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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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aryenne des pseudo-orphelins à adopter, n’est en tout cas pas anodine, et reste énigmatique sur l’origine et l’identité de ces 12 enfants. D’après un témoignage rapporté dans un livre 2 d’histoire locale, publié en Allemagne en 1994, ils ont été acheminés jusqu’à Schalkhausen dans d’étranges circonstances. Un jeune garçon a raconté après la guerre que, pendant toute la durée du conflit, son père transportait des marchandises avec des carrioles tractées par des chevaux. Ils livraient souvent des denrées alimentaires et du matériel aux foyers du Lebensborn . À trois ou quatre reprises, durant l’hiver 1945, le garçon a été convoqué à 1 h 30 du matin à la gare d’Ansbach, à environ deux kilomètres. Là, un train s’arrêtait, en pleine nuit. Des « infirmières brunes » en descendaient et déposaient sur le plateau de la carriole une dizaine de couffins en osier. Tout se passait très vite et il n’y avait aucun témoin de la scène. À chaque fois, les instructions étaient de déposer la « cargaison » devant l’entrée du foyer Franken I , en lisière de la forêt. L’anecdote est parfaitement vraisemblable. Ce qui est certain, c’est que les bébés – Gisela, Walter, Anika, Hans Georg et tous les autres – ne vont rester là que quatre semaines, avant d’effectuer un dernier voyage aux mains des SS.
    1 - Jusqu’en 1941, Marta Unger était responsable de la NS-Frauenschaft , la branche féminine du parti nazi.
     
    2 - Ansbach unter dem Hakenkreuze ( Ansbach sous la croix gammée ), de Diana Fitz. Ce livre n’est disponible qu’en allemand.
     

 
    VIII
    Sœur Annick et ses sœurs :
 un incroyable destin
    Annick a 68 ans. Elle vit aujourd’hui loin de l’Europe. Entre septembre 1944 et mai 1945, elle faisait partie de la petite troupe de bambins ballottés comme des paquets, du château de Wégimont jusqu’en Bavière. Elle se prénommait alors Anika, avec un « a » final. Comme Walter Beausert et Gisèle Niango, elle figure également sur la liste des 17 enfants qui furent rapatriés durant l’été 1946 dans la Meuse, pour être confiés à l’Assistance publique. Anika fut rebaptisée Annick cette année-là. Aujourd’hui encore, elle ignore tout de son équipée ahurissante. Elle ne sait pas qu’elle est née dans un Lebensborn . Qu’Annick n’est pas son véritable prénom. Je ne lui ai jamais parlé. C’est son beau-frère qui m’a raconté son histoire, un jour de juillet 2010. À une condition, formelle : qu’aucun détail ne permette d’identifier Annick. Qu’elle ne puisse jamais apprendre, à la suite de notre rencontre, qu’elle fut un jour une enfant destinée à grossir les rangs de la race supérieure. Voilà pourquoi presque tous les noms de personnes et de lieux qui suivent ont été modifiés. Seules les dates des événements sont exactes, à quelques exceptions près.
    Si l’incroyable destin d’Annick peut être aujourd’hui reconstitué, c’est avant tout grâce à l’énergie déployée par sa sœur aînée, Martine, qui a elle-même cherché pendant des années ses origines familiales. C’est aussi grâce au mari de Martine, Roger, l’homme qui a accepté de me raconter cette quête, dans l’anonymat de sa petite maison du Sud de la France, par une chaude journée de juillet. Après plusieurs conversations téléphoniques et un échange de lettres, Roger a bien voulu me recevoir. Au départ, il était très réticent. De mon côté, plutôt que de téléphoner à leur domicile, j’avais préféré adresser une longue lettre à Martine, afin d’expliquer ma démarche, les rencontres avec d’autres personnes nées dans une maternité SS, et mon souhait de recueillir d’autres témoignages. J’avais aussi joint l’article sur les enfants français de l’organisation L. En fait, sans m’en douter, j’avais commis un impair : Martine était décédée quelques mois auparavant et c’est Roger qui avait ouvert le courrier. Cette lettre avait ravivé chez lui de profondes blessures. La perte de son épouse, le choc qu’ils avaient tous deux éprouvé en découvrant dans quelles circonstances était née Annick… Mais mon intrusion dans leur secret de famille avait également suscité chez Roger une autre réaction, tout aussi compréhensible : celle de confier enfin à quelqu’un cette histoire si lourde, dont il était désormais le seul dépositaire. « Après tout, je ne peux pas vous

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