Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
pignon sur rue jusqu’en 1979 – ont, paraît-il, été détruites. Autre coïncidence…
C’est finalement au printemps 1943 que Himmler prend la décision d’ouvrir une maternité SS dans les environs de Paris. En mars, Karl Oberg, le chef de la SS en France, lui fait savoir qu’il a trouvé le lieu approprié. Le choix s’est donc arrêté sur le manoir de Bois-Larris, à Lamorlaye. Niché dans la forêt de Chantilly, à une quarantaine de kilomètres au nord de Paris, entouré d’un joli parc, l’endroit correspond parfaitement aux critères sanitaires établis par la centrale de Munich. En fait, la belle demeure de la famille Menier, réquisitionnée dès 1940, est occupée depuis 1942 par la SS.
J’ai retrouvé un détail inconnu dans les archives diplomatiques françaises : le Lebensborn ouvre tout d’abord un bureau à Paris, au numéro 87 de l’avenue Raymond-Poincaré, à deux pas de la place de l’Étoile. Le capitaine SS Günther Fritze, nommé « responsable du Lebensborn pour la France », y prend ses quartiers. Âgé de 30 ans, titulaire du numéro 235604 dans la SS, Fritze est médecin-major de la Schutzpolizei (police de sécurité) à Paris. À ses côtés, une certaine mademoiselle Reindt s’occupe des questions administratives. En attendant l’ouverture officielle de la maternité – dont le nom de code est pour l’heure Westland (terre de l’Ouest) – Günther Fritze entreprend une formation accélérée. En octobre 1943, il se rend à Munich, au siège du Lebensborn , et à Steinhöring, la maison-mère, ouverte en 1936, sans toutefois rencontrer le médecin-chef Ebner. En novembre, il accompagne aux Pays-Bas le colonel Max Sollmann, le directeur de l’organisation L, qui effectue une tournée d’inspection des foyers établis à l’étranger. À Nimègue, tout près de la frontière allemande, les deux hommes visitent les locaux de la future nursery Gelderland , prévue pour recevoir 60 mères et une centaine d’enfants. Contrairement à celui de Lamorlaye, ce Heim hollandais, installé dans les locaux d’un ancien sanatorium juif, n’ouvrira jamais ses portes.
À son retour à Paris, Fritze trouve un courrier d’Ebner, arrivé début novembre :
« Cher Docteur Fritze,
J’ai vivement regretté de ne pas avoir fait votre connaissance à l’occasion de votre visite à Steinhöring. Avec ma longue expérience, j’aurais pu vous faire des suggestions pour l’installation de votre foyer. Je suis aujourd’hui avec l’adjudant Engelien qui, comme vous le savez, doit aménager le foyer Westland de la même façon que celui de Steinhöring et doit également donner des instructions afin que le service sanitaire puisse agir en conséquence.
J’espère venir à Paris autour de l’hiver [1943-1944] et je me réjouis de vous connaître personnellement […].
Avec mes salutations amicales,
Heil Hitler !
Signé : Docteur en médecine Ebner
Général SS »
Le 20 novembre, le capitaine SS et médecin de la police Fritze répond à son supérieur. Il le remercie « humblement » et l’invite à une réunion à Paris, début décembre, à laquelle doivent également se joindre deux autres médecins SS, le responsable-adjoint des services sanitaires de la police ainsi qu’une dizaine de policiers. Il s’agit entre autres d’organiser la surveillance du foyer de Lamorlaye, qui sera finalement dénommé Westwald et non plus Westland . La réunion est reportée au moins à deux reprises car, le 19 janvier 1944, Ebner adresse un télégramme à Fritze pour lui signaler qu’il ne peut venir « pour des raisons de service ». Le Général poursuit cependant : « Je prévois de venir à l’inauguration du foyer, le 30 janvier 1944 ou peu après. » Mais un nouveau contretemps survient, comme l’indique cette note manuscrite retrouvée dans les archives de l’organisation : « Notez ! Selon le rapport transmis par son représentant en France, le foyer Lebensborn Westwald sera inauguré le 6 février 1944. »
Ce 6 février est un dimanche. Max Sollmann et Gregor Ebner sont-ils là, à la tête d’une petite délégation munichoise venue passer un week-end à Paris ? C’est envisageable, mais peu plausible. La présence de Ebner n’est mentionnée dans aucun document, alors que son déplacement officiel au Danemark, le 17 février suivant, est recensé. D’ailleurs, lors de la visite qu’il effectuera quelques semaines plus tard
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