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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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Wégimont. Par la suite, les Brantet s’installent en Allemagne. Ils vont y fêter l’arrivée d’un cinquième enfant, Henri-Jacques, né en février 1945, à Mayence. Quelques mois plus tard, à la fin de la guerre, Émile et Amélie rentrent en France. Dans le cortège des vaincus, des traîtres. Des collabos. Émile fait quelques mois de prison, avant d’être jugé et condamné à une peine d’indignité nationale. Amélie aurait également été détenue brièvement, avant d’être relâchée. Pendant ce temps, le petit dernier, Henri-Jacques, a été confié à l’Assistance publique. De nouveau libre, le couple « maudit » enregistre une nouvelle naissance, celle de Roland, en 1947. À cette date, les enfants Brantet ont tous connu un sort différent, toujours dramatique. Le premier né, Georges, est décédé à l’âge de huit mois. Les deux suivants, Martine et Édouard, qui ont respectivement 9 et 7 ans, sont à l’Assistance publique de Commercy depuis six années, après avoir été retirés à leurs parents. Le quatrième, la petite Annick, qui vient d’arriver dans le même foyer, est née dans une maternité SS, en Belgique, avant d’être abandonnée. Jusqu’en 1947, elle n’a pas d’existence officielle. Ces trois derniers enfants, jamais réunis, grandiront sans connaître leurs parents. Les cinquième et sixième de la fratrie, Henri-Jacques et Roland, resteront avec leur mère. Cette dernière, Amélie, finit par divorcer d’Émile. Elle refait sa vie avec un autre homme, dans l’Espagne franquiste. De cette nouvelle union, naîtront encore deux autres enfants dans les années 1950. Amélie a fini ses jours en Espagne. Émile est mort dans la misère en Normandie… Voilà le puzzle invraisemblable que Martine et Annick ont pu reconstituer. En rassemblant, chacune de leur côté, des pièces éparses qui ont fini par se raccrocher les unes aux autres, jusqu’à dessiner une image presque complète de la famille Brantet. Presque.
    En 1964, Annick, adoptée à l’âge de deux ans, a donc écrit à l’Assistance publique, pour tenter de connaître l’identité de ses parents. Son courrier, nous le savons, reste sans réponse.
    De son côté, Martine n’a jamais été adoptée. Elle est passée d’une famille d’accueil à l’autre. Elle racontera bien plus tard, en 1986, ce qui suit : « Quand j’étais à l’Assistance publique, il y avait une directrice, mademoiselle Cordat, qui me prénommait souvent Annick, et qui a fini par me dire un jour que j’avais une sœur, qui s’appelait Annick, et que c’était pour cela qu’il lui arrivait de confondre nos prénoms… Mais, à cette époque, et même de nombreuses années plus tard, après mon mariage, en 1958, malgré plusieurs tentatives, il me fut impossible d’obtenir d’autres renseignements, les lois régissant l’Assistance publique étant bien peu perméables. Même le nom de mes parents m’était inconnu, c’est par un subterfuge lors de mon mariage que j’ai pu obtenir un extrait de mon acte de naissance qui portait leur nom… Et les années ont passé. »
    En 1986, Roger, le mari de Martine, entreprend cependant de dresser l’arbre généalogique de la famille. C’est ainsi que Martine découvre l’existence de cinq de ses frères et sœurs. Elle leur rend visite et apprend, à cette occasion, l’existence probable d’une autre sœur, qui serait religieuse. Aux archives de la Direction des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de la Meuse, Martine parvient à consulter son dossier personnel. Dans la liasse des documents « Brantet », elle trouve une chemise de papier, au nom de « Annick Brantet, née de parents inconnus, dans une crèche allemande ». Il s’agit bien sûr de la petite Anika et la « crèche allemande » en question est en réalité le Lebensborn de Wégimont en Belgique. Martine touche quasiment au but. Elle porte le même nom de famille que Annick, mais sont-elles véritablement sœurs ? Un nouveau courrier à la DDASS, transmis au service international de recherches de la Croix-Rouge, trouve enfin une réponse : il fait écho à la lettre envoyée en 1964 par Annick X, née Brantet, religieuse, qui à l’époque cherchait ses origines familiales.
    Le 1 er  mars 1986, dans un petit village du Midi de la France, Martine, 48 ans, écrit une très longue lettre à la mère supérieure d’un couvent, où Annick, 43 ans, a prononcé ses vœux 23 années

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