, mais aussi accéder à une foule d’autres informations. Parmi la masse colossale des « archives de l’horreur » conservées par la Croix-Rouge, 200 références environ se rapportent à l’institution du Lebensborn . Dans ces grands classeurs cartonnés, on découvre la correspondance entre Himmler et les gestionnaires de l’organisation, des rapports médicaux, des bilans financiers et autres commandes de fournitures… Plus loin, le registre du personnel, les états de service des infirmières ou encore les menus hebdomadaires établis pour les différents foyers. Ou bien encore l’exemplaire original des statuts du Lebensborn, eingetragene Verein , quand ils furent modifiés et enregistrés à Munich en novembre 1937. À l’encre, quelqu’un a raturé deux articles. Il est précisé que les décisions relèvent dorénavant uniquement du Reichsführer-SS . Les modifications sont manuscrites en Sütterlin , l’écriture de style gothique enseignée à l’époque dans les écoles, quasiment indéchiffrable pour un Allemand aujourd’hui. Sur la dernière page du document, la même main a apposé sa signature énorme, aux lettres bâtonnées, hachurées : « H. Himmler ».
    À Bad Arolsen, les écrits concernant Wégimont et Lamorlaye sont, eux, très parcellaires : une vingtaine de pages subsiste pour chaque maternité. Le reste a été détruit. Dans la salle de lecture, ouverte sur de larges baies vitrées, on m’apporte les premiers dossiers personnels. Ce sont des chemises cartonnées de couleur bleue. D’emblée, leur épaisseur fournit une indication essentielle. Par exemple, celui de Hans Georg, qui deviendra Georges, ne contient que huit feuillets – dont une page de garde – en allemand et en anglais. Une fiche signalétique rappelle sa date de naissance, le 18 juin 1944, le lieu, Wégimont, sa nationalité supposée, française, et son itinéraire à travers l’Allemagne jusqu’au Lebensborn de Steinhöring. Figure aussi cette indication : « Parents inconnus ». Puis un certificat de baptême, le 14 décembre 1945, à Steinhöring, par le « père Ludwig Koeppel ». Deux formulaires signalent son arrivée, quelques jours plus tard, au couvent d’Indersdorf, où une équipe des Nations Unies a rassemblé les enfants. Une autre note précise que, malgré leurs recherches, les autorités françaises n’ont trouvé aucune trace des parents. Enfin, deux fiches indiquent que Hans Georg a été transféré vers la zone française d’occupation en Allemagne, puis rapatrié en France, en juillet 1946. Avec cette dernière mention : « Dossier clos ».
    À la lecture de ces huit feuillets, 65 ans plus tard, on comprend que le petit Georges a été envoyé en France par erreur… Mais ce dossier, si ténu, raconte deux autres choses. La première : personne n’a réclamé l’enfant après-guerre. En tout cas, pas par le biais de la Croix-Rouge, intermédiaire quasi incontournable. La deuxième : Georges n’a jamais consulté son propre dossier, ni demandé de l’aide aux services de Bad Arolsen pour rechercher ses parents. Peut-être n’a-t-il jamais entendu parler de cette possibilité. Peut-être n’a-t-il pas eu l’envie ou la force d’entamer les démarches. Sait-il seulement où il est né ? J’y reviendrai. Aujourd’hui, sur les papiers d’identité de Georges, est indiqué : « Bar-le-Duc ». Ils sont dix-sept dans le même cas.
    Dominique B. faisait, elle aussi, partie des enfants rapatriés dans la Meuse en 1946. Son dossier est un petit peu plus étoffé que celui de Georges. Quelques fiches, établies à partir des rares informations retrouvées à Steinhöring, indiquent que Dominique se prénommait en réalité Songard quand elle est née et qu’elle est d’origine flamande. Son lieu de naissance, le 13 mars 1944, est inconnu, mais elle aurait été, toujours en 1944, « évacuée du Lebensborn Westwald 1 , en France ». On trouve

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