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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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à Lamorlaye, Ebner semble découvrir les lieux. Quant à la présence de Heinrich Himmler ce jour-là, elle est totalement improbable. À cette date, le Reichsführer-SS a bien d’autres préoccupations. L’inauguration de Westwald , qui sera la toute dernière maternité du Lebensborn à ouvrir ses portes, se déroule donc en petit comité. Il ne reste plus de trace de ce dimanche d’hiver, dans le silence glacé de la forêt de Chantilly. Deux jours plus tard, entre Washington et Londres, les Alliés finalisent les plans de l’opération Overlord , le futur débarquement en Normandie.
    La maternité de Lamorlaye va fonctionner pendant 185 jours. En fait, deux premiers occupants sont arrivés sur les lieux, au mois de décembre 1943. C’est un couple, le sergent SS Grünwald et sa femme, qui est chargé de veiller sur la demeure principale. Tout le personnel qui y travaillait auparavant pour la famille Menier a été remplacé. Par qui ? Mystère : aujourd’hui, à Lamorlaye, personne ne se souvient qu’un habitant des environs y ait trouvé une place pendant la guerre. Dans le courant du mois de janvier 1944, l’adjudant SS Engelien, dont nous avons déjà parlé, est donc dépêché par Ebner pour s’occuper de l’administration du domaine.
    Enfin, quatre « infirmières brunes » sont également affectées à la maternité. Sous le commandement de l’infirmière en chef Josefa Knoll, débarquent trois nurses déjà employées par le Lebensborn . Irène Dieckmann vient du foyer Pommern (Poméranie), ouvert dès 1938 dans la petite ville thermale de Bad Polzin (aujourd’hui en Pologne). Marianne Köckritz arrive de l’établissement Sonnenwiese (Prairie ensoleillée), près de Leipzig. Louise Uhlig, elle, a travaillé à Wégimont, jusqu’au début de 1944. Il y a aussi la sage-femme, Christel Höhe. Au vu de cet effectif réduit, on peut estimer que la maternité est capable d’accueillir de 20 à 25 mères. Selon un rapport établi en mai 1948 par les services français d’occupation en Allemagne, que j’ai consulté, « le nombre total des femmes ayant séjourné à Lamorlaye n’a pas dépassé 21 […]. Nous possédons une liste de 23 enfants nés à Chantilly, trois, en tout cas, sont décédés ». Je n’ai pas retrouvé la liste. Mais, comme la plupart des archives allemandes ont été détruites, ce rapport, réalisé par une assistante sociale française, Denise Grünewald 3 , fournit l’estimation la plus fiable sur le nombre de pensionnaires de Westwald .
    Qui sont ces mères enceintes d’un soldat allemand, théoriquement membre de la SS ou de la Gestapo ? Himmler souhaitait que la maternité n’accueille que des Françaises. Le document rédigé par Denise Grünewald stipule, lui, que « d’après les enquêtes effectuées à la Libération, il ressort que quelques Belges, Hollandaises et Allemandes y furent également admises ». Ce fut effectivement le cas. La mère de la petite Helga M., que nous avons déjà évoquée, est flamande, originaire de Gand. Celle d’Ingrid de Fouw est probablement néerlandaise. Celles de Pierre T. et de Peter B. portent un nom typiquement français. Élisabeth Grinski, la mère d’Erwin, est d’origine polonaise, mais considérée comme une Volksdeutsche , de « race germanique ». En revanche, la présence de femmes norvégiennes, signalée dans le livre de Marc Hillel, est peu vraisemblable. En premier lieu, à cause de la distance entre le Sud de la Norvège et la Picardie : près de 1 700 kilomètres. Mais surtout parce que, depuis 1942, des centaines de Norvégiennes sont envoyées en Allemagne pour accoucher et, idéalement, être totalement germanisées…
    Le rapport établi en 1948 livre d’autres renseignements intéressants sur Lamorlaye : « Les jeunes femmes étaient admises, sur la demande du père, 6 semaines avant l’accouchement, et devaient y rester 6 semaines après pour allaiter leur enfant. Après quoi, ou bien elles devaient signer un acte d’abandon en faveur des autorités allemandes, ou bien elles consentaient à partir pour l’Allemagne. Les naissances n’étaient pas déclarées à l’état civil de Chantilly, mais transmises au Standensamt (bureau d’état civil) L du Lebensborn à Munich. […] Les prénoms n’étaient pas choisis librement par les mères. » Cette dernière remarque renvoie évidemment à la « bénédiction du nom », le fameux rite SS. Il se pratique certainement

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