Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
mauvaise qualité. Les fauteuils club sont déchirés par endroits ou perdent leur étoffe. Sur les chaises de la salle à manger, j’ai relevé dix éraflures et les assises sont déjà endommagées. Les tables de nuit et les armoires sont faites dans un bois médiocre, elles se coincent et ne servent qu’à titre de décoration. » La visite se poursuit : « Les toilettes et les salles de bains sont en nombre suffisant dans le foyer, mais le chauffage à air pulsé est d’une puissance insuffisante, ce qui rend souvent nécessaire l’usage de radiateurs électriques. » La pouponnière proprement dite ? « Les tables à langer ne sont pas fabriquées avec le savoir-faire nécessaire. À la place d’un tiroir supérieur, il faudrait installer deux armoires avec des portes pour y placer le matériel nécessaire aux soins des nourrissons. De même, il manque une rallonge sur le côté ainsi qu’une petite barrière pour empêcher les enfants de tomber. Les berceaux sont fabriqués dans un matériau très sommaire, ce qui les rend dangereux : ils peuvent tomber à cause d’une simple secousse et entraîner les nourrissons dans leur chute. » Et encore : « Il manque plusieurs objets absolument nécessaires, comme, par exemple, un seau pour jeter les couches, des tables de nuit et d’autres choses de ce genre, qui devront être achetées par le responsable de la SS en charge des questions sanitaires. Les instruments médicaux, les médicaments et les vitamines pour les bébés ne sont pas toujours disponibles sur place, c’est pourquoi, à mon retour [en Allemagne], je ferais expédier par messagerie du matériel stocké au foyer Hochland 4 . Je vais procéder personnellement à la commande auprès du service sanitaire. » En fait, constate le général Ebner, « l’approvisionnement du foyer en médicaments est assuré, en cas d’urgence, par un médecin-major de la Wehrmacht, le docteur Linke, affecté à Chantilly, à quatre kilomètres, mais qui se tient à disposition ». Car le véritable responsable de la maternité, le Dr Günther Fritze, capitaine SS, ne « vient sur place que deux fois par semaine »…
Au château de Wégimont, dans la nursery belge, le fait de ne pas disposer d’un médecin à demeure aura causé de sérieux problèmes sanitaires. Ici, au manoir de Lamorlaye, c’est l’absence d’un directeur attelé à sa tâche qui encourage les rivalités internes. « Il y a des différends considérables entre les employés, ce qui rend la vie en commun éprouvante dans ce petit foyer, indique Ebner. Dans un camp, se trouvent l’infirmière en chef Josefa Knoll, la sage-femme Christel Höhe et l’adjudant SS Engelien. Dans l’autre, le sergent SS Grünwald et sa femme, qui sont les intendants du manoir. Cette querelle provient du fait que les Grünwald y sont arrivés fin 1943 et qu’ils s’en considèrent depuis comme les responsables. L’infirmière en chef a pris ses fonctions au printemps. Elle a fait tous les efforts pour s’imposer, mais elle s’est heurtée à l’opposition des Grünwald. Il faudra qu’à l’avenir, lors de l’installation d’un nouveau foyer, l’infirmière en chef prenne ses fonctions avant que le personnel ne soit nommé, de façon à ce qu’elle puisse prendre ses marques. Nous avions rencontré le même problème avec le foyer du Lebensborn Taunus , avec le couple Müller et l’arrivée ultérieure de l’infirmière en chef Anna Dickel. […] L’infirmière en chef Josefa nous avait proposé sa démission, mais, après ma visite, elle est revenue sur sa décision et préfère rester au Heim . Cependant, d’après l’entretien que j’ai eu avec lui, le Dr Fritze souhaite la démission de l’infirmière en chef. Je pense que madame Grünwald n’a pas assez d’expérience ni assez d’entrain pour les travaux domestiques pour pouvoir la remplacer. D’après les propos que m’a tenus l’administrateur Engelien, le sergent SS Grünwald est très attaché à son poste au foyer Westwald parce qu’il lui permet d’échapper aux combats. Engelien et l’infirmière en chef ont des raisons de penser que Grünwald retarde délibérément l’approvisionnement du foyer pour se rendre indispensable. » On le voit, Lamorlaye vit une véritable guerre de tranchées. Pourtant, Gregor Ebner conclut son rapport sur une note positive : « Les six mères séjournant à Westwald font bonne impression sur le plan racial et semblent
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