Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
Vom Netzwerk:
empêcher de faire votre travail », avait-il dit au téléphone. C’est alors qu’il avait énoncé la condition sine qua non de notre entrevue : l’anonymat le plus total. Roger m’avait fait promettre à plusieurs reprises de ne jamais révéler l’identité des membres de la famille, de brouiller les pistes de telle manière qu’Annick ne risque en aucun cas de voir ce passé surgir dans sa vie. « Elle n’a jamais entendu parler de tout cela, d’où ma frayeur quand vous avez écrit. Je pense que ce serait catastrophique pour elle de l’apprendre, surtout par un intermédiaire. Elle ne comprendrait jamais que sa sœur lui ait caché ce fait », avait-il ajouté. Quelques jours plus tard, je recevais par la poste un petit plan dessiné par Roger, afin que je repère plus facilement l’itinéraire jusqu’à son domicile, le jour de ma visite.
    Tout avait commencé un an et demi plus tôt, au début de 2009, dans les archives de Bad Aroslen, en Allemagne. C’est là que j’avais trouvé trace de l’histoire d’Annick et de Martine. Pendant plus de quarante ans, les deux sœurs ont ignoré l’existence l’une de l’autre. Aucune des deux ne savait qui étaient ses parents, ni combien elle avait de frères et ou de sœurs. Pourtant, Martine et Annick ont été placées à l’Assistance publique, dans la même ville, à Commercy, l’une en 1942, l’autre en 1946. Elles portaient le même nom de famille : Brantet. La directrice du foyer de l’Assistance publique connaissait leur lien de parenté, mais elle n’a pas jugé bon de favoriser leur regroupement, ni même de les informer de cette coïncidence extraordinaire.
    Si les deux sœurs se sont retrouvées, un jour de 1986, c’est parce que le destin leur a donné un sacré coup de pouce. Au bout de tant d’années, leurs démarches respectives ont fini par se croiser, par aboutir entre les mains du même fonctionnaire de la Croix-Rouge, à Bad Arolsen. C’est ce fonctionnaire qui les a mises toutes les deux en relation.
    Annick a été la première à entamer des recherches. Elle est née au château de Wégimont en mai 1943. Après son placement à Commercy en 1946, Annick est, comme les 16 autres enfants rapatriés d’Allemagne en même temps qu’elle, déclarée « née dans la Meuse » par un tribunal. Un subterfuge administratif pour fournir à ces enfants une existence légale en France. La petite fille est ensuite adoptée par les Pailleron, une famille de commerçants très croyants de la région. Elle poursuit toute sa scolarité dans un établissement catholique. En 1964, juste après avoir fêté son vingt et unième anniversaire, celui de sa majorité, Annick écrit à l’Assistance publique pour connaître l’identité de ses parents biologiques. Ce courrier reste sans réponse, mais il est archivé, ce qui se révélera déterminant par la suite. Entre-temps, la jeune femme a quitté la France, pour embrasser sa vocation : Annick est entrée dans les ordres. L’enfant du Lebensborn a choisi de vouer sa vie à Dieu. Elle vit désormais dans un couvent…
    Sa sœur aînée, Martine, est née en 1938 à Commercy. L’année précédente, ses parents, Émile et Amélie Brantet, ont eu un premier garçon, Georges, qui est décédé dans les mois suivants. On sait peu de chose sur le couple : Émile est français, il est né dans une commune belge frontalière, en Wallonie. Amélie, elle, est originaire du Val de Loire. En septembre 1939, comme tous les Français en âge de combattre, Émile, 26 ans, est mobilisé. Après la défaite, puis l’Occupation, il est renvoyé dans ses foyers en septembre 1940. La même année, un autre petit garçon, Édouard, vient au monde chez les Brantet. En 1941, la famille vole en éclats : pour une raison inconnue, le couple se voit retirer la garde de ses deux enfants et est déchu de ses droits parentaux. Par ailleurs, et cela n’a peut-être aucun rapport avec ce qui précède, les époux Brantet, fervents partisans de la collaboration, basculent dans le camp de l’Allemagne. Émile Brantet travaille-t-il pour la SS ? Est-il un agent français de la Gestapo ? Mystère. En tout cas, seul un engagement radical auprès des maîtres de « l’Empire de la race » peut expliquer que son épouse Amélie ait obtenu le droit d’accoucher, puis d’abandonner à l’organisation L son troisième enfant : Anika, née au printemps 1943 à la maternité Ardennen , au château de

Weitere Kostenlose Bücher